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Citations sur Angelo (13)

Il n'y a pas de tâche plus noble que la poursuite du bonheur. Là aussi, il est difficile de rester pur sans être dupe, mais quelle victoire si on y parvient ! Iĺ y faut presque autant de bravoure. Je me suis laissé prendre à l'illusion de la quantité. La bonne opinion qu'on avait de moi, j'ai voulu la justifier en me sacrifiant au plus grand nombre. Quel bonheur, au contraire, si je pouvais mettre mon coeur au service de la qualité ! Cette qualité n'étant même contenue que dans une seule personne.
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Quelle liberté nationale me donnera jamais plus de joie que ma propre liberté ? Il n'y a pas de sublime commun.
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N'essaie pas de me faire encore prendre un brougham pour un cabriolet.
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J'ai manqué ma vie, se dit-il. J'ai cru voir de la grandeur à lutter pour établir la liberté. Je ne serai arrivé qu'à établir des hypocrites dans les ministères de mon pays. Il n'y a pas de tâche plus noble que la poursuite du bonheur. Là aussi, il est difficile de rester pur sans être dupe, mais quelle victoire si on y parvient !
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L'esprit d'Angelo était très occupé par la beauté des grands arbres du parc. Il étaient célèbres. Il y avait notamment une centaine de hêtres pourpres les plus admirables qu'ont pût imaginer. Torturées par le vent d'hiver, les branches craquaient comme des vergues. Il imaginait ce qu'allait être l'installation du printemps dans ces échafaudages monstrueux.
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On sort de Gap par une longue montée, dans laquelle l’attelage garda le pas. De chaque côté de la route, des bosquets de chênes, que leurs petites feuilles neuves rendaient vaporeux, tordaient d’éclatants muscles noirs. Un allègre soleil de mai s’était levé. L’herbe, sur laquelle fumait l’abondante rosée de la nuit, éblouissait comme de l’eau. De petits bergers blonds, déjà râblés comme des montagnards, gouvernaient dans le sous-bois des troupeaux de chèvres. Ils soufflaient dans des clarines de terre, et ils vinrent en courant jusque sur le talus saluer le passage de la malle avec une fanfare aigrelette qui, à travers le bruit des roues, ressemblait à la criaillerie des alouettes. Il y avait tant de gaieté dans ce départ du matin qu’on les salua en agitant les mains et qu’on leur jeta des sous qu’ils coururent ramasser dans la poussière.
De son impériale, Angelo voyait se déployer autour de lui les murailles d’un vaste amphithéâtre de montagnes mordorées. Elles portaient jusque dans le bleu de gentiane, au milieu du ciel, des pointes de glace acérées, empanachées de poussières de bise. Dans les anfractuosités des immenses gradins, au milieu de la bure éteinte des mélèzes, éclataient le vert acide de petits champs de seigle, le noir lustré d’un toit d’ardoise, le vermeil d’un chaume, le bariolage des façades d’un petit hameau perdu, l’écume d’une cascade. Le moutonnement des bosquets, qui bordaient la route, allait se fondre au fond de la vallée dans une forêt de chênes où s’ensevelissait le tumulte du racinage des montagnes. Un mouvement général de la terre et des arbres soulevait les couleurs et les formes et donnait à tout le paysage une exaltation, une véhémence soulignées par le battement de flammes d’argent de peupliers dans le vent, une allure de départ qu’accentuait le tournoiement des corbeaux.
Angelo était à l’instant même en train de cruellement souffrir. L’odeur des chevaux et les huit énormes croupes solides qui tiraient la malle avec une grande santé paisible l’avaient fait se souvenir de Boïardo, le cheval noir qu’il avait vendu à Briançon. « Pourquoi t’ai-je laissé, se disait-il, et vendu à ces hommes incapables d’aimer si j’en juge par la façon dont ils sortent les écus de leur bourse ? On voit bien que c’est le seul trésor de leur vie. J’ai manqué à l’amitié et à l’honneur. Il fallait avoir le courage de t’égorger et et t’aider à mourir. Mais, se dit-il brusquement glacé d’horreur, comme il prononçait le mot courage, je suis le menteur le plus lâche qui soit. Et le plus bête. À quoi bon me mentir à moi-même ? La vérité est évidente : je n’ai même pas pensé une minute à toutes les merveilleuses qualités de cet ami, à son amour fidèle et dévoué qui, chaque jour, ajoutait à mon bonheur de vivre ; je n’ai pensé qu’à la sécurité la plus mesquine. Il est vain de vouloir me faire croire que je l’ai épargné par tendresse : je l’ai simplement vendu par prudence et pour que le cadavre d’un cheval égorgé dans les bois n’attirât pas l’attention de la police. Et je parle toujours de grandeur ! »
L’incontestable grandeur du cirque de montagnes et la palpitation dorée de la majesté du jour alourdissaient le sentiment qu’il avait de sa médiocrité. Le fait qu’il fût assis sur une banquette que huit chevaux traînaient au pas, au lieu d’être en plein matin, en train de caracoler librement dans l’éventail des lumières, lui semblait significatif.
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Il n'y a pas de tâche plus noble que la poursuite du bonheur.
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Le charmant Cavour n’avait pas encore commencé à vocaliser entre ses favoris roux les cavatines de sa « politique gaie ». Les sociétés noires chantaient déjà la basse noble de l’opera seria dans les forêts du royaume sarde.
Les affiliés à l’œuvre du Charbon se recrutaient dans toutes les classes de la société. Des nobles, des artisans, des officiers, des marins, des professeurs, des soldats, des étudiants, et même des femmes fougueuses mais que le délice de cette politique romanesque rendait discrètes, composaient un ardent compagnonnage d’ombres où étaient placés à l’honneur le courage et la sainteté des serments.
Le danger couru était très grand. Malgré la sympathie qu’un immuable ciel d’azur donne pour les idées généreuses et la température méditerranéenne du royaume qui rend l’assassinat patriotique adorable, on était obligé de fusiller les bons assassins avec de grands coups de chapeau, mais de fort vilaines balles sardes. Les nerfs de la monarchie autrichienne ne supportaient pas la perte du plus petit de ses espions, et elle soutenait ses vapeurs avec quarante divisions de grenadiers athlétiques.
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"Etes-vous heureuse ? dit-elle. - Très heureuse", dit la jeune femme d'une voix calme. "Et c'est la vérité, se dit la Marquise, cette voix ne trompe pas. Je vois dans ses yeux l'image immobile d'un arbre qui est au moins à cent pas de l'autre côté de la pelouse. C'est de la vérité absolue."
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Il commençait maintenant à faire parfois très chaud. Souvent, le sud s'ouvrait pour des périodes de vent d'Afrique, qui charriait la pluie dans des remous étouffants. Puis d'immenses journées de cuivre blond s'arrondissaient dans les collines.
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