Coup de coeur !
Quand j'ai commencé cette saga, j'avais à la fois de grandes ambitions et de grands appréhensions la concernant. Ne reste que les ambitions à la lecture de ce tome où Gemmell rend vraiment toute son humanité avec ce qu'elle a de plus beau et de plus terrible à cette histoire pourtant mythique !
Le grand auteur qu'il était continue de faire revivre la ville de Troie telle qu'elle était autrefois avec ses hauts faits et ses bassesses, ses histoires de coeur et ses complots politiques, ses terribles portraits d'hommes et ses puissants portraits de femmes. C'est humain et pourtant c'est épique.
J'ai beaucoup aimé dans ce nouveau tome retrouver le pas de côté fait par l'auteur. Nous ne sommes toujours pas dans la guerre de Troie et pourtant elle n'a jamais été aussi proche tant la guerre est partout, que ce soit par ses terribles conséquences humaines dans la première partie, par son simulacre avec les Jeux dans la deuxième, ou avec carrément des engagements dans les territoires étrangers bordant la célèbre Troie. On y est ! L'auteur nous prépare avec la grandeur qu'on lui connaît à ce dernier chapitre épique qu'on connaît déjà mais pour se faire il prépare d'abord le terrain et quelle préparation !
J'ai d'abord eu peur qu'on n'en reste qu'à une réécriture de l'Iliade et de l'Odyssée dans cette première partie où on mettait tant en avant l'Ulysse inventeur de contes, mais la suite a su me démentir. Quand Gemmell décide de s'emparer de la dimension humaine de son histoire, c'est magique. On sombre à côté de ses personnages dans ce qu'il y a de plus complexe dans l'âme humaine. L'histoire se teinte alors de complots politiques tragiques, de tiraillements entre puissants basées sur des rivalités d'égo qu'on aurait tellement pu éviter, le tout sous le regard de femmes impuissantes qui finissent malgré tout par subir malgré tout leur courage et leur agitation. Gemmell fait vraiment revivre cette époque guerrière lointaine où certes les affrontements directs existent mais où les escarmouches feutrées et les défis à distances sont encore plus monnaies courantes avec ces simulacres de guerre que sont les Jeux. A l'aube de ceux-ci chez nous, cela revêt une couleur toute particulière.
J'ai ainsi pris grand plaisir aux portraits d'hommes et de femmes qu'il nous présente et/ou fait retrouver ici. C'est épique, c'est mythique et c'est en même temps très humain. Ça parle souvent d'amours contrariés. Ça évoque avec horreur mais force le viol des femmes. Ça met en scène des héros qui ne souhaitent pas l'être contre des héros qui se croient l'être et n'en sont pas. Ça met surtout en lumière toute la bassesse de certains hommes et la puissance de certaines femmes. Nous redécouvrons totalement des personnages des mythes grecs qu'on pensait bien connaître et on en découvre de tout nouveau. En plongeant dans les relations entre Priam de Troie et les alliés et ennemis qui l'entourent ce sont de tout nouveaux visages qui s'offrent à nous.
J'ai adoré découvrir cet Ulysse au centre de toutes les histoires, très ambigu et ambivalent, selon où on se place, mais véritable pourvoyeur de tension. J'ai à nouveau été très émue par le destin contrarié d'Hélicon/Enée et celui de son femme et son fils adoptif, qui m'ont soufflée dans les dernières pages. Andromaque reste mon héroïne. Quelle femme de poigne ! Elle ose vraiment s'affirmer envers et contre tout malgré les revers de la vie. Sa tendre Cassiopée a connu un destin qui tragique qu'elle a su attendrir le puissant guerrier Calliadès, dont le duo amical avec Banoclès a su faire battre mon coeur de shippeuse d'amitié virile. Que dire de ces héros qu'on pense connaître comme Hector et Achille, dont on découvre l'intimité, la famille et qui nous font vivre avec passion leur première rencontre. La femme de Priam, Hécube nous a aussi offert de très belles pages, et sa fille, Cassandre, reste pleine de mystères. J'en oublie car il y a tellement de personnages que je ne peux tous les citer et m'en rappeler, mais ils ont participé à faire revivre cette histoire à taille bien plus humaine que dans mes souvenirs avec pour seule marque de magie certaines prophéties énoncées, le reste c'est de l'homme et rien que de l'homme.
Ce deuxième tome aura fait décoller la série à mes yeux. Après une première partie un peu bancale car trop appuyée sur les mythes d'Omère, la suite en nous plongeant dans l'étrange quotidien de Troie et la politique de son roi, entre venin et poison, a ravivé la flamme et l'a même embrasée. Les destins tragiques des héros de l'histoire, leurs amours brisés et contrariés, les rudesses de la guerre que parfois ils ne veulent pas mais qu'ils subissent quand même, tout ça m'a bouleversée à plusieurs reprise. le rythme s'est envolé au son des échanges guerriers des différents camps et de leurs menaces réciproques. J'ai trouvé fascinant l'utilisation faite de ces Jeux qu'on connaît si bien mais dont je ne saisissais pas tous les enjeux. Gemmell nous offre une plongée et une revisite saisissante de la vie à Troie et dans les contrées alentours avec ces dangers de guerre permanents et ces destins broyés ou élevés.
Je m'étais plainte dans le premier tome de ne pas avoir ressenti la dimension épique et tragique du Lion de Macédoine (du même auteur), ce n'est plus le cas. Ici, malgré un rythme en dent de scie, l'auteur a su me faire vivre de riches émotions aux côtés de ses héros non moins marquants. Cette vision très crue et humaine de la guerre de Troie en gestation me plaît énormément. J'aime découvrir ces destinées heurtées sous la plume sans concession de l'auteur qui n'hésite pas à venir piétiner notre coeur à plusieurs reprises. C'était une époque rude, c'est une lecture rude. J'ai hâte et peur d'envisager ce que réserve le dernier tome !
Lien :
https://lesblablasdetachan.w..