La vie lui avait appris à transcender les vicissitudes objectives en décisions courageuses, voire en réussites personnelles.
- Vous savez ce que disait Cocteau ? "Puisque ces mystères me dépassent, feignons d'en être l'organisateur."
Je n’ai vu jusqu’à présent que vos villes. L’Amérique est un beau et grand pays. Grand, je veux dire vaste. Ce qui m’intrigue, c’est que ces millions de kilomètres carrés, votre première richesse, aient si peu d’effet sur les mentalités. Ici, comme ailleurs, c’est le petit qui domine dans les têtes.
La mort, il est vrai, confère aux auteurs disparus un surcroît de légitimité qui les rend plus recevables, même par ceux que la poésie peine à charmer. Vivant, le poète a parfois du mal à faire oublier son encombrante, pitoyable personne, le courant passe mieux s'il n'est plus là.
Bref, amis poètes, vous savez ce qu'il vous reste à faire.
(Après les attentas du 11 septembre)
Il cherche en vain une explication à tout. Mais rien, aucun sens, vaudrait tellement mieux commencer vieux et finir enfant.
C'est donc bien un miroir déformant que l'Amérique nous tend et l'image de nous qui s'y révèle est tout sauf gratifiante.
La conclusion s'imposait, une lapalissade : il ne serait jamais Américain. Les mois, les années n'y changeraient rien, quelque chose en lui refusait aussi bien le mode de vie, son cortège d'hypocrisies larvées, que les paysages urbains dominés par le culte de l'automobile, les gens - au cœur dur sous la religiosité chantante - le parler promis à dominer l'univers, bien qu'il fût la plus monstrueuse altération que l'anglo-saxon eût subie.
Combien d'artistes, condamnés par la guerre et l'exil, à devenir américains en ont souffert jusqu'à leur mort : Von Stroheim, Bartok, Nabokov et tant d'autres.
Vous ne lisez pas les journaux à ce que je vois ? Je ne vous le reprocherai pas, jeune fille. On ne fait que se gâter l’âme à suivre l’actualité.
Un Américain sur trois est trop gros, rappelait-il. C’est pire au cinéma : Deux films américains sur trois sont obèses.
J’aime bien me taire avec vous
Quand Schoenberg composa la nuit transfigurée il était encore jeune et tonal. Cette partition avait toujours agit puissamment sur le cinéaste, comme si l’idée de la transfiguration, le rêve de tout créateur, trouvait là son incarnation sonore la plus efficace et rendait sensible l’essence même du pouvoir de la musique, qui est de transporter l’auditeur sans le moindre artifice magique, au-delà de son enveloppe charnelle.
Peter ressentait toujours la même impression de tristesse heureuse en écoutant chanter le violon de Bartok.