Citations sur A la recherche du progrès humain, tome 3 : La grande régr.. (16)
La contrainte ne doit plus s'exercer par la surveillance du contremaître, elle doit être intériorisée par le salarié lui-même : il se sent coupable du moindre retard, de la moindre défaillance, qui mettrait sous pression tous les autres salariés dans un processus à flux tendus ; il redoute l'humiliation d'une mauvaise "évaluation" du chef de service ; il est fier d'être un "battant", un salarié "impliqué" et "performant" qui doit son statut à son seul travail.
L'Union européenne s'est donc elle-même interdit l'usage de tous les instruments de la puissance publique mobilisables partout ailleurs dans le monde pour faire face à une attaque des marchés financiers. Ce n'est pas là un oubli malencontreux, mais un choix délibéré pour soumettre les Etats européens à la tutelle des marchés financiers.
A un moment ou à un autre, grâce à la dégradation des comptes publics qu'il a lui-même programmée, le gouvernement peut justifier la "nécessaire" réduction des dépenses publiques.
Désormais, la "modernité" désignerait donc la qualité des moutons qui font comme tout le monde et des abrutis qui adhèrent sans réfléchir au discours ambiant. L'archaïsme serait a contrario la tare des penseurs et des résistants qui s'opposent à la destruction systématique des progrès sociaux conquis par les peuples justement les plus modernes !
(...) la structure générale des budgets publics s'est modifiée dans un sens conforme aux intérêts des capitalistes et aux nouvelles politiques sécuritaires : progression des aides aux entreprises mais baisse des indemnités de chômage et des remboursements de la Sécurité sociale ; gonflement de l'administration pénitentiaire, mais compression de personnel dans l'enseignement public ; exonérations de cotisations sociales pour les employeurs, mais hausse des prélèvements sociaux pour les salariés ; baisse des impôts sur les bénéfices, les placements financiers, le patrimoine, les hauts revenus et les successions, mais hausse des tarifs publics, des taxes sur la consommation et l'habitation.
Le bilan est clair. On ampute les services collectifs accessibles à tous et on demande néanmoins aux travailleurs de contribuer davantage à leur financement, non pour réduire les déficits et la dette publique conformément à la doxa officielle, mais pour remplir les poches des plus fortunés.
En Europe occidentale, tous les gouvernements nationaux et la Communauté européenne sont déterminés à poursuivre exactement les mêmes politiques qu'avant la crise, c'est-à-dire celles qui ont engendré la crise ! Ils sauvent les banques de la faillite, ils parlent de "moraliser" le capitalisme, mais s'entendent en fait pour préserver le système à moindres frais ; ils évoquent la "régulation" des marchés financiers, mais imposent en réalité une nouvelle régulation des Etats conforme aux attentes des marchés financiers.