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Un soir d'automne, dans la forêt, un enfant est abattu par accident par des chasseurs. Il s'agit de Jean-Baptiste Péniel, dit Petit-Tambour, un des petits-fils de Nuit d'Or-Gueule-de-Loup. le corps de Petit-Tambour est ramené à ses parents. Son frère cadet, Charles-Victor, voit alors sa mère partir dans une plainte déchirante et son père sombrer dans le chagrin de voir sa femme devenir un fantôme. Charles-Victor, l'oublié du drame, grandira dans la haine de ce frère qui lui a volé ses parents. La colère et la haine de sa famille guideront chacun de ses pas, le poussant à toujours plus les renier, à toujours plus s'éloigner des siens, à toujours plus se perdre.

« Nuit d'Ambre » est la suite directe de « Le livre des nuits » où nous suivions l'histoire de Nuit- d'Or-Gueule-de-Loup et ses descendants sur près d'un siècle, soit quatre générations. Voici cette fois-ci l'histoire de Charles-Victor Péniel, dit Nuit d'Ambre, car comme toute la descendance de Nuit-d'Or-Gueule-de-Loup, l'enfant porte une tache dorée au fond des yeux, des yeux qui ne voient que les ténèbres depuis le décès de son frère. Tout comme dans son premier roman, Sylvie Germain conjugue tous les genres dans ce roman-fable où le lecteur navigue entre réalité et rêve. Si l'auteure nous fait traverser de nouvelles guerres, de nouveaux confits – guerre d'Algérie, événements de Mai 68 -, elle sème à tout va ses touches fantastiques, indispensables à l'histoire de cette famille marquée par des phénomènes étranges. Visions oniriques, paraboles, magie… chacun de ces éléments apporte la singularité aux nombreux membres de la famille Péniel qui portent des surnoms prolongeant leur identité et leur particularité. Aucun ne se ressemble, aucun n'a la même histoire mais tous nous séduisent.
Plus sombre que l'opus précédent, « Nuit d'Ambre » nous plonge dans une ambiance parfois de fin du monde. Qu'il s'agisse des paysages sylvestres ou bien ceux de la ville, Nuit d'Ambre est un personnage qui nous entraîne avec lui aux confins du dégoût et du Mal, dans ce que l'homme a de plus mauvais en lui. le jeune homme veut se perdre pour mieux détruire sa mémoire et ses racines mais tout, à un moment donné, lui rappelle ses origines, le rappelle à lui-même et augmente sa fureur. Il lui faudra aller au bout de sa haine, et nous avec, pour enfin trouver une forme de paix.
Le talent de conteuse de Sylvie Germain est indéniable. Elle charme son lecteur avec ses personnages singuliers et leur destin particulier. Elle mêle habilement réalité historique et récit magique. Mais alors que « Le livre des nuits » m'avait envoûtée jusqu'au bout, « Nuit d'Ambre » m'a semblé parfois être dans l'excès de la parabole et du fantastique. Trop de visions abstraites m'ont un peu perdue et je me suis essoufflée sur ce long roman. Enfin, pour toute personne qui lirait « Nuit d'Ambre » sans avoir lu « Le livre des Nuits », je dirais mauvais choix car les références au premier roman et ses personnages sont beaucoup trop nombreuses.

Il n'en reste pas moins que ce genre de roman, c'est pour moi de l‘orfèvrerie littéraire : une lecture exigeante, qui se délecte et ne s'oublie pas.
Sylvie Germain, c'est du grand art.
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Après le Livre des nuits, nous retrouvons Nuit-d'Or-Gueule-de-Loup et sa descendance. La Deuxième Guerre mondiale est finie et les pertes ont été terribles pour Nuit-d'Or. Hélas, la mort n'a pas fini de frapper Terre-Noire : le premier disparu est Petit-Tambour, celui qui annonçait la fin du conflit et le retour des hommes. Abattu par la balle perdue d'un chasseur, le petit garçon emporte dans la tombe la raison de sa mère et de son père. Reste alors Charles-Victor, son petit-frère en qui naissent un cri et une colère qui se mueront progressivement en haine et en solitude farouches. « Car il venait en un instant d'être trahi par tous. le frère mort, la mère folle, le père en larmes. Nul n'avait pas donc souci de lui ? » (p. 24)

