L'ouvrage de
Vittorio Giacopini sur
Errico Malatesta, le célèbre anarchiste italien, est intéressant, et bien servi par une traduction de qualité effectuée par Serge Qadruppani. L'auteur a décidé de raconter la vie de Malatesta en partant de la case finale. Notre dangereux agitateur est maintenu emprisonné à domicile par les fascistes. Mussolini ne l'aime pas et le craint, mais il choisit d'en faire la marionnette d'une sinistre comédie. Plutôt que de le faire disparaître, il préfère se servir son image pour tenter d'accréditer l'idée que le régime fasciste est aussi "démocratique" que les autres.
Nous sommes à Rome, en décembre 1931. Au fil des heures qui s'écoulent, Malatesta, en bien piètre santé, se souvient des épisodes qui ont marqué sa vie, et surtout des tentatives multiples que ses camarades et lui ont impulsé pour essayer de provoquer une révolution anarchiste en Italie : de l'aventure rocambolesque de l'insurrection paysanne dans le Matese aux derniers épisodes des occupations d'usine dans les grandes villes du Nord en 1920. Il se remémore aussi les années d'exil en Angleterre et aux Etats-Unis... et sa volonté permanente de revenir en Italie quelque soit l'avenir qui l'attend.
Beaucoup de nostalgie, de langueur, mais un esprit toujours aussi combatif, un militant soucieux de comprendre les événements, de tirer partie des erreurs commises, n'abandonnant jamais les principes inflexibles sur lesquels sa vie est construite.
Un homme qu'il ne faut pas oublier, une histoire qu'il faut lire à la lumière des actualités sociales récentes dans nos pays occidentaux. Un bon travail de mémoire.