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Qualifié comme un simple rapport de laboratoire, ce long texte n'est, aux dires de l'auteur lui-même, qu'une étude susceptible de servir par la suite à l'écriture d'un roman : le hussard sur le toit. Giono y fait naitre un jeune personnage flamboyant et idéaliste, Angelo, colonel des hussards de Sardaigne, épris de liberté et qui fuit son pays après avoir tué d'un coup de sabre un espion autrichien, le baron Schwartz. Dans sa fuite, qui le conduira des Alpes jusqu'à Aix, Angelo croise une foule de personnages tous plus énigmatiques les uns que les autres, qui paraissent tous engagés dans des conspirations mystérieuses dont on ignore les motifs. Et l'on se demande de laquelle il finira bien par être l'instrument. S'en dégage une atmosphère quelque peu irréelle et envoutante dont le théâtre se situe dans le pays d'Aix, le Var et l'arrière-pays Provençal merveilleusement évoqués par l'auteur, dans une langue d'une très belle poésie où se rencontrent des associations de mots improbables que seul Giono sait faire naitre. L'amour est bien évidemment présent au travers de belles figures féminines qu'Angelo croise, dont la plus charmante est celle de Pauline.
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L'esquisse d' "un Hussard sur le toit".

Roman mélancolique se déroulant à travers une Provence quasi onirique.
Angelo, officier des hussards, fuit son Piémont natal après l'assassinat d'un baron autrichien, ennemi à sa cause. Son périple l'amène de Gap à Aix à la rencontre de personnages ambiguës, pleins de mystères et souvent empreints de duplicité. de la marquise de Théus au vicaire général d'Aix en passant par l'exquise Anna Clèves, Angelo sera confronté à de subtiles conspirations comme à de délicates attentions féminines.
Ouvrage profondément nostalgique qui conjugue des caractères sensibles à de hautes valeurs morales. Et ce n'est qu'une esquisse...
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"Si vous étiez familier de notre jargon je vous dirais même que ma reine est en fâcheuse posture. Mais j'emploie toujours très habilement les cavaliers. Ce cavalier noir qui est sur la case F 5, je le porte sur la case E 7. Voilà ma reine sauvée. (...) - Que ne ferais-je pas pour sauver la reine ? dit Angelo en riant."

"(...) rédigé à toute allure", vraiment ce prodigieux roman, cette parfaite esquisse ? Il faut se méfier des écrivains hâbleurs dont le regard bleu frissons poétise la légende. Giono ne prétend-il pas qu'il fabriqua en six jours cet échiquier de palissandre sur lequel, préquelle du Hussard sur le toit, il fit se mouvoir ses pièces d'ivoire et d'ébène, délicatement chantournées.

En premier lieu, le cavalier, Angelo Pardi, "épi d'or sur un cheval noir" ou "enfant de minuit", c'est selon. Pour son héros ambivalent (intrépide et timide, indomptable et docile, généreux et impatient), Giono confectionne sur mesure un uniforme de hussard où le sang du dolman est éclaboussé de l'or des passementeries. Sabre au clair, le jeune prodige mi-diablotin, mi-angelot, va aux brisées avec crânerie mais rosier romanesque et chérubinisant, un parfum -odor di femina- lui fait trémuler l'âme. Objet de tous les désirs, l'audacieux insatiable est l'aimé de tous, l'amant de personne.

Fuyant la vindicte piémontaise pour avoir pourfendu un officier autrichien, passant de Gap à Aix, les déplacements de ce cavalier l'amèneront à rencontrer tout d'abord la vieille marquise Céline de Théus. Cette antique amoureuse, massive comme une tour, voue une passion corrodante à un fantôme, celui d'un mari sensuel et volage ce qui nous vaut une bouleversante confession à l'abri d'une chaise à porteur. La jeunesse d'Angelo saura aiguiser ce coeur émoussé.

Puis notre hussard se mesurera à la personnalité adamantine d'un noble malandrin, le séduisant Laurent de Théus, trouble roi d'un peuple de brigands, et à celle plus ambiguë et suave du vicaire général d'Aix, fou charmant dont l'attitude paternelle travestit des désirs incestueux.

Il nous faudra patienter pour qu'enfin Angelo rencontre celle dont il vénère, fragrante relique, le mouchoir brodé : la troublante et gracile Pauline de Théus dont le bonheur conjugal semble immaculable. Reine intangible, fantasme ultime, Angelo l'entraînera peut-être -on peut le rêver- dans une étourdissante valse des regrets.

