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Citations sur Les talons hauts rapprochent les filles du ciel (44)

Moi, je commençai ma nuit. Dans huit heures, il serait temps de rouvrir les yeux et de passer un agréable before, un sympathique pendant, un formidable after.
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Ainsi, je portais ce matin des Ray-Ban de contrefaçon, pas seulement pour mettre en valeur mon visage de beau gosse torturé – mâchoire carrée mangée par la barbe, cheveux débroussaillés juste comme il faut – mais pour protéger mes yeux bleus du soleil d’avril. Je n’avais pas pris le temps de dormir après ma dernière soirée ; les horaires matinaux ne me réussissaient pas. La lumière m’irritait les pupilles, rendues sensibles par l’excès d’alcool et les vapeurs de tabac. Le rendez-vous de ce matin avait son importance et j’avais donc mis un point d’honneur à ne pas finir la bouteille de champagne à ma table. Quelques coupes avaient suffi à me donner un vague mal de crâne. À vingt ans, je n’aurais même pas remarqué la différence. À bientôt trente, je gardais les lunettes de soleil y compris à l’intérieur, merci bien, et tant mieux si l’on me prenait pour un frimeur sans envergure.
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Je supposais que certains narcotrafiquants baignaient dans ce luxe, eux aussi. Pour ma part, je n’étais qu’un modeste maillon de la chaîne. Si j’arrivais à vivre confortablement durant le mois, je ne pouvais rien mettre de côté. Dans un sens, c’était aussi ce qui me protégeait. Trop petit pour avoir de l’importance, trop insignifiant. Personne ne prenait la peine de me flinguer ou de me balancer. L’inconvénient, c’est qu’on tentait parfois de me tromper sur la quantité ou la qualité de la marchandise. Ça faisait partie des désagréments du métier. Il fallait savoir passer pour un con avec grâce. Je jouais très bien ce rôle grâce à de solides prédispositions naturelles.
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Ma clientèle à moi jouait dans une autre cour. Il n’empêche, je ressentais toujours un coup au cœur en passant la porte à tambour, en recevant comme un dû le murmure respectueux des employés qui se pressaient pour s’enquérir de mon moindre désir. On trouvait derrière ce protocole un monde que j’avais souvent touché du doigt sans jamais l’intégrer, celui du pouvoir, du fric absolu, des souhaits à peine exprimés et déjà satisfaits. L’univers des businessmen acronymés, PDG, DGA, CEO, CFO, C3-PO…
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Ensuite, les quartiers sombres mangés par l’asphalte, ça n’était pas non plus ma tasse de thé. J’aurais pu faire un effort, notez, pour éviter de traverser le périphérique, mais il fallait avouer qu’une transaction avait plus de style lorsqu’elle se déroulait au sein d’un grand hôtel parisien. Paiement en liquide, à la journée – les palaces se montraient accommodants pour faciliter nos affaires. Et pourquoi pas ? Comment pensiez-vous qu’ils parvenaient à tenir la pression, les pauvres ? Lorsqu’on vous traitait plus bas que terre parce que le room service n’était pas parfait ou le champagne correctement sablé, lorsqu’une diva décidait sur un coup de tête de réduire le mobilier de sa chambre en puzzle géant de trois mille pièces, un peu de coke vous redonnait le sens des perspectives.
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Si telle était la réalité, les affaires ne seraient pas aussi prospères, et vous ne me compteriez pas au nombre des revendeurs. D’abord, la banlieue, très peu pour moi. Joséphine (Baker, pas l’ange gardien) chantait ses deux amours – pour ma part, c’était la coke et Paris. Les deux me paraissaient aussi indissociables qu’un porte-jarretelles et ses bas.
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La plupart des gens pensent que les contacts entre dealers se nouent dans les sous-sols de barres d’immeubles glauques en banlieue difficile. Ils imaginent les cages d’escalier recouvertes de graffitis, l’atmosphère lourde de début de soirée, les détritus jonchant les caniveaux, les gamins qui font le guet et les trafiquants armés jusqu’aux dents qui se jaugent avec le doigt sur la gâchette.

La plupart des gens se trompent.
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Un sanglot secoua la jeune femme. Le tissu maculé de bave l’empêchait de parler, mais elle n’avait rien à répondre. Elle n’avait jamais eu peur du noir – au moins une terreur à laquelle elle avait échappé. Pourtant ses yeux captaient la lueur de la petite flamme jusqu’à ce que les larmes jaillissent, elle s’abreuvait à sa source, elle projetait toute sa volonté pour soutenir la bougie et l’inciter à brûler encore quelques secondes, juste quelques secondes, s’il te plaît mon Dieu, si tu existes, un miracle mon Dieu…

La flamme disparut.

Dans l’obscurité totale, Fanny eut l’impression que les bruits prenaient des proportions indécentes. Elle entendait sa respiration précipitée. Le sang qui lui battait aux tempes. Les gémissements de terreur qu’elle tentait de maîtriser. Le frottement de la corde contre ses mains engourdies. Le frôlement de pieds nus contre le plancher, qui se rapprochaient, se rapprochaient. La chaudière, quelque part dans l’immeuble, qui se mettait en marche. Un autre souffle, tout proche du sien.

Et puis les sensations, exacerbées elles aussi. Une main qui venait frôler le tissu de son T-shirt. Un doigt qui titillait son sein droit. Un baiser obscène, si doux, contre sa nuque. Elle sentit la chair de poule l’envahir.

Le scalpel commença son travail.
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Puis l’irruption en pleine nuit, la forme indistincte dans la lueur du plafonnier, le chloroforme sur son visage, le réveil sur la chaise, la corde sur ses mains, le scalpel contre sa joue.

Elle aurait dû s’en douter. Il ne pouvait pas lui arriver quelque chose de positif, pas après toutes ces années. Elle n’était que Fanny aux gros seins, Fanny au beau cul, Fanny porno-trash. Comment avait-elle pu croire à une quelconque rédemption ?

— Tic, tac, souffla la voix. La lumière va bientôt s’éteindre. Tu sais ce qu’il se passe, la nuit, quand personne ne voit rien ?
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Le premier baiser, tellement doux, tellement tendre qu’elle s’était sentie fondre dans ses bras. La première nuit, sa surprise à le découvrir si vigoureux pour son âge, sa curiosité sur les effets éventuels du Viagra, puis l’oubli et l’abandon sous ses caresses expertes. Quelques mots au creux de l’oreiller pour compléter son bonheur. Elle avait quitté son manoir à regret, heureuse de sa soirée, plus propre qu’elle ne s’était sentie depuis des années. Elle avait pris un taxi pour rentrer chez elle, s’était glissée sous les draps avec une sensation étrange au creux de la poitrine.

Elle avait envie de le revoir. Pour une fois qu’elle ne tombait pas sur un pervers, peut-être sa vie allait-elle changer ?
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