Un peu déçu par ce Gendron, après avoir savouré «
Chez Paradis » par exemple. Un polar potache qui va au-delà de l'humour habituel de l'auteur, bien écrit, dont on sent la noirceur qui se cache derrière des scènes pittoresques, mais l'objectif est mal défini.
Le récit se déroule dans un petit village quelconque au nom révélateur, Saint-Piéjac, dont les habitants sont très cons ou très méchants, voire les deux combinés. Trois personnages échappent à cette absence d'empathie hélas caricaturale.
D'abord un écrivain anglais, Connor, qui n'en finit plus d'écrire des histoires nunuches pour les enfants, qui déteste tout le monde et que le village déteste : son obstination pour un bout de terrain a mis à jour certaines malversations municipales et un élu sous les verrous.
Ensuite une employée municipale qui semble atteinte du syndrome de la Tourette et qui « désherbe » au chalumeau les fleurs des nombreux concitoyens qu'elle ne porte pas dans son coeur.
Enfin, il y a Marceline, qui sonne un jour à la porte de Connor et qui vient d'on ne sait où. Bizarrement, ça matche entre la rousse pulpeuse et l'ermite british, au point que tout au long du roman les deux vont se gaver de sexe quand et où cela leur semble bon, c'est-à-dire tout le temps.
Les méchants viendront troubler peu à peu les frasques de ce drôle de couple, soit des chasseurs viandards tendance alcoolique, soit des abrutis lambda du village, à moins que ce ne soit le passé sombre de Marceline. On se dirige donc, à travers une orgie de sexe d'un couple prêt à braver tous les interdits de la façon la plus placide qui soit, vers un jeu de massacre. On va du surréalisme au loufoque, avec un désespoir sous-jacent, mais bien que plaisante, cette hécatombe reste un peu gratuite.