AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix (34)

On croit qu'il est glorieux de faire le bonheur de tous. Il n'y a pas de pire égoïste que celui qui veut faire par force le bonheur de tous. Il semble se sacrifier aux autres ; en vérité il sacrifie impitoyablement les autres à ses propres besoins.
Commenter  J’apprécie          30
Car qui envisage le gain doit envisager la perte
Commenter  J’apprécie          30
Sous le prétexte de nous habiliter collectivement à la joie on fait de nous des infirmes et on nous emprisonne dans la spécialité de nos moignons. On nous demande d'avoir la foi. On organise avec la destruction de chaque homme la minuscule cellule de la chair d'un immense dieu. On nous promet que, lorsque nous nous serons tous laissé faire, ce dieu sera heureux. L'important n'est pas qu'il le soit. L'important est que nous le soyons. Mais personne n'y pense. On croit qu'il est glorieux de faire le bonheur de tous. Il n'y a pas pire égoïste que celui qui veut faire par force le bonheur de tous. Il semble se sacrifier aux autres ; en vérité il sacrifie impitoyablement les autres à ses propres besoins. Les plus habiles dans cette sorte d'égoïsme sont les jeunes gens. Ils sont les esclaves absolus des États.
Commenter  J’apprécie          00
Créer est une œuvre individuelle. Les créations fascistes ne sont que l'œuvre d'un homme multipliée. Ce sont de simples créations de démesure ; elles ont l'âme tragique de la démesure. […] Toutes les murailles de Chine naufragent lentement dans le sable des déserts ; et Cassandre, sur les marches du palais d'Agamemnon parlant au peuple victorieux, fait voler au-dessus de ses têtes les ailes sombres de la démesure des rois. Les cathédrales n'étaient pas des œuvres collectives, c'était des œuvres successives : les artisans ne se multipliaient pas en elles, ils s'ajoutaient les uns aux autres.
Commenter  J’apprécie          00
La pauvreté, c'est l'état de mesure. Tout est à la portée de vos mains. Vivre est facile. Vous n'avez à en demander la permission à personne. L'État est une construction de règles qui créent artificiellement la permission de vivre et donnent à certains hommes le droit d'en disposer. En vérité, nul n'a le droit de disposer de la vie d'un homme. Donner sa vie à l'État c'est sacrifier le naturel à l'artificiel.
Commenter  J’apprécie          10
Si je fais une différence entre le paysan et le reste de l'humanité, c'est qu'à ce moment-là le départ s'est fait entre ceux qui voulaient vivre naturellement et ceux qui désiraient une vie artificielle. Les villes s'engraissaient. Elles se gonflaient à vue d'œil de rues et de boulevards nouveaux. Des banlieues fumantes de plâtras déchiraient de plus en plus loin autour d'elles avec le hérissement de leurs échafaudages de maçons les futaies et les bosquets. Mais le torrent des hommes qui se ruaient vers la proximité des usines et des manufactures ne pouvait même plus être contenu dans l'élargissement des agglomérations. On éleva les maisons d'étages en étages, superposant des couches d'humanité à des couches d'humanité, les unes au-dessus des autres, mesurant l'espace qu'il fallait à chacun pour se coucher, pour manger, délimitant entre des murs des droits de vivre de trois pièces, de quatre pièces, d'une pièce, des petits casiers dans lesquels, moyennant finance, on avait le droit de se caser, soi et sa famille, et de vivre entre ces quatre murs, toute sa vie, avec naturellement des gestes modifiés, pas trop larges, et de ivre là toute sa vie, et de faire l'amour, avec peu à peu une autre nature, un autre sens de la liberté, un autre sens de la grandeur, un autre sens de la vie que l'ancien sens de toutes ces choses.
Commenter  J’apprécie          00
Nous sommes dans l'extrême multiplication des générations que la technique industrielle a entassées dans les villes.
Commenter  J’apprécie          20
Il ne faudrait pas remonter loin à travers leurs pères pour retrouver celui qui a abandonné la charrue et qui est parti vers ce qu'il considérait comme le progrès. Au fond de son cœur, ce qu'il entendait se dire par ce mot entièrement dépouillé de sens, c'était la joie, la joie de vivre. Il s'en allait vers la joie de vivre. Le progrès pour lui c'était la joie de vivre.
Commenter  J’apprécie          00
De tous côtés l'homme est assailli de promesses d'hommes ; on lui promet la grandeur et la gloire, et la joie par-dessus le marché. Jamais il n'a été plus facile de se faire croire que dans nos temps modernes où nous avons perdu toutes les croyances. Nous avons tellement perdu d'espoir que nous n'exigeons plus rien de celui qui promet. Il n'est plus nécessaire qu'il parle la parole divine ; il nous suffit qu'il parle n'importe quelle parole. Perdus dans la forêt des faux prophètes, le moindre petit sentier nous sauve provisoirement. Les guides nous ont conduits dans des cantons de la vie où la boue nous monte jusqu'aux cuisses ; les lianes arrêtent nos bras et serrent nos cous. Des épidémies de l'intelligence nous enfièvrent au milieu de notre perdition. L'atroce orgueil de ne jamais vouloir nous déjuger nous empêche de remonter les chemins de l'erreur. La moindre petite chose que nous trouvions dans notre malheur, nous en faisons miracle ; nous lui confions tout de suite nos espoirs, nous lui élevons des temples, nous lui consacrons des sacrifices humains sans mesure. Quels progrès avons-nous faits sur les populations barbares dont nous entretiennent les anciens navigateurs, quand aucun de nous ne peut être assuré qu'il ne va pas être brusquement sacrifié sans raison, sur l'autel de la patrie ou sur l'autel de la politique ; quand il est presque certain que vous allez être obligés de donner vos enfants à l'esclavage du temple usinier ; quand chaque jour nos inventions broient paisiblement une bonne proportion de ces hommes qui se confient à leur divinité supposée. La joie, nous n'y croyons plus, mais nous croyons au progrès. Nous ne pensons plus à la joie, nous pensons au progrès. Déjà, personne ne vous promet plus que le progrès vous donnera la joie. On ne vous pousse plus à la poursuivre. On vous pousse à poursuivre je ne sais quelle artificielle grandeur.
Commenter  J’apprécie          00
Se guérir de la peste n'est pas retourner en arrière, c'est revenir à la santé. C'est se retirer du mal. L'intelligence est de se retirer du mal.
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (64) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Jean Giono

    Né à Manosque en ...

    1875
    1885
    1895
    1905

    12 questions
    400 lecteurs ont répondu
    Thème : Jean GionoCréer un quiz sur ce livre

    {* *}