On dit encore cette vieille dégoûtante baliverne : la génération présente doit se sacrifier pour la génération future. On le dit même de notre côté, ce qui est grave. Si encore nous savions que c'est vrai ! Mais, par expérience, nous savons que ça n'est jamais vrai. La génération future a toujours des goûts, des besoins, des désirs, des buts imprévisibles pour la génération présente. On se moque des diseurs de bonne aventure. Il faut sinon se moquer, en tout cas se méfier des bâtisseurs d'avenir. Surtout quand pour bâtir l'avenir des hommes à naître, ils ont besoin de faire mourir les hommes vivants. L'homme n'est la matière première que de sa propre vie.
Je refuse d'obéir.
[...] au fond de l'armée, l'individu a touché l'immonde.
Je n'ai honte d'aucune paix.
J'ai honte de toutes les guerres.
Il est à constater qu'au moment où le peuple est livré à ses bourreaux, une sorte de justice proprement dite le délivre de toutes ses chaînes, et c'est nu et libre qu'il monte sur l'échafaud.
Le monde n'est plus que ce trou de terre pourrie.
[...] c'est ça être désespéré. C'est avoir perdu toute qualité de contenir l'espoir.
Tout le jeu de la guerre se joue sur la faiblesse du guerrier.
Et depuis vingt ans, malgré la vie, les douleurs et les bonheurs, je ne suis pas lavé de la guerre. L'horreur de ces quatre ans est toujours en moi. Je porte la marque. Tous les survivants portent la marque.
La guerre ne protège que la guerre. La guerre ne crée que la guerre.
Quand on est chef de gouvernement on ne peut pas dire la vérité ; on ne la dit jamais. Gouverner c'est mentir.