Le Vin des morts est peut-être bien un livre tout bonnement inclassable. Dans la veine des oeuvres de
Rabelais, d'
Edgar Allan Poe et
De Lautréamont, dans la langue “oralisante” de Céline, le premier roman de
Romain Gary (bien que publié en 2014) est incroyablement percutant.
Certes, le scatologique y a une place indéniable, tout comme le sexe et le moralement révoltant. Néanmoins, sous ses faux airs de vulgarité gratuite et provocatrice se cache un roman absurde, à l'humour noir terriblement efficace, perturbant et acerbe sur la nature humaine. Plus frappant encore, et de manière extrêmement caustique, c'est la société bourgeoise d'une époque, celle des années 1930, qui se voit fortement écornée par le nauséabond et le répugnant qui habitent ces pages.
Evoquant tour à tour le suicide, le sexe, l'alcool, l'enfance et la guerre, ce roman est aussi un condensé des interrogations sur la vie et la mort que
Romain Gary n'aura de cesse de poser et de mettre en mots par la suite. Comme un horizon qu'il a lui-même dressé à ses débuts,
le Vin des morts sera pour lui une ligne directrice sur laquelle il inscrira toutes les angoisses et les obsessions qui feront de lui l'écrivain emblématique qu'il deviendra par la suite.
En définitive, ce livre semble être extrêmement clivant tant il peut choquer, désoler, ou tout simplement indifférer de nombreux lecteurs. En ce qui me concerne, le jusqu'au-boutisme dont a fait preuve ici Gary dans le macabre comme dans l'humour et le provoquant a fait de la lecture de ce roman une expérience mémorable et jubilatoire. Tout ce que l'on attend d'un grand livre.
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