Le petit garçon décide alors de vivre seul, d'être seul maître de lui et d'entretenir sa haine. « C'est ainsi qu'il s'ingéniait à s'entourer d'ennemis imaginaires, à se croire un mal-aimé maudit de tous, plus seul au monde qu'un lézard tout vif dans la glace au coeur d'un désert de neige. » (p. 39) Comme les enfants et les petits-enfants de Nuit-d'Or-Gueule-de-Loup, Charles-Victor a reçu en partage une paillette d'or dans l'oeil. Mais sa rage épaissit cette marque héréditaire et le garçon devient alors Nuit-d'Ambre. Il n'a de seul amour au monde que sa soeur Baladine, une enfant pleine de grâce et de musique.

Incapable de vivre sur la terre de ses ancêtres, Nuit-d'Ambre monte à Paris et y mène une vie d'études et de violence qui témoigne de « sa faim de la folie humaine. » (p. 198) Dans la capitale, il devient Nuit-d'Ambre-Vent-de-Feu. Plus que tout, il veut se couper de son passé et de son histoire. Électron fou dans un univers qu'il veut rendre le plus cruel possible, Nuit-d'Ambre est un ange noir qui ne sait pas aimer. « Il n'aimait pas les hommes. L'humain l'intriguait. Il ne voyait en l'homme qu'une bête à moitié détournée de son animalité première, à demi fourvoyée hors de la terre et de la boue. Une bête devenue monstrueuse pour être entrée en mutation inachevée, – avec son ventre de requin, son sexe magique de totem, son coeur imprévisible de licorne, tantôt si tendre tantôt si cruelle, et son cou si grotesquement contorsionné vers les abîmes du ciel. » (p. 203) Nuit-d'Ambre ne sait pas aimer et il détruit à plaisir la vie et la confiance. Jusqu'au jour où un ange le rattrapera et fera retomber sur lui tout le poids de sa haine.

À Terre-Noire, il y a aussi Thadée qui est revenu des camps avec les deux enfants d'un camarade de douleur, Chlomo et Tsipele. Il y a toujours Mathilde, première fille de Nuit-d'Or, barricadée pour toujours dans son rôle de vierge froide. Il y a Rose-Héloïse qui a quitté le couvent après la mort de sa soeur et qui attend le retour de Crève-Coeur, l'enfant qu'elle a recueilli et qui a laissé sa raison en Algérie, sur la tombe d'un berger torturé. Et, un peu plus loin sur le domaine, Nuit-d'Or n'arrive pas à oublier Ruth et leurs enfants, disparus dans un camp de la mort. Hanté par sa douleur, il vit en sauvage avec Mahaut, une femme à moitié folle. de l'union de leurs deux solitudes blessées sont nés Septembre et Octobre, deux étranges enfants qui grandissent seuls dans une serre.

Avec Nuit-d'Ambre, Sylvie Germain écrit d'autres nuits qui sont autant d'âges mythologiques où l'homme se révèle toujours plus mauvais et plus sordide. Dans ce deuxième volet, l'auteure use avec génie du bas corporel et illustre à merveille la fureur sous toutes ses formes. Cette fureur confine à l'hybris, à l'orgueil fou et sans limites. Sur les bords de la Meuse, la terre est noire du sang qui y a coulé et des douleurs qui ne cessent d'y éclore. Et l'on se demande quand la fureur retombera et quand la haine sera enfin lavée. « La guerre pouvait bien changer de lieu, changer de forme, d'armes et de soldat, son enjeu demeurait éternellement le même, – il serait demandé à chaque fois et à chacun compte de l'âme de l'homme. » (p. 144 & 145)

Comme dans le premier roman de Sylvie Germain, j'ai retrouvé avec plaisir le besoin de nommer, voire de surnommer les choses et les êtres, dans une dynamique sans cesse renouvelée de créer et de remodeler le monde. Et dans la même idée, la généalogie s'oppose aux liens que chacun se crée : les branches de l'arbre familial se réorganisent et les enfants deviennent les parents des ancêtres. Sylvie Germain manie le réalisme magique avec un art parfaitement maîtrisé et entraîne son lecteur dans un univers aux frontières du réel, la tête dans les étoiles qui peuple les yeux des enfants de Nuit-d'Or et les pieds dans la terre noire d'où l'homme est né de toute éternité.

