ils se regardèrent et il remarqua comme un frémissement dans son regard. Il sentit qu'il faiblissait à son tour, qu'il la laissait entrer en lui-oui, ils s'ouvraient l'un à l'autre, par leurs regards et ces mots qu'ils ne prononcaient pas. Deux petits bateaux sur la mer, qui pensaient voguer seuls depuis qu'ils avaient perdu leur ancrage, et qui soudain....
C'est tout de même étonnant le nombre de personnes qui s'en fichent d'être aimées si l'amour ne fait pas partie de leurs projets immédiats. L'amour les encombre tellement qu'elles font changer leurs verrous ou s'en vont sans prévenir.
Les chats enfouirent leur petite tête dans sa main. On avait coutume de dire que les ronronnements avaient le pouvoir de souder un tas d'os brisés ou de soigner une âme pétrifiée. Mais une fois que le miracle s'était accompli, les chats reprenaient la route, sans se retourner. Ils aimaient sans retenue, sans condition, mais aussi sans promesse. (p. 304)
La liberté, c'est la perte de la sécurité.
Il appelle ses livres des Libertés. Et aussi des Havres, car c'est également ce qu'ils sont. Ils conservent tous les bons mots que nous utilisons si rarement. La douceur. La bonté. La contradiction. L'indulgence.
Bien entendu, les livres ne sont pas seulement des médecins. Il existe des romans qui constituent de merveilleux et tendres compagnons de vie. D’autres peuvent faire l’effet d’une gifle. D’autres, encore, celui d’une couverture chaude dont votre petite amie vous enveloppe quand vous êtes pris de mélancolie, à l’automne. Et d’autres… comment dire. D’autres sont comme de la barbe-à-papa rose, ils picotent pendant quelques secondes dans le cerveau et laissent dans leur sillage une sorte de néant bienheureux.
De toute manière, les gens qui savent faire des choses sont généralement haïs.
...C'était plutôt l'état des lieux désespéré de la vie intérieure d'un jeune homme qui aimait pour la première fois. Qui ne comprenait pas comment, alors qu'il n'avait plus aucun contrôle de soi, il pouvait néanmoins aimer et, un peu plus tard, cesser d'aimer, toujours sans rien en avoir décidé. Un jeune homme que le fait de ne pas pouvoir choisir qu'il aimait et de qui il était aimé perturbait au plus haut point, tout comme le fait de ne pas savoir où tout cela commençait, où cela se terminait, et puis toute cette zone terriblement imprévisible qui se situait entre les yeux.
[...]Tu sais, les femmes peuvent être tellement plus intelligentes que nous ! Elles n’aimeraient jamais un homme juste pour son corps. Même si celui-ci peut leur plaire, bien sûr, et pas qu’un peu...
[...] Mais les femmes t’aiment pour ta personnalité. Ta force. Ton intelligence. Ou alors parce que tu es en mesure de protéger un enfant. Parce que tu es quelqu’un de bien, que tu as une certaine dignité, une noblesse. Elles ne t’aiment jamais aussi bêtement qu’un bonhomme aime une femme. Elles ne t’aiment pas pour tes jolis mollets, ou parce que tu as une allure d’enfer en costard, et que toutes leurs collègues de travail sont jalouses quand elles te sortent. Bien sûr, ce genre de femmes existe aussi, mais elles ne sont que l’exception qui confirme la règle.
Le petit amour. Le grand amour. N'était-il pas cruel, en vérité, que l'amour existe en différents formats ? (p.160)