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Citations sur Ceux de 14 - Omnibus : Sous Verdun - Nuits de guerre .. (6)

Pitié pour nos soldats qui sont morts! Pitié pour nous vivants qui étions auprès d'eux, pour qui nous nous battrons demain, nous qui mourrons, nous qui souffrirons dans nos chairs mutilées! Pitié pour nous, forçats de guerre qui n'avions pas voulu cela, pour nous tous qui étions des hommes, et qui désespérons de jamais le redevenir.
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Devant l'église de Mont-sous-les-Côtes, la petite place laisse déborder vers la rue la foule serrée des soldats. Toutes les armes se coudoient, mêlées : des fantassins bleu et rouge, des sapeurs et des artilleurs noirs, des chasseurs bleu clair.
"Le Labousse! appelle Davril. Bonjour, toubib!... Hé! là-bas! L'état-major de la 5e! Jeannot! Hirsch! Muller! Par ici!"
Les camarades s'approchent, nous serrent les mains. On bavarde, on s'interpelle de loin, on s'aborde, on bavarde encore. Il tombe une pluie fine, qui amollit sous nos pieds les feuilles tombées des grands ormes. Les derniers fidèles sortent de l'église. Par le porche béant sur la nef, on voit briller dans la pénombre la lampe rose du tabernacle.
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Comme Rupt a changé! Le ruisseau coule dans une plaine rase, balafrée d'ornières, sans une touffe d'herbe : des canons gris badigeonnés de fange; des hangars couverts de chaume; des chevaux à l'attache, tristes bêtes faméliques, aux grands yeux farouches et doux; des artilleurs assis au bord de la route; d'autres qui cheminent à travers la plaine, des bottes de paille sur les épaules, des seaux de toile au bout des bras; et toujours des canons alignés, d'autres hangars, d'autres chevaux; toujours cette couleur de chaume et de boue, couleur de nos visages, couleur de la guerre...
"Essuyez vos pieds, là donc!"
Mmes Porcherot, mère et fille, nous ont regardés avec méfiance. Il y avait chez elles un capitaine du 25. Cérémonieusement, elles nous ont mis à la porte.
Nous passerons nos trois jours dans cette maison abandonnée. Nous achèterons à la bouchère des cigarettes de tabac d'Orient, au tailleur des huîtres portugaises; et nous irons à la messe de minuit.
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Trois heures du matin. Direction la Woëvre. La nuit est transparente et froide, l'espace immensément silencieux. Sous les étoiles déjà pâlissantes, au long de la route bleue cendré, le bataillon étire sa masse noire et rampe entre les labours. De loin en loin, lorsqu'on frôle un des arbres maigres qui jalonnent les bas-côtés, on entend une feuille sèche vibrer doucement au bout d'une branche.
On traverse Bonzée. Les granges sont closes sur le sommeil des soldats. Au milieu de la rue, le Longeau étalé coule à plat, sans bruit, comme un fleuve d'huile. Le ciel blanchit; les étoiles, une à une, s'éteignent.
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Trois heures du matin. Direction la Woëvre. La nuit est transparente et froide, l'espace immensément silencieux. Sous les étoiles déjà pâlissantes, au long de la route bleue cendré, le bataillon étire sa masse noire et rampe entre les labours. De loin en loin, lorsqu'on frôle un des arbres maigres qui jalonnent les bas-côtés, on entend une feuille sèche vibrer doucement au bout d'une branche.
On traverse Bonzée. Les granges sont closes sur le sommeil des soldats. Au milieu de la rue, le Longeau étalé coule à plat, sans bruit, comme un fleuve d'huile.
Le ciel blanchit; les étoiles, une à une, s'éteignent.
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Deux atroces journées de souffrance et de découragement, deux journées dont je veux que le souvenir me soit une arme contre les épreuves à venir, puisque la force m'est restée alors de tenir quand même, et de ne point me renoncer. (p 78)
Ils regarderont ; ils verront le camarade s'affaisser ; ils se diront : "Tout à l'heure peut-être, ce sera moi ; dans une heure, dans une minute, pendant cette seconde qui passe, ce sera moi." Et ils auront peur dans toute leur chair. Ils auront peur, c'est certain, c'est fatal ; mais, ayant peur, ils resteront. (p 96)
Mais Pannechon, c'est là justement un des secrets de notre force : avec de toutes petites joies, nous savons faire du bonheur. - Vous dites bien ça, mon lieutenant. Alors, quand on a eu mal jusqu'à descendre au fond d'son courage, comme des fois, comme la nuit dernière, suffit d'une miette de joie pour nous r'donner goût à la vie. (p 258)
Pitié pour nos soldats qui sont morts ! Pitié pour nous vivants qui étions auprès d'eux, pour nous qui nous battrons demain, nous qui mourrons, qui souffrirons dans nos chairs mutilées ! Pitié pour nous, forçats de guerre qui n'avions pas voulu cela, pour nous qui étions des hommes et qui désespérons de jamais le redevenir ! (p 478)
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