J'ai préféré le livre des nuits, mais Nuit-d'Ambre poursuit à merveille la saga initiée sur une péniche. Je ne peux que vous conseiller cette sublime histoire, à la fois poétique et violente !
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Ce livre est superbement écrit. Sylvie Germain trouve les mots justes pour nous interpeller... Mais le texte est noir, noir comme la nuit qui donne son titre au livre, noir dans toutes ses nuances.

Certaines parties sont tout simplement insoutenables. J'ai plusieurs fois voulu arrêter ma lecture. Je me suis forcée à continuer, mais n'en dormais plus.

D'autres parties sont tristes. L'indifférence, voir la haine d'un enfant pour ses parents, c'est dur, très dur... J'en ai eu les larmes aux yeux.

Et puis, il y a quand même quelques passages beaux, très beaux, dont on ressort apaisé.

En résumé, un livre surprenant dont on ne sort pas indemne.
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La sombre destinée de la famille Péniel se poursuit avec la mort de Petit-Tambour, tué lors d'un accident de chasse. Sa mère Pauline, accablée de chagrin,mourra de folie et de désespoir, suivi par Fou-d'elle qui ne peut vivre sans sa femme.Le second fils Nuit-d'ambre, livré à l'abandon, trahi par la douleur des siens se renferme dans un monde de violence et de haine.Sur son voyage au bout du mal, sur la mémoire reniée et retrouvée,se refermera le "Livre des Nuits" des Péniel.
Suite et fin du "Livre des Nuits", "Nuit-d'Ambre", à l'instar du premier volet, recèle en ses pages, une poésie sombre, lyrique et magique. Malgré quelques longueurs, une oeuvre étonnante, traversée d'un souffle biblique et portée par une écriture enfiévrée et ardente.
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Cette histoire de haine absolue n'est pas pour moi. Difficile de donner un avis objectif, à partir de là. le lyrisme de la langue me semble bien excessif. Réservé aux amateur/trices.
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Ce roman fait suite au Livre des Nuits et forme avec lui un ensemble de 700 pages qui retrace la saga de la famille Péniel. Deuxième roman de l'écrivaine, il forme avec le précédent le socle de l'oeuvre à venir, et l'on y (re)trouve déjà tous les thèmes chers à la romancière. Tout commence par un cri, celui que pousse la mère de Nuit-d'Ambre et qui, "un soir de septembre, s'empara de son enfance, ne le quitta jamais plus, traversant sa vie d'âge en âge, - et proclamant son nom au futur de l'histoire.". de la "Nuit de l'eau" à "l'Autre Nuit" qui clôt le diptyque, il sera question des racines et des échos de ce cri. Dans ce deuxième roman, nous assistons aux conséquences des drames noués dans le Livre des Nuits. L'enfant "d'après toutes les guerres", Charles-Victor perd son frère, né d'un amour absolu et d'un jour "de peau très nue". Sa mère, Pauline, incapable de surmonter sa douleur, s'abîme dans la souffrance et entraîne avec elle son mari Jean-Baptiste, surnommé le "fou d'elle". Charles-Victor , qui deviendra Nuit-d'Ambre, entre alors en détestation. Des autres, de tout, de lui.
Il quitte la terre familiale et se rend à Paris où il va entamer un voyage au bout du mal, jusqu'à ce qu'il livre un étrange combat, celui de la "Nuit de l'Ange". Scènes fantastiques, intervention du merveilleux, violence aux excès baroques, encore une fois, Sylvie Germain nous emporte dans un tourbillon narratif et poétique. de son écriture aux échos multiples, elle tisse un roman à la fois grave et envoûtant.
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Un roman qui m'avait laissé une grande impression - mystique certes mais intense - cette rage de ce garçon qui se sent délaissé, en proie à une colère qui le consume jusque au bout, jusqu'à une forme de rédemption. Conseillé par une amie, j'en ai lu que cet épisode qui est une suite, mais indépendante. J'aimerais retrouver cette écriture très forte.
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Sylvie Germain

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