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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un magnifique tome toujours autour de la guerre civile espagnole vécue par Mattéo. Un opus plus sombre que les précédents, des personnages toujours attachants, des rapports entre eux qui se précisent, un destin particulier souvent funeste pour la plupart d'entre eux, des dessins superbes... et toujours une fin qui nous laisse en émoi et en attente du prochain...A quand le sixième tome!
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Le cinquième épisode de Mattéo, le Cyrano de Jean-Pierre Gibrat, lyrique, poète, intrépide qui fait mouche à chaque envoi.

Pour Mattéo, la météo est en apparence ensoleillée, à la tête de sa section de forces républicaines il a réussi à mater et chasser les franquistes du village. Il s'est même installé dans la confortable demeure du roitelet local avec lequel une singulière cohabitation se noue. Des liens d'une autre nature le lient avec la fougueuse et flamboyante Aneshka.

Seule ombre au tableau, la disparition de la pétillante Amélie, qui n'est pas revenue de sa dernière mission aérienne.

L’automne jette sa parure dorée et ambrée mais bientôt il va déposer le malheur dans ce tableau (presque) charmant. La guerre exige son tribut de sang et le lecteur sait dans quelle funeste direction la roue tourne en Espagne à cette période-là. Une vendange tardive se fait avec un linceul qui se fond dans le paysage d'hiver.

Sans aucun doute, ce cinquième album est l'épisode le plus sombre de la série. Jusqu'à présent, dans un environnement tourmenté et tragique, tant sur le plan de la « grande » histoire que dans sa vie intime, Mattéo, tel un funambule avait su conserver un équilibre avec comme balancier ses élans de vie et son humanité. Mais en dépit du dessin toujours aussi lumineux l'obscurité semble avoir pris le dessus et on redoute que le pire reste à venir.
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Amélie et Mermoza partis à bord de l'avion de ce dernier pour effectuer des relevés topographiques dans une zone où s'affrontaient phalanges franquistes et Républicains n'étaient pas rentrés de mission à la fin du quatrième volume de Mattéo et leur sort était resté en suspens tandis que le héros éponyme s'était installé chez le notable du village, Don Figueras. le cinquième tome nous apporte des réponses et, formant diptyque avec le précédent, conclut superbement l'épisode de la guerre civile espagnole en narrant les aventures de nos héros de septembre 1936 jusqu‘à la retirada de janvier 1939.

Depuis le début de la série, Jean-Pierre Gibrat alterne entre des tomes qui couvrent une longue période (14-18 pour le tome 1, la révolution bolchevique pour le 2 et la guerre espagnole pour le 5) et des moments beaucoup plus courts (15 jours en 1936 pour le tome 3 et quelques semaines pour le 4) et il profite de ces différents tempos pour installer les petites histoires des protagonistes dans la grande Histoire…

Ce tome 5 se déroulant dans un quasi huis-clos, le village d'Alcetria, a déjà des allures de conclusion. Sous le soleil plombant espagnol, les espoirs politiques se délitent, les personnages des premiers volumes se retrouvent pour mieux se perdre et c'est le tome des révélations sans happy end. Les relations s'étoffent et acquièrent une vraie densité. Pourtant, Gibrat n'a jamais été aussi peu disert que dans ce volume : il laisse place à toute l'expressivité de son dessin en nous proposant des doubles pages muettes et de nombreuses vignettes de visages en gros plan en champ contrechamp dans lesquelles les regards et les expressions extrêmement travaillés en disent beaucoup plus que de longs discours. Il fonctionne par litote en montrant par exemple la belle Amélie, ex-otage des phalangistes, préférer un Mauser à sa sacoche d'infirmière. L'auteur ne tombe jamais dans la grandiloquence ni dans le pathos. Soit il manie l'ironie (le sentimentalisme des retrouvailles entre Amélie et Matteo quand elle lui tombe dans les bras au moment de l'échange est immédiatement mis à mal par la scène quasi identique dans laquelle le curé abattu finit dans les bras du général) soit il pratique l'art de la retenue. Il use de l'ellipse et de la symbolique aussi comme dans ces grandes cases symétriques dans lesquelles Robert part à la conquête de Saragosse, la fleur au fusil, par une belle journée d'été pour revenir battu et dépité deux pages plus loin – et quelques mois plus tard- à Alcetria un soir d'hiver enneigé.

