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3,36

sur 29 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Tout d'abord, merci à Babelio et à Buchet Chastel de m'avoir envoyé ce roman, qui m'a beaucoup plu. Vincent raconte la vie d'artiste de son ami Randall, depuis leur première rencontre jusqu'à la mort de celui-ci. Les oeuvres de Randall et sa personnalité sont très extravagantes, tout comme le livre. le point central de toute l'histoire arrive rapidement, on est tout de suite plongé dans le bain. le livre a des passages philosophiques, si je peux y appeler comme cela. J'ai été plongé dans un monde qui m'est complètement inconnu. Ce livre fait en grande partie du bien à l'esprit.
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Quand vous entrez dans le grand hall d'accueil de la société financière de Jan de Vries, sorte de multinationale tentaculaire anglaise, à côté de la photographie de cet homme au regard d'aigle se trouve un portrait signé Ian Randall Gibbs. C'est un grand carré sérigraphié à fond rose, avec en son centre une tache marron, un peu informe, genre test de Rorschach. C'est en fait son portrait, comment dire, anal ? puisque l'homme au lieu de poser devant l'artiste, est simplement allé aux toilettes déféquer un coup et s'essuyer méthodiquement après. Au lieu de jeter le papier souillé, il l'a confié au génial artiste, dont la côte monte de jour en jour, pour que celui-ci en fasse un agrandissement et qu'ainsi les résidus de son fondement soient exposés à tous les visiteurs. Comme à l"époque d'Andy Warhol, tout ce que la planète compte de financiers et de stars possède son portrait de Randall. Nous sommes dans les années quatre-vingt-dix, la folie libérale est à plein régime et l'art profite de ces mouvements spéculatifs dans une danse incertaine et caricaturale.
Ian Randall Gibbs n'a pas existé ( même s'il peut faire penser à Damien Hirst). Jonathan Gibbs en fait la figure centrale de son premier roman, héros peu sympathique et manipulateur. A travers lui, il nous explique comment l'art contemporain, ligué avec la finance, créé des artistes où le talent n'est pas le principal atout pour réussir. D'installations morbides mais pourvoyeuses de scandales en happenings grotesques, Randall, judicieusement accompagné d'un conseiller financier, l'autre personnage principal de ce roman, rencontrera ceux qui possèdent les cordons de la bourse, achèteront son art et feront ainsi grimper les côtes. Cette partie du roman, précise, mordante, décortique avec un humour grinçant ce jeu de dupes que semble être devenu l'art contemporain. Mais le roman va au-delà. Alors que Randall est décédé depuis six ans, son ami et conseiller financier, Vincent, décide d'écrire sa biographie, histoire de mettre à plat leur supposée amitié. Au même moment, la veuve de l'artiste le contacte pour lui faire part d'une découverte hallucinante. Alors que Randall n'avait jamais exposé la moindre peinture ( on le pensait même incapable de représenter la moindre forme avec un pinceau), la découverte d'un atelier secret, rempli de toiles vient bousculer la donne. le hic, c'est que ces tableaux sont tous des représentations de mécènes, de grands directeurs de galeries ainsi que de Randall et de ses proches, tous peints dans des situations pornographiques. Que faut-il faire de ces toiles, au demeurant excellentes mais somme toutes explosives ? Se dresse alors la question éternelle :Peut-on tout montrer en art ?
Tant qu'il est question d'art, le roman se révèle passionnant car Jonathan Gibbs semble connaître ce milieu comme sa poche. Seulement, il y a une autre intrigue, plus sentimentale, entre la veuve de l'artiste et son ami Vincent, qui elle, est nettement moins convaincante. Autant Jonathan Gibbs est passionnant dans sa plongée dans le monde artistique et financier, qu'il peine à être vraiment au même niveau dans la description des sentiments, moments plus convenus qui affadissent un peu son roman.
Une chose est certaine, la prochaine que vous vous rendrez à la FIAC, dans un musée d'art contemporain, resurgira l'esprit de ce roman et du coup vous vous interrogerez encore plus sur les oeuvres soumises à votre admiration. Rien que pour cela , "Randall" vous est fortement conseillé !

Merci au site BABELIO et aux éditions BUCHET-CHASTEL de m'avoir fait découvrir ce roman !

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Traduit de l'anglais par Stéphane ROQUES

Vous le savez, je suis une inconditionnelle des chroniques de Gérard COLLARD et récemment, il a présenté un livre tout jaune, le 1er roman de Jonathan GIBBS. En arrivant au rayon Nouveautés de ma Bibliothèque préférée, je l'ai tout de suite repéré !!!

