Telle, sourde comme un pot et qui met la télé à fond, telle dévote, telle qui se siffle son petit verre de porto tranquillou, telle qui se veut le plus insupportable possible avec ses enfants, … cheveux bleu-violet ou roses, rideaux crochetés aux fenêtres, matou pourri-gâté nourri au foie de veau, papotages stériles et séniles, … que de clichés dans ce carrousel à l'humour noir grinçant que nous brosse
Pascal Gautier !
Ici, ni bonnes maman, ni mamies gâteaux, ni femmes libres, uniquement des fins de vies qui tournent à vide, une antichambre de la mort ! … ce qui me gêne en fait c'est de ne présenter la vieillesse que comme un inéluctable naufrage...
Il est vrai que ce roman n'est pas daté dans le temps... il me semble que c'est ainsi que nous voyions nombre de petites vieilles dans nos villages, c'était dans les années 50.... sans doute en existe-t-il encore quelques spécimens aujourd'hui, mais de là à en faire le genre... Il faut dire que le florilège présenté est en vase clos, composé de dames ayant vécu plus ou moins dans l'ombre d'un mari, sinon soumises, dans un immeuble donné, donc inévitablement sans mélange aucun et que comme a dit je crois
Cervantès : « Oiseaux de même plumage volent de compagnie ».
Cependant, j'ai bien ri des belles trouvailles d'humour, aimé le rythme surtout au début du roman, mais dans l'ensemble cela manque de ciment, car hélas la deuxième moitié semble s'essouffler jusqu'à une issue un peu en queue de poisson, en tout cas à mon goût sans intérêt, les personnages subitement se perdent, disparaissent les uns après les autres… comme pour faire une fin.
Ce qui m'a réjoui par contre apparaît en filigrane, la société, la jeune, qui elle se hâte dans un autre naufrage et que leur folie n'échappe en aucun point à ces petites vieilles, délabrées, moitié sourdes, moitié aveugles, mais plus que jamais lucides non seulement de leur mort imminente, mais de toutes leurs morts consenties.