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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après "La guerre de Troie n'aura pas lieu", je poursuis ma découverte de Giraudoux avec cette comédie aisée à suivre car comportant peu de personnages, intervenant souvent en duo, et pas mal de codes familiers.

La belle Alcmène, future mère du héros Hercule, est - chose ô combien étrange - follement éprise de son mari, le grand général Amphitryon ; sa beauté a attiré l'oeil jouisseur de Jupiter, dieu des dieux, et cette gloire qui lui échoit pèse sur elle comme le pire des tourments. Acculée au seul adultère admis des hommes, Alcmène verra sa fidélité rudement mise à l'épreuve de la société et du mythe.

On se surprend à sourire et même à rire tout au long des trois actes de cette pièce d'où sourd l'amour sous toutes ses formes : passion, séduction, état amoureux, fidélité, concupiscence, amitié...

Mercure, personnage aux rôles multiples, tour à tour arbitre, conseiller, messager, héraut, ou encore complice, m'a particulièrement amusée.


Challenge ABC 2018 - 2019
Challenge 1914-1989 / Edition 2018
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Pourquoi ce titre Amphitryon38? Parce que d'après l'auteur cette comédie serait la trente huitième version, d'une pièce dans laquelle le dieu Jupiter veut séduire Alcmène, épouse fidèle d'Amphitryon... Jupiter pour accomplir son dessein n'hésitant pas à prendre forme humaine et à se substituer à l'authentique Amphitryon.
Cette comédie en trois actes, écrite en 1929, a été représentée pour la première fois en novembre de la même année dans une mise en scène de Louis Jouvet.
Le sujet pourrait se rapprocher du drame, mais Jean Giraudoux, manie humour et cynisme, et la pièce reste une comédie... même s'il y est question de guerre et aussi de vengeance divine.
J'ai apprécié cette oeuvre théâtrale, même si parfois, j'ai lecteur pu avoir des doutes au sujet du personnage d'Amphitryon, était-ce bien le mari d'Alcmène qui évoluait, ou Jupiter déguisé en Amphitryon???
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Parmi les 37 qui ont précédé celle-ci je n'ai eu l'occasion de ne lire que deux versions. Il s'agit très certainement des deux plus connues, l'originelle de Plaute et le divertissement royal en vers de Molière.
La variante de Giraudoux a pour elle d'être la plus chaleureuse des trois. Tout en respectant le mythe primitif, il est parvenu à construire une histoire avec des personnages qui nous sont proches. Et pourtant il ne s'agit rien moins qu'une visite rendue à une pauvre thébaine par le dieu des dieux, Jupiter. Malheureusement cette brave dame a un mari auquel elle est fidèle. Ne reste donc comme possibilité à la divinité concupiscente qu'à prendre l'apparence du mari (Amphitryon). Toutefois