Le narrateur, Vincent, n'a pas revu Justine depuis 2 ans. C'était la femme de Randall, cet artiste peintre britannique, décédé il y a 7 ans déjà. Elle lui a demandé de venir à New York, elle avait quelque chose à lui montrer. Une fois passé le temps des retrouvailles, elle lui présente quelques dessins pornographiques dont Randall est l'auteur. Il ne s'agit là que d'esquisses. le lendemain, elle l'emmène découvrir les toiles. La peinture à l'huile n'était pas sa technique et pourtant... d'habitude il ne signait pas ses oeuvres, mais là elles le sont... autant d'interrogations qui vont permettre de dérouler le fil de toute une époque, celle des "Young British Artists" tout juste sortis du Goldsmiths College de Londres au début des années 1990.

Le narrateur a côtoyé de très près Randall, il l'a aidé à rencontrer des acheteurs potentiels pour accéder à la notoriété. Il oeuvre aujourd'hui en sa mémoire :

"Randall fut mon ami - le meilleur ami que j'aie eu dans cette vie, et que j'aurai sans doute jamais - et si son oeuvre et dans une certaine mesure sa vie doivent continuer de trouver un écho auprès du public après sa mort, alors je veux m'assurer que l'homme que j'ai connu fait partie du souvenir que nous gardons de lui." P. 53

Une des très grandes richesses de ce roman repose dans l'approche d'une oeuvre contemporaine et de ses exigences :

"Ne pas interroger le tableau, mais attendre qu'il se révèle. Lui donner le temps de démentir sa première impression, de balbutier et brouiller son récit. le fixer du regard jusqu'à ce que le tableau cède." P. 234

J'ai beaucoup aimé le passage sur le lien qu'entretient l'artiste avec son oeuvre jusqu'au moment où...

"[...] il n'existe pas d'oeuvre d'art en tant qu'entité autonome, en tant que Ding an sich. Tant qu'elle est dans l'atelier, elle fait encore partie de l'artiste. Quand elle est dans une galerie, c'est une marchandise, un chaudron bouillonnant de valeurs hypothétiques et pourtant indifférenciées, comme le chat dans la couveuse. Quand elle est accrochée au mur chez quelqu'un, ou dans un musée, elle devient une pièce de la collection, et tire plus ou moins son identité de cette collection. Nulle part elle n'existe par elle-même." P. 280

Vous trouverez dans ce très beau roman tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l'art contemporain sans jamais oser le demander.

Mais un artiste est aussi un être vivant, ordinaire, il a une vie sentimentale, familiale, il évolue dans un environnement... Avec ce roman, Jonathal GIBBS dresse le portrait d'une jeunesse londonienne des années 90, sombrant dans l'alcool, la consommation d'ecstasy... Il profite de cette opportunité pour aborder le sujet de l'amitié et les liens à la vie à la mort qu'elle peut induire.

Ce roman prend enfin la dimension d'un thriller psychologique avec ces oeuvres cachées, inconnues de tous, des petites bombes tant dans le domaine artistique que pour chacun des individus qui s'y reconnaîtrait dans des positions ô combien provocantes. La veuve et l'ami de toujours porteront-ils au grand jour ces oeuvres d'une qualité incommensurable ? Et si une autre personne connaissait également en partie ce secret ?

Malgré qu'il s'agisse d'un roman relevant de l'exofiction, ce mouvement littéraire particulièrement en vogue aujourd'hui, je me suis laissée portée par le destin hors norme des différents personnages. Finalement, qu'ils aient réellement existé ou non m'importe peu, n'est-ce pas là le signe d'un très bon roman ?
Lien : http://tlivrestarts.over-blo..
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Merci beaucoup à Babelio et les éditions BUCHET-CHASTEL de m'avoir envoyé ce roman dans le cadre d'une masse critique privilégiée.
Ne connaissant pas grand chose à l'art moderne, c'est avec un immense plaisir que j'ai découvert le personnage de Randall, son univers, ses amis, et notamment son ami Vincent, grâce à qui nous découvrons l'artiste.
J'ai beaucoup aimé les différents personnages, l'univers de ce roman et c'est avec plaisir que je l'ai dévoré.
ça change de mes lectures et j'ai apprécié.
Seul petite chose : le langage parfois très familier, quelques gros mots, mais bon, ça passe quand même :)
Une bonne surprise donc que ce premier roman réussi, je lui mets avec plaisir 4 étoiles et je vous invite à le découvrir à votre tour :)
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