Nous étions si épuisées que nous n’avons pas eu la force de nous embrasser.
Ni geste, ni baiser, ni au revoir. Juste deux petits sourires lessivés et bientôt dilués dans la foule…Non, pas dilués, jamais. Dissipés, plutôt.
Sœurs un jour, sœurs toujours…
C’était plus qu’un chagrin, c’était un crève-cœur. Je ne savais pas qu’un être humain pesant 48 kg et mesurant 167 centimètres pouvait, en si peu de temps, produire une telle quantité de larmes et de morve.
Avant il y avait eu Momo le vigile (les enfants s’étaient beaucoup attaché au chien…), Toto le pompier (que nous appelions entre nous « la plus belle lance du département » mais qui avait quand même réussi à foutre le feu au barbecue avec ses briquettes non homologuées…), Lolo le mécano (un peu lent à l’allumage, mais bien serviable, ma foi…) et ensuite nous avions entraperçu Riri le rechercheur d’emploi et Phiphi le revendeur de photocopieurs. Nous manquait plus que Loulou, quoi…
Nos rêves, nos renoncements, notre intime débâcle...Cette vie qui nous paraît si lente, si fastidieuse certains jours...
Tous ces reflets de nos visages jour après jour après, jour après jour qui s'écoulent par la bonde du lavabo.
Ces cheveux blancs, ces rides que l'on avaient pas vues venir, ces sourires qui se décrochent à la moindre seconde d'inattention.
Tout ce travail de marionnettiste qu'il faut faire sur soi pour avoir l'air naturel en se déplaçant sur la scène....
Ces footballeurs que l'on adule, ces chercheurs et ces tailleurs de pierre dont tout le monde se contrefout, toutes ces injustices qui ne nous coupent pas l'appétit mais qui nous ballonnent un peu, quand même au moment de la digestion...
Ces mariages qui se fanent, ces attestations que l'on rédige, ces amis virtuels, ces promesses que l'on ne s'est pas tenues, ce corps qui n'est plus tellement désiré et qui, c'est affreux, c'est trop affreux, ne désire plus tellement non plus...
Nos rêves, nos renoncements, notre intime débâcle... Cette vie qui nous paraît si lente, si fastidieuse certains jours et après laquelle on se retourne à chaque dizaine en chancelant "Mon dieu" bien inutile puisque c'est vide là-haut et que personne n'entend jamais notre effroi.... Tous ces reflets de nos visages jour après jour après jour après jour qui s'écoulent par la bonde du lavabo.
"Ce n'est pas un mort que nous pleurons, c'est toutes nos morts."
Sœurs un jour, sœurs toujours.
L’équation est simple, implacable : Jeunesse sur Grands Rêves moins la Dot égale Petite Vie.
Je vous offre ce petit récit haut en couleur que j'ai écrit spécialement pour vous. Pour vous et pour ma soeur. Un vieux compte à régler, une fantaisie, un moment de complicité joyeuse que je dédie à toutes celles dont on a brisé le coeur un jour et qui en sourient aujourd'hui puisque la lecture, c'est bien connu, console tous les chagrins...
- Ouais... (ton un peu las). Il a ses papiers, sa carte vitale, il aime bien son papa et sa maman aussi, il paye des impôts, il est propriétaire de son appart et il roule en Audi.
Mazette, c'est bien la première fois qu'elle nous prenait le pack Yabonblanc avec toutes les options et les jantes en alu.