- Attention, Adamas. Je ne suis plus ton supérieur, mais je peux encore te casser les dents.
- Pas les dents, mon général. J'y tiens. Quitte à me frapper, visez le nez, je l'ai toujours trouvé trop grand.
— Merde, jura-t-il entre ses dents.
Il n’avait jamais été pieux et les prières aux Dieux Sans Nom lui avaient toujours paru inutiles. Alors qu’un bon « merde » bien placé…
- Y a des gens, y sont pas comme nous. Y z-aiment faire du mal aux autres.
- C'est pas normal.
- Non, c'est pas normal.
Il a tendance à voir la vie en noir et blanc. Et sous un certain éclairage, le gris ressemble salement à du noir.
Quand on avait vu un château, on les avait tous vus. Il avait du mal à comprendre que les hommes les plus riches de l’Empire aiment y habiter. Les salles étaient certes grandes mais mal éclairées et mal chauffées.
Et puis on était obligé d’offrir l’hospitalité lorsqu’un empereur en vadrouille venait frapper à votre porte.
Il avait vingt-trois ans, il était le héros de toute une armée, il était riche, et il allait bientôt épouser la femme la plus formidable du monde.
- Par ici, seigneur.
- Je ne suis pas noble, rétorqua Rekk en poussant la porte.
Il pénétra dans la salle du trône, pas le moins du monde impressionné par la décoration fastueuse. Quand on avait vu un château, on les avait tous vus. Il avait du mal à comprendre que les hommes les plus riches de l'Empire aiment y habiter. Les salles étaient certes grandes mais mal éclairées et mal chauffées.
Et puis on était obligé d'offrir l'hospitalité lorsqu'un empereur en vadrouille venait frapper à votre porte.
Maintenant qu'il avait un champ de vision dégagé, il apercevait lui aussi les cavaliers qui leur fonçaient dessus, lance baissée ou épée brandie. Ils n'étaient plus qu'à quelques mètres, et la poussière qui volait sous leurs sabots captait le soleil en un magnifique jeu de lumière.
Il eut le temps de trouver ça beau, puis de trouver ça dangereux, puis de se demander ce qu'il faisait là, puis les premières montures heurtèrent les rangs des soldats.
La porte s'ouvrit sur la sage-femme, une sorcière hideuse qui passait pour la meilleure dans son domaine et qu'il avait fait venir ici à prix d'or. Elle avait des rituels magiques étranges, comme de se laver les mains régulièrement, mais la noblesse ne jurait plus que par elle.
Carlotta se précipita sur la contrebandière.
- Qu'est-ce que tu fais dehors ? Il pourrait y avoir un archer sur n'importe lequel de ces toits !
-Oui, c'est possible. Et il pourrait y avoir du poison dans ma nourriture ou un traître parmi vous. Seulement il n'y a pas une seule chose que je puisse faire. Ce n'est pas quand la barque est déjà en mer qu'on se préoccupe du temps qu'il va faire.
Carlotta avait le plus profond respect pour Dareen, mais ses métaphores piscicoles finissaient par lui taper sur les nerfs.