Dans cette oeuvre très construite, le long monologue de Matteo comme la phrase gimmick d'Aneschka « là y a pas rien » acquièrent une valeur particulière, presque musicale : en devenant point d'orgue et variations. La légèreté initiale se mue en gravité. Petit à petit l'étau se resserre autour des héros : c'est la débâcle historique et la déroute des sentiments. On est loin du « pessimisme sifflotant » des premiers tomes et les confrontations acquièrent ici une grandeur tragique. Gibrat, au sommet de son art, ne semble rien laisser au hasard : le moindre détail est signifiant et ce qui apparaissait comme une digression s'avère finalement capital. On ne sera pas surpris d'apprendre qu'il a en tête le scénario du tome 6 - dont il a déjà écrit la dernière réplique - qui réorchestrera toute la petite musique mélancolique de la série.

« Matteo » est une somme et une oeuvre rare dans la bande dessinée parfaitement orchestrée scénaristiquement et splendide graphiquement…déjà un classique dont on attend, avec une impatience mêlée de tristesse, le dénouement.
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Guerre en Espagne, deuxième partie. Après avoir repris un village aux franquistes, il faut tenir les positions, et le garder. C'est ce qui sera au centre de ce cinquième tome pour les combattants de la République, ainsi qu'une découverte plus qu'inattendue, dans ce même village, pour Mattéo, qui continuera de bouleverser ses convictions et idéaux les plus profonds.

Un deuxième partie qui clôt particulièrement bien cette parenthèse espagnole, déterminante tant pour L Histoire, que pour l'histoire de Mattéo, avec des graphismes toujours aussi léchés, mettant particulièrement bien en valeur la saga historique.
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Le village d'Alceteria a été pris et la République socialiste et anarchiste peut installer ses idées dans cette enclave. Propulsé au rang de chef, Mattéo prend le temps de discuter avec le vieux franquiste en fauteuil roulant qui occupe le bas de l'hacienda où il réside avec ses compagnons d'arme... lorsqu'il ne doit pas calmer les ardeurs guerrières de la belle Aneschka. Mais rapidement les nuages s'annoncent sur leur utopie quand la guerre civile se rappelle à eux...

Les textes de cette série sont grands! de ceux qui respirent l'énergie intelligente, à la fois très politiques, drôles, sans doute écrits avec facilité par un auteur dans son jardin. Je rappelle régulièrement combien être scénariste ne s'improvise pas et que beaucoup de dessinateurs confondent les deux rôles. Comme son confrère Bourgeon il fait partie des pas si nombreux auteurs de BD à part entière dont les scénarios sont au moins aussi excellents que les dessins.
Aux beuveries désinvoltes du précédent volumes qui faisaient écho à un esprit naïf de ces guerres idéologiques du XX° siècle, cette cinquième époque apporte l'hiver de la dure réalité de la guerre. Celle des morts et de la défaite. Si le texte reste léger et cynique comme son narrateur, le drame est réelle et le lecteur un peu historien le sait inéluctable. Il n'y a rien de plus amère que de revoir ce qui aurait pu être, de voir dans les magnifiques aquarelles de Gibrat cette utopie anarchiste naître et mourir.[...]

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Amélie a été faite prisonnière par les franquistes mais Mattéo à la possibilité de la faire libérée grâce à un échange de prisonniers avec les Phalangistes. Même si tout le monde n'est pas d'accord sur le principe (enfin Aneschka principalement), l'échange se fera entre le curé et Amélie dans un échange à haute-tension…
Un cinquième album qui termine le cycle de la guerre en Espagne où on va constater l'échec des Républicains dans la révolution, et par la même de Mattéo. Celui-ci va aller de déconvenues en déconvenues, de tristes et terribles désillusions même !
Un tome captivant et pleine de révélations qui voit s'éloigner de nombreux personnages attachants et démarre un nouveau cycle avec la Seconde Guerre mondiale en ligne de mire…
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Suite directe du quatrième volume, sans ellipse, nous retrouvons Mattéo toujours au coeur de la Guerre Civile d'Espagne en compagnie des anarchistes au sein d'un village... le village de son père.

