En 1970, la société de consommation s'installe confortablement, et hypermarché apparaît. Le mot sans-papiers s'installe en 1975, homophobie en 1977, climato-sceptique en 2004...C'est vraiment l'histoire contemporaine de la France qui se raconte à travers les mots qu'adopte le pays. (p. 200)
C'est vrai, la langue française est exigeante. Aussi savant soit-on en la matière, champion de dictée, correcteur de presse ou Immortel du Quai Conti, on n'a jamais fini de l'apprendre, tant les règles qui la régissent sont nombreuses, emberlificotées à plaisir, et assorties de régiments d'exceptions plus baroques les unes que les autres. Et c'est précisément ce qui en fait toute la joie et les délices. (p. 128)
Permettre aux criminels d'échanger entre eux sans être compris des citoyens ordinaires, et des forces de l'ordre en particulier, est donc la fonction première de l'argot. C'est pourquoi, dès que certains mots commencent à pénétrer dans la langue du commun des mortels ou à être compris par eux, la pègre, instinctivement, naturellement, en cherche de nouveaux. (p. 99)
Les accents régionaux et les régionalismes - les expressions typiques d'une région, comme peuchère - relèvent de l'identité des terroirs, sans compter que ce sont des petites perles qui participent à la saveur des voyages, des rencontres et des vacances. D'une certaine façon, on parle plusieurs français en France... [...] Alors évidemment, on évite les régionalismes dans les lettres de motivation, mais ailleurs, interdit de les interdire, ils sont si jolis ! (pp. 78-79)
Vous me direz qu'il y a pas mal de gens qui ne lisent pas [...] Par ailleurs, lire, ce n'est pas uniquement lire des livres. Même ceux d'entre nous qui sont persuadés de ne pas lire lisent à longueur de journée : il y a de l’écrit partout, dans nos vies, sur les panneaux, à la télévision, sur les affiches, les menus des restaurants, les paquets de lessive et même les paquets de bonbons. Autant occasions de remarquer et de retenir l'orthographe des mots. Et le plus chouette c'est que, bien souvent, on les apprend ainsi sans vraiment faire d'effort. (p. 46)
Pour se plaindre des embarras de circulation, nos cousins du Québec évoquent les congestions, les Suisses les colonnes et les Belges les files de voitures....Curieusement, en France, quand on ne parle pas d'embouteillages, on parle de quoi ?... De bouchons !
Est-ce parce qu'il leur est si douloureux de choisir entre boire et conduire que les Français sont les seuls à avoir inventé non pas une mais deux métaphores alcoolisées pour les embarras automobiles ? Ce n'est pas impossible... (p. 15)