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Citations sur Le serpent d'étoiles (32)

La prison de quatre murs et tout un cimetière de livres, mais, parfois, ces murs s'écartaient comme une grosse fleur et un déluge de ciel s'abattait là-dedans en bousculade.
Quand on emporte avec soi les mots "chefs de bêtes" et la sourde musique du pin-lyre, on n'est plus l'homme d'avant, on a fait un pas vers les pays de derrière l'air, on est déjà derrière l'air; le monde ordinaire passe juste contre votre dos, devant vous s'ouvre la large plaine des nuages et toute votre peau se gonfle sous la succion des terres inconnues.
Je me souvenais toujours de cette fin de nuit. L'aube venait. Je le sus parce que les yeux des moutons s'étaient éteints tous ensemble. La lune s'enfonça sous l'ombre.
"Profitons des belles heures", dit Césaire.
Le vent tomba; la dernière note s'envola toute seule comme le pigeon de l'arche.
La madame ramassa la grappe d'enfants; elle l'emporta dans la caverne d'argile. La jeune sorcière réveilla son frère, le plus grand après elle et elle l'entraîna en le tirant par la main, lui, pesant tout en arrière, ballant de la tête aux yeux fermés, elle, sèche comme un os, avec les vives antennes de ses yeux jaunes.
Je dis:
"Je coucherai dehors avec le berger."
Oui, j'avais peur de la racine et de cette source du fond de la terre. Le berger me prêta un manteau de bure serré du col, mais tout arrondi de robe et, plié là-dedans cete laine qui sentais le mulet et l'herbe grasse, j'allais m'endormir quand l'homme se pencha sur moi, au blanc du visage et me dit:
"Quand vous reviendrez, je vous conterai ce que j'ai fait le soir de la grande révolte."
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Petit, tu as entendu notre pasteur. Il t'a conté la belle histoire du petit enfant qui n'a pas été reçu par les mains des accoucheuses, mais par la paille, comme sont reçues les bêtes. Il t'a dit que c'était une vierge qui l'avait fait: les bêtes sont des vierges; elles ne salissent pas les gestes qui font la vie. Elles font la vie, simplement: elles vont dans les buissons puis elles sortent avec des enfants-bêtes et, tout de suite, ces enfants-là tâtent la vie du frais du museau et, tout de suite, ils sont lourds d'une grande sagesse qui étonne les hommes. La crèche, la paille, le bœuf, l'âne, la vierge, cette naissance c'est parmi les hommes la naissance d'une bête saine. Voilà la grande leçon. Voilà pourquoi les hommes ont crucifié l'enfant.
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Mamma,regarde la nuit,c'est plein d'étoiles qu'on sème tout juste.Qui c'est qui les sème?Qui c'est qui en a un sac tout plein?C'est des poignées et des poignées qu'on jette;on dirait du riz,regarde.
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Là, le chèvrefeuille des maisons bougeait à peine, des flaques de silence et d'ombre dormaient dans la courbe des murs. C'était de plain-pied l'au delà du vent : un pays où il faut toujours se méfier.
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Elle fut soudain là,dans l'herbe ,comme une source ruisselante d'enfants et , d'elle ,en dernier , sortit ,frêle,rousse , laiteuse et salée comme un matin d'avril ,la jeune sorcière aux yeux de gentiane
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Ce soir-là, c'était l'été, la grande porte donnait en plein sur la nuit. Celle-là est venue à côté de moi et elle a passé son petit bras autour de mon cou. C'était tout juste car j'ai le coup gros et que je pèse, et je lui disais : « retire-toi, je te fais mal », mais elle restait contre moi et j'étais glacée de peur et ele était chaude comme un brasillon à me brûler la peau où elle était collée. Et elle m'a dit :

« — Mama, regarde la nuit, c'est plein d'étoiles qu'on sème tout juste. Qui c'est qui les sème ? Qui c'est qui en a le sac tout plein ? C'est des poignées et des poignées qu'on jette ; on dirait du riz, regarde. »
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Les voilà réunis sur le maigre de Mallefougasse, troupeaux harassés, bergers lourds. La nuit est venue. Ils ont allumé un feu. Il n'y a que la nuit pleine d'étoiles, cette terre toute seule dans le ciel, toute bordée de ciel et, comme aux premiers temps du monde, un océan de bêtes autour de quelques hommes. On s'est serré contre le feu. Cette fois-là, il y avait le Sarde. Et celui-là a raconté des histoires sur les étoiles là-haut, sur la terre de là-dessous ; il a raconté pour faire passer la nuit, et aussi parce qu'il a un cœur tout en reflets où bouge l'âme du monde.
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Tout est venu de ce jour de mai : le ciel était lisse comme une pierre de lavoir ; le mistral y écrasait du bleu à pleine main ; le soleil giclait de tous côtés ; les choses n'avaient plus d'ombre, le mystère était là, contre la peau ; ce vent de perdition arrachait les mots aux lèvres et les emportait dans les autres mondes. Malgré tout ça, on "faisait la foire." On ne peut guère abandonner une foire de mai : si la pluie menace, on prend le parapluie en bandoulière. S'il fait ce vent, on se jette là-dedans à la nage, on gueule des prix, on vit tout le jour les yeux fermés, les oreilles rompues, comme dans une mer, mais, quand même on fait les affaires et, le soir, à l'abri des murs, on ouvre les paupières brûlées par le sel et le vent : le sac des sous, comme une chose arrachée à un fond marin est plein de débris d'herbe et de sable.
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Tu seras le chef de l'or et des pierres, mais sans comprendre les pierres, tu les massacreras avec ta truelle et ta pioche.
Et l'or, fait de lumière, tu le garderas dans la sombre puanteur de ta bouche.
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Ce soir-là, c'était l'été, la grande porte donnait en plein sur la nuit. Celle-là est venue à côté de moi et elle a passé son petit bras autour de mon cou. C'était tout juste car j'ai le coup gros et que je pèse, et je lui disais : « retire-toi, je te fais mal », mais elle restait contre moi et j'étais glacée de peur et ele était chaude comme un brasillon à me brûler la peau où elle était collée. Et elle m'a dit :
« — Mama, regarde la nuit, c'est plein d'étoiles qu'on sème tout juste. Qui c'est qui les sème ? Qui c'est qui en a le sac tout plein ? C'est des poignées et des poignées qu'on jette ; on dirait du riz, regarde. »
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