Mêlant révélations intimes et peinture histoire, ce dernier album de la série Mattéo est pour moi un véritable coup de coeur. le précédent volume introduisait simplement la guerre en Espagne à travers l'attente de la prise d'un village par les anarchistes menés par Mattéo. Cet album conclût cette prise de septembre 1936 à janvier 1939 tout en ouvrant une nouvelle étape dans la vie de Mattéo tandis que vont apparaître les heures les plus sombres de la Seconde Guerre Mondiale.

Cette cinquième époque est riche en couleurs. On ne le dira jamais assez mais Jean-Pierre Gibrat est l'un des meilleurs artisans de la colorisation qui soit sans passer par la case du numérique, tout en couleurs directs et utilisations d'encres acryliques. Un titre dans lequel Gibrat fait "chanter les couleurs" comme il le déclare lui-même dans une interview pour le site Forbes.

Cet album est très saisonnier . Il signe la fin de l'été avant de plonger peu-à-peu dans l'automne et la période hivernale en glissant subtilement sur certains ellipses. C'est un album de fin de cycle qui signe aussi bien la fin de certains personnages que la fin d'une époque pour Mattéo.

Ainsi dans ce titre, sans spoiler, quelques protagonistes connaissent leurs fins, toujours sous les yeux d'un Mattéo qui reste et demeure un écorché vif survivant témoin de la mort des autres, témoin du temps... Jamais Mattéo n'a été aussi touchant dans son rapport avec les autres personnages, lui qui s'était emmuré dans une mélancolie sourde depuis la fin de son bagne se voit devenir complice avec le noble vieillard ennemi du village ou encore se confesse à Amélie. Les dialogues sont portés par des sentiments sincères toujours écrit avec justesse.

La discussion entre Amélie et Mattéo dans un petit fourgon militaire abandonné au bord d'une route est juste hypnotique... On se délecte de la qualité de ces planches sur lesquelles la neige tombe à gros flocons dans la noirceur bleutée d'une nuit, une noirceur uniquement rompue par la lumière d'une flamme allumant une cigarette. On respecte le silence désespéré quand Mattéo enterre l'un de ses proches sous cette même neige à l'aube d'un jour fatidique.

Encore une fois, tout est immersif, en tant que lecteur, on rentre totalement dans le quotidien de Mattéo et on partage ses peines. Un album plutôt bouleversant avec des personnages qui sont toujours aussi marquants à commencer par Amélie qui l'une des héroïnes de cette série à vraiment se métamorphoser. C'était déjà souligné dans le précédent tome et dans ce tome-ci, on devine que sa capture l'a rendue plus forte et vulnérable à la fois. On devine son trauma passé sous silence.
La vie d'Amélie fait écho à celle de Mattéo et nul doute que ces deux personnages se retrouveront tôt ou tard...

Ce cinquième et dernier opus de Mattéo paru à ce jour est sans doute la composition la plus bouleversante de la série. Il s'en dégage une véritable aura de fin de cycle avec cette mise en valeur d'un Hiver qui scelle aussi bien le destin de certains personnages que la fin d'une époque pour ce survivant qu'est Mattéo.

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Ce n'est peut-être pas le meilleur volume de la série, la faute en incombant à une histoire un peu statique qui nous donne l'impression d'assister de très loin à la guerre civile espagnole, Gibrat confinant ses personnages dans le petit village d'Alcerita, qui protège la vallée d'Alcarras.
Sans doute est-ce à l'image du personnage de Matteo, à la fois toujours là, dans les tranchées, en Russie, en Espagne...et se cherchant sans cesse. Sans doute est-ce aussi la volonté de Gibrat, de mettre les destins individuels au premier plan. Quoi qu'il en soit, cet album comme les précédents de cet auteur, se situent à cent coudées au dessus de la production moyenne.

Nous retrouvons donc la petite troupe que Matteo commande vaguement (les anarchistes marchent difficilement au pas), qui s'apprête à passer l'hiver. Peu de faits d'armes à signaler, hormis un échange de prisonniers : la belle infirmière Amélie (qui était tombée aux mains des franquistes), contre le curé sniper. Ce deal convient si peu à Aneschka la polonaise, toujours un peu jalouse de la relation pourtant platonique entre Matteo et sa "femme d'à côté" de sa vie, qu'elle n'hésite pas à déséquilibrer la balance commerciale entre les deux factions en abattant le corbeau caudillophile.
Curieusement, cette entorse à l'accord n'emporte guère de conséquences immédiates. Ça ne va pas toutefois pas durer, les franquistes poursuivant leur conquête inexorable du pays face à des adversaires désunis et démunis, partagés entre communistes instrumentalisés et anarchistes inadaptés. Pim, Pam, POUM.

L'intérêt est ailleurs que dans les scènes de combat. Gibrat excelle à cerner la psychologie de ses personnages par petites touches légères, distillant même ses retournements de situations avec délicatesse. C'est ainsi que Matteo va découvrir par hasard sa véritable identité et avoir confirmation que son destin de pacifiste contrarié est quand même sacrément joueur. Certaines scènes tout en nuances, peignent malgré tout l'horreur (on comprend qu'Amélie n'est pas revenue tout à fait intacte de sa captivité) .

Faut-il encore parler du dessin ? Même si on pourrait s'étonner (encore que du "Vol du Corbeau" au "Sursis", c'était déjà le cas) de la similitude de traits entre ses différentes héroïnes, il faudrait quand même être un sacré pisse-froid pour s'y attarder. Car Gibrat dessine divinement bien et procure du plaisir à chaque vignette, paysages noyés de soleil ou ouatés par la neige, trognes de caractère et femmes -on y revient- sublimes.

En revanche, il importe de souligner qu'encore une fois, le texte est à la hauteur avec des dialogues précis, drôles ou désabusés : "dire que gamine je rêvais de faire de la musique, j'aurais juste fait un peu de bruit", "Au son émoussé des canonnades, nous mesurions le recul du front. La guerre se déchirait un peu plus loin. L'aviation nous la raccommodait", "je l'ai vu grandir et devenir le contraire de ce que j'espérais...et dans cette image inversée de vous-même, vous vous reconnaissez un peu, c'est ça le plus douloureux", "vous êtes la femme d'à côté de ma vie, ma chère Amélie et c'est parfait ainsi"....

Matteo retrouve la France à un moment où le pire est pressenti, le brouillon de la guerre d'Espagne prêt à se transformer en grande fresque tragique, un cran supplémentaire vers l'abomination.

1939 est à venir et sans issue.

MA-GNI-FIQUE !
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Dans le tome 4, Mattéo s'était installé chez Don Figueras à Alcetria. Pendant ces deux années de guerre civile, ils ont eu le temps de discuter et faire plus ample connaissance . Ce dernier propose d'échanger Amélie, une prisonnière des franquistes contre le curé de la paroisse (voir T4). Passé l'échange et les retrouvailles, Mattéo découvre un partie de son passé totalement inatendue. Mais cette révélation ne sera que de courte durée. En effet, la guerre se rapproche de plus en plus et les franquistes gagnent du terrain sur tout les fronts... Une course contre la montre s'organise pour évacuer tout le monde, avec son lot de malheur.

Que dire de cet album ? Il est tout simplement excellent comme les 4 derniers récits. Comme d'habitude avec Jean-Pierre Gibrat, on en prend plein les yeux tellement il est doué pour mettre en images ces récits. En prime, il y a une révélation attendue depuis longtemps et une fin qui pose des questions sur le futur de notre héro. 

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Une petite musique mélancolique (par bd.otaku)

Cette cinquième (et avant-dernière) époque de « Matteo » est le tome des révélations : révélations sur le destin des personnages, sur leurs relations et même sur leur filiation. Si l'Histoire est toujours bien présente, la part belle est donnée aux descriptions psychologiques et à l'approfondissement des caractères. Les histoires sont touchantes et pudiques dans une narration poétique toute en retenue et d'amples cases muettes. L'ensemble est magistralement construit et dessiné. A lire et à relire…
Lien : http://sdimag.fr/index.php?r..
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