Pat !

Récit envoûtant, Angelo sollicite intelligence et imagination. Vernissées avec soin, les aventures du fringant hussard crépitent de sublimités : Giono écrit sec et dense. Il ose le romanesque exalté et les dialogues minéraux à force de concentration et éperonne au sang notre plaisir.

C'est beau et exaltant.

"Il n'y a pas de tâche plus noble que la poursuite du bonheur."
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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La première concrétisation de l'image qui a fulguré dans l'esprit de Giono celle « d'Un hussard du roi de Sardaigne étincelant dans son uniforme comme un épi d'or sur son cheval noir. » . Angélo est écrit juste après la fin de l'incarcération de l'auteur en 1945 et , après la boue et l'ombre , il a faim de romantisme et de l'éblouissement du soleil sur la Sainte Victoire . Ce roman est une ébauche , un galop d'essai mais surtout une délivrance . L'intrigue (amoureuse ou historique) importe assez peu , mais le style , ah , le style ! Comme j'ai rêvé de galoper comme Angelo dans ces paysages qui sont ceux de mon enfance !
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Jusqu'ici je ne connaissais pas du tout Jean Giono. A la bibliothèque, j'ai failli choisir l'un de ses chefs d'oeuvre, "Le hussard sur le toit", mais son épaisseur m'a découragé. J'ai préféré choisir "Angelo", plus court, qui met en scène les mêmes personnages - parait-il.
Le héros est un très jeune colonel du royaume de Piémont-Sardaigne qui, en 1832, doit s'enfuir en France: il a tué un espion autrichien, car c'est un patriote adepte des idées révolutionnaires. Presque tout le roman se passe en Provence, où il s'est réfugié. Beau, plein de panache, élégant, mais aussi pas toujours sûr de lui, il affronte diverses aventures et rencontre divers protagonistes assez attachants, comme le subtil vicaire d'Aix ou l'actrice Anna Clèves. Mais le rythme du livre est loin d'être haletant et il n'y a pas de clair dénouement, la fin restant en suspens. C'est très bien écrit, avec de jolies phrases. Toutefois j'ai eu parfois des difficultés à tout bien saisir. Au final, j'ai été à la fois plutôt charmé et un peu perplexe.
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Un peu plus que la « première version » du célèbre « Hussard sur le toit » de Giono, un éclairage alerte et cavalier en diable sur la genèse du jeune colonel turinois Angelo Pardi, exilé en Provence en 1840 après un duel anti-autrichien.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/01/24/note-de-lecture-angelo-jean-giono/

Le jeune Angelo Pardi, colonel de hussards (à une époque, 1840, où les charges militaires s'achètent beaucoup et se méritent parfois un peu) du roi de Sardaigne, fils naturel de la prestigieuse duchesse Ezzia Pardi et redoutable escrimeur, vient de tuer en duel le baron Schwartz, un faux marchand et vrai espion à la solde de l'Autriche, et a donc dû quitter précipitamment Turin pour se mettre provisoirement au vert de l'autre côté de la frontière, en Provence française.

Là, tout en échappant de son mieux aux éventuels questionnements de la part de la police locale, qu'elle soit maréchaussée ou sûreté nationale (même si le fameux Vidocq n'a jeté les bases de ce nouveau service que quinze ans plus tôt, il ne fait déjà pas très bon rôder par les chemins pour les étrangers louches et autres trublions potentiels, dans la France de Louis-Philippe), il fait la connaissance, au hasard du chemin et de la diligence, de la comtesse Pauline de Théus – dont il ne sait pas encore, naturellement, la place immense qu'elle tiendra plus tard dans sa vie, puis séjourne, en exilé et en proscrit néanmoins bien installé, à Aix-en-Provence, où il perfectionne notamment son art de l'épée, tout en déjouant en y pensant à peine quelques intrigues délétères – car les menées et les conspirations font rage, feutrées ou non, ici aussi.

Paru en 1953 en plusieurs épisodes dans La Nouvelle Revue Française, publié en volume en 1958 chez Gallimard, « Angelo » est sans doute le roman le plus emblématique de la situation éditoriale particulièrement chahutée que connut Jean-Giono dans les dix années ayant suivi la deuxième guerre mondiale, situation que nous évoquions déjà sur ce blog à propos de « Un roi sans divertissement » (1947) – mais aussi de la puissante aura littéraire qui s'affirme comme la sienne au sortir de cette période troublée, car il n'est pas donné à tout le monde de pouvoir faire paraître une ébauche (fût-elle aussi sophistiquée que celle-ci), imaginée dès 1934, conçue et largement rédigée dès 1945, après la parution du « Hussard sur le toit » (1951) puis du « Bonheur fou » (1957), ces deux romans étroitement associés nous offrant la version définitive des personnages d'Angelo Pardi et de Pauline de Théus.

Dans cette « genèse », Jean Giono lui-même, comme en attestent divers documents, publics (préfaces et postfaces de diverses éditions du « cycle du Hussard » notamment) ou privés (notes de travail et correspondances, que, fidèle son habitude, nous ouvre la remarquable édition conduite par Robert Ricatte, Pierre Citron et Henri Godard dans La Pléiade), change plusieurs fois d'idées et de lignes de conduite – ce qui explique que ce séjour fondateur d'Angelo Pardi ne se raccorde pas complètement, loin s'en faut, à ce qui se produira plus tard entre Manosque et Turin. Il n'en reste pas moins que ces deux personnages si essentiels pour l'auteur, et si fondamentaux pour les lectrices et les lecteurs, que sont Angelo et Pauline bénéficient ici d'une attention extraordinaire, où la trame de leurs rapports spécifiques au monde et aux humains, à l'honneur et à l'amour, à la politique et à la société – au milieu d'une nature toujours discrètement omniprésente – est déjà palpable et déchiffrée. « Angelo » est bien, ainsi, davantage qu'une ébauche, et déjà une forme redoutable de creuset.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Jean Giono - "Angelo" – Gallimard, Folio (roman conçu en 1945, publié en 1958)

Dans la préface, l'auteur explique comment ce roman est en fait une esquisse, une "première rédaction" de ce qui deviendra plus tard "Le hussard sur le toit".

Intéressant donc à ce titre, mais sans plus par ailleurs.
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"Angelo" est un premier état des caractères, lors de son séjour à Aix-en-Provence. Angelo est un homme binaire et sensible, cela rend son Caractère complexe … : vexé par une gentillesse comme par une faiblesse, noble et plein de morgue, invisible et présent, sa force extérieure est aussi rude que sa ve intérieure est poètique. Il a le bonheur de connaître ses défauts et de les trouver nobles, alors il ne s'inquiète guère de les cacher ou de les guérir. Obligé d'agir, il ne sait pas se faire valoir. Vraiment libre, il ne passe pas d'un maître à l'autre car il est son propre maître.Angelo ne se passionne pas pour ce qui n'en vaut pas la peine, tout est simple pour lui qui ne se contente pas de compromis. Angelo m'évoque la côte de boeuf saisie sur au barbecue, sa surface grillée et croustillante, son coeur plein de sang et de tendreté … Alors, quand il rencontre l'amour de Pauline, il ne désire rien d'autre … le Marquis rompt cette paix, Angelo repart … à suivre dans "Le hussard sur le toit".
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Une histoire se déroulant à peu près dans le même contexte que "le hussard sur le toit", tout aussi agréable à lire.
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Il s'agit ici en fait du "pilote" du "Hussard sur le toit". On y retrouve Angelo, le marquis de Théus, sa femme, Pauline, mais pas le choléra. Angelo, colonel des Hussards de Sardaigne fuit l'Italie après avoir tué en duel un traître à sa patrie. Il doit trouver en France de l'aide auprès des carbonari italiens exilés mais décide de se fixer à Aix-en-Provence, hébergé par le vicaire général de la ville, personnage important de la ville et mystérieux au sens où il semble connaître toutes les affaires secrètes et politiques de sa région. En quelques aventures, Giono campe les personnages principaux de son futur roman phare. 6 jours d'écriture pour "Angelo", 8 ans pour le "Hussard"...selon les dires de son auteur. le style est toujours aussi fort, la psychologie du jeune colonel des Hussards est déjà prête, son romantisme, sa droiture, son panache....Mais passé le plaisir de retrouver ces personnages, et une belle scène d'attaque d'une diligence, la nuit, dans une forêt, le roman s'enlise un peu dans la lenteur, avec cette impression que Giono s'écoute écrire, ce qu'il sait faire avec beaucoup de talent. Dommage, cette petite déception du dernier tiers du récit gâche un peu le plaisirs des retrouvailles.
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