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Critique de migdal


migdal
14 septembre 2023
Ce pavé de 740 pages, superbement écrites, romance la destinée de sept familles durant un siècle (1914-2014).

Alix de Chalendar (1924-2014) lègue aux archives nationales la correspondance que son oncle, le lieutenant Alban de Willecot (1887-1917), adressait durant la première guerre mondiale au poète Anatole Massis et choisit une historienne comme exécutrice testamentaire, écartant ainsi son petit fils Alexandre Aparof, joueur impénitent. Blanche, la mère d'Alix, épouse de Maximilien de Barge, décédé en 1925 des séquelles de la guerre, gère de main de maitre leurs vignobles durant les deux guerres mondiales. Alix de Barges rencontre à Londres en 1942 son futur mari.

Anatole Massis, handicapé d'un bras, est employé durant le conflit par la censure militaire pour surveiller le courrier posté par les soldats à leurs proches. Anatole est marié à Jeanne de Royères, petite fille de l'académicien Louis Limoges, mentor d'Anatole. Mère de leurs 3 enfants, Jeanne décède peu après la naissance du dernier en 1916. Un petit fils d'Anatole confie à sa petite fille Ariane Brugg leurs archives familiales (courriers et albums photos).

Diane Nicolaï, née vers 1897, a été remarquée par Alban de Willecot, qui évoque leurs fiançailles dans une lettre à Anatole Massis. C'est un jeune fille cultivée, intelligente, séduisante, qui maitrise le grec et le russe, passe son bac malgré l'opposition de son père, et rêve devenir une nouvelle Marie Curie. La famille Nicolaï, ruinée par la guerre, est harcelée par les créanciers, et Diane, une semaine après la mort au champ d'honneur d'Alban, est mariée, contre son gré, le 25 janvier 1917 à Etienne Durieux qui comble les dettes des Nicolaï.

Victor Durieux nait de cette union en octobre de la même année. Diane meurt d'un accident de chasse et Etienne Durieux se remarie avec Hortense Stiegler dont il a deux enfants, Basile et Sybille.

Elisabeth Bathori, l'exécutrice testamentaire d'Alix de Chalendar, se met en quête des lettres qu'Anatole envoyait à Alban et qui semblent disparues, quoique certaines apparaissent sur le marché, à Bruxelles, aussitôt raflées par une université américaine où sévit une sulfureuse biographe de Massis. Elisabeth se remet difficilement de la perte de son compagnon. Plonger dans les archives d'Alban et Anatole est pour elle une réelle thérapie. Elle enquête pour identifier les détenteurs qu'elle localise au Portugal ou en Suisse.

Violetta Mahler, petite fille de Basile Durieux, poursuit les recherches que sa maman, Suzanna née en aout 1938, et réfugiée au Portugal en 1940 grâce au consul bordelais Aristides de Sousa Mendes, a mené pour connaitre le sort de ses grands parents Paul Lipchitz, déporté, et Tamara Zilberg disparue vers 1942.

Gérald Lecouvreur, dans les Côtes-d'Armor, sa bat pour réhabiliter son grand-père, fusillé en janvier 1917.

Les lettres et les photos, progressivement retrouvées par Elisabeth Bathori, dévoilent les liens tissés entre les héros et les salauds des 42 cartes de ce jeu des 7 familles, remémorent les tragédies des deux guerres mondiales et rappellent le rôle aussi essentiel que méconnu des femmes durant ces conflits. Elles montrent l'évolution de l'état d'esprit des poilus épuisés par les mois et découragés par l'inanité des sacrifices consentis. Elles révèlent les délations de l'occupation.

Le personnage de Tamara Zilberg rend hommage à Tamara Isserlis, morte à Auschwitz en 1942, évoquée dans « Dora Bruder » de Patrick Modiano, « Jours de Guerre » de Berthe Auroy et le Journal d'Hélène Bert.

« Pour un nom dont on se souviendra, pour une Tamara Isserlis rescapée de l'oubli, combien d'autres, perdus à jamais ?
Ce livre est né du désir de tresser des histoires de disparus, avalés par la guerre, le temps, le silence. de raconter le devenir de leurs traces, qui éclairent, mais aussi dévorent les vivants. »

Magnifique livre qui donne envie de lire les autres titres d'Hélène Gestern.

PS : la résistance dans l'Ain est l'objet de la Douceur
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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