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Citations sur Terrasses ou Notre long baiser si longtemps retardé (54)

Chacun d’entre nous se sentira abîmé, même s’il n’a pas été blessé
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Plaisir d'emprunter des chemins de lenteur qui sont des détours de pudeur et d'amour mêlés. p.23
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Ils nous ont tués comme du bétail. Ils ont pietiné nos vies avec morgue. Qu'avons-nous eu à opposer à leur sauvagerie ? Ces gestes, petits gestes d'humanité.
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Toute ma vie pour être le médecin qui secourt sans avoir le temps de soigner, le médecin qui dessine d'un chiffre sur le front le destin des victimes, le médecin qui sera désormais mangé par l'incertitude, la hantise de s'être trompé, le souvenir d'un corps qu'on a d'abord vu vivant puis mort lorsqu'on est repassé, toute ma vie, pour arriver à cette journée, courte au regard du nombre de jours que j'ai vécu, et qui durera une éternité, je le sais, et jusqu'au bout, en moi, le doute embrassera la fierté.
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Bientôt, nous oublierons parce que tout ce qui précède va être avalé par ce qui vient.
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.Certains d’entre nous pourtant, tournent la tête, s’attardent sur un visage. lls regardent trop, laissent passer la seconde qui change tout, la seconde à laquelle il faudrait pouvoir échapper, celle qui fera qu'on se souviendra d'un visage parce qu’il ressemble à celui de quelqu'un qu'on connaît, ou parce qu'on le trouve beau, touchant, si jeune. ..Ne pas écouter, ne pas ralentir. Mals qui peut ?Rien ne nous a préparés à cette dureté. ll faut continuerà avancer. Nous sommes là pour arteindre l’étage et rien d’autre. Donner l’assaut et tuer. Pour qu'enfin le reste puisse vivre. Rien d'autre. C'est ce que nous savons faire Nous avons été entraînés pour cela. Agir vite. Mesurer les risques.Frapper.Rien d’autre. Alors, nous y allons, restons sourds à tout ce qui nous entoure et avançons, pas à pas.
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J'ouvre les yeux. Je me dis que cette journée est belle puisque nous allons nous voir ce soir. Je souris à l'idée de ce rendez-vous et sens, dès le matin, cette boule dans le ventre qui dit que je t'aime peut-être plus que je ne le pensais.
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Un jour normal – ce qui veut dire que rien n’empêchait le cours de nos vies. Certains ont été chanceux, d’autres pas, mais ce n’est pas cela qui va marquer cette journée. Bientôt, nous oublierons parce que tout ce qui précède va être avalé par ce qui vient. C’est comme un trou noir en fin de journée qui va dévorer tout ce que nous aurons vécu pour arriver jusqu’à lui. Seul compte l’abîme. Et il est tout près.
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Je me lève moi aussi. Une parmi tant d'autres, Peu importe mon nom, Lisa, Prune ou Leila. Nous sommes tant. Toutes différentes et si proches. Nous nous levons aux quatre coins de la ville. Jour normal que rien ne désigne si ce n'est ce nom, vendredi, qui le rend aimable. Nous sourions. C'est le dernier jour avant le week-end. Nous avons hâte. Nous nous levons, sans imaginer quʻils se lèvent eux aussi, dans d'autres lieux de la ville, prennent un café eux aussi, en mangeant peut-être, comme nous, des tartines. Nous n'y pensons pas. Comment pourrions-nous imaginer ? Nous ne savons rien d'eux, ni eux de nous. A cette heure, nous sommes inconnus les uns des autres. Personne n'a de nom. Seul le malheur en donnera un à certains d'entre nous, bien plus tard, lorsqu'il faudra établir des listes. Pour l'heure, nous vaquons à notre vie, simple vie. Nous nous préparons, sortons, allons travailler, passons des coups de fil que nous jugeons importants, marchons d'un bon pas car c'est le début de la journée et nous avons mille choses à faire. Le temps est magnifique. C'est étrange en cette période de l'année. C'est pour cela qu'il y aura tant de monde aux terrasses des cafés ce soir, parce que les Parisiens sentent bien que c'est peut-être la dernière soirée douce avant l'hiver et je n'arrive pas à déméler, en mon esprit, si c'est un détail plus cruel encore, comme un piège que le beau temps fait à la jeunesse ou, au contraire, un dernier cadeau de la vie. Nous allons, venons, pris dans la course des jours. Pour l'heure, c'est la vie, juste la vie qui nous entoure. Y a-t-il un bruit que le malheur aurait fait en se levant et que nous aurions dû reconnaître? Avons-nous raté un signe qui nous aurait alertés et peut-être sauvés ? Bientôt la violence va surgir en sidérant nos prévisions de bonheurs mais, pour l'heure, C'est encore inimaginable. Aucun d'entre nous ne fait rien de bien particulier, ne prend de risque inconsidéré. Nous sommes juste ce que nous sommes.
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Nous reprenons le chemin de nos vie. Qu'avons-nous perdu ? Un peu de nous-même. De notre sérénité. De notre insouciance. Mais quelque chose est né en nous. Nous avons envie de brandir fièrement ce que nous sommes. Pour défier ceux qui voulaient nous abattre. Nous ne sommes pas soumis. Blessés. Sonnés. Mais pas soumis. Ils voulaient nous châtier. Genou à terre. Mais nous ne savons pas être autrement que ce nous sommes. Nous nous relevons.

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