Au bonheur des filles

Tout l'intérêt de la mode, c'est qu'on est pas tenu de la suivre, quoiqu'on en dise. Aucune tendance n'est obligatoire, ne l'oubliez jamais - et la femme qui s'habille trop dans le style du moment passera pour peu sûre de soi.

C'est là sur notre toit, que j'ai appris cette vérité : quand les femmes sont ensemble, sans homme dans les parages, elles n'ont plus besoin d'être qui ou quoi que ce soit en particulier, elles peuvent juste être.

Si j'avais su à l'époque ce que je sais maintenant, si j'avais soupçonné que nombre de ces magnifiques jeunes hommes allaient perdre la vie dans l'enfer du Pacifique sud ou sur les champs de bataille en Europe, j'aurais couché avec encore plus d'entre eux.
Si je te donne l'impression d'être facétieuse, crois-moi, il n'en est rien. Mes regrets sont sincères. Si j'avais su que tant de ces jeunes hommes seraient bientôt brisés, blessés, brûlés, condamnés, nous aurions encore plus profité de tout ce que la vie nous offrait. Je me demande où j'en aurais trouvé le temps, certes, mais je me serais démenée pour les caser jusqu'au dernier dans mon emploi du temps.

Plus jeune, j'avais voulu me trouver à l'épicentre de tout ce qui se passait en ville, mais j'en arrivai progressivement à comprendre qu'il n'existe pas de centre à New York. Le centre est partout où quelqu'un vit sa vie. C'est la ville aux centaines de milliers de centres. 
Savoir ça, étrangement, décuplait la magie des lieux.

Partir vivre à New York, s'y installer pour la première fois, est une chance qui ne se présente pas deux fois dans une vie, Angela, et c'est toute une histoire.

Mon frère avait remisé ses joujoux vers l'âge de neuf ans, et sa petite soeur avec. Je ne faisais pas partie de sa vie, et je le savais.

Quantité de gens de nos jours peuvent coudre un vêtement mais rares sont ceux qui savent les construire. Un costume est un accessoire de scène, Vivvie, au tant que n'importe quel meuble ou objet, et il se doit d'être résistant. On ne sait jamais ce qui peut se passer pendant un spectacle, et un cos tume doit parer à toute éventualité.

Étrangement, je n'étais pas du tout désemparée de me retrouver seule à New-York, sans plan précis ni chaperon. J'étais certaine que tout finirait par s'arranger. Peut être est ce là une marque de fabrique des privilèges : certaines jeunes filles bien éduquées ne peuvent tout bonnement pas concevoir que quelqu'un ne volera pas à leur secours dans les plus brefs délais.
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En outre, je commençais à douter que le mariage soit, finalement, une si bonne affaire pour les femmes. Quand j'observais autour de moi celles qui étaient mariées depuis cinq ou dix ans, je ne voyais jamais rien d'enviable à leur sort.

Mais à compter de dorénavant, petite fille, battez-vous pour vous même. Et maintenant, ouste! Vous avez suffisamment gâché ma soirée, à faire fuir tous les gens importants, tels deux épouvantails."