Car c'est bien cela qu'on désire avec le plus d'ardeur dans la vie : être aimé de manière inconditionnelle par notre père ou notre mère, qu'ils nous chérissent pour ce que nous sommes, ni plus ni moins.
Ce que j’ai appris : qu’un parent ne peut pas façonner la vie de ses enfants à sa manière, même s’il en nourrit un désir profond. Nous devons prendre du recul et les regarder évoluer, devenir la personne qu’ils sont censés être, que ça nous plaise ou non. Nous devons nous tenir à l’écart, les accepter, et les aimer.
Maintenant, elle n’est plus là. Je suis libérée d’elle, libérée de tout ça. Je n’ai plus besoin de rester ici. Désormais, je peux aller n’importe où, sans ancrage. La fin est un début et je ne le supporte pas. Je ne sais plus où est ma place.
« Ma mère avait en horreur plusieurs choses : ne pas pouvoir choisir de mourir exactement comme elle l’entendait ; perdre sa voix ; l’idée d’une maison de retraite parce qu’elle n’y aurait pas eu accès aux pilules qui lui permettraient de décider de sa mort. Elle, cette femme qui s’était battue pour son indépendance et la maîtrise de ses actes toute sa vie d’adulte. Elayn était une femme fière qui ne pouvait plus décider de la qualité de sa vie, mais qui pouvait décider de la qualité de sa mort. Selon elle, l’avenir qui l’attendait était d’une obscurité certaine et consistait en plusieurs décennies passées à moitié morte dans un foyer pour oubliés, les exclus et les laissé pour compte.
« L’imperfection, c’est la tache d’œuf sur le pull du poète, tricoté à la main. Le trou qui ressemble à celui formé par une balle dans le dos d’une veste en tweed, rongée par les mites. Le rond humide laissé par une tasse sur une table en bois ancien. La fêlure sur une lanterne en céramique. La mère pleine de défauts, mais souvent aimante. Toutes ces imperfections qui retracent une vie. Une vie bien vécue, en profondeur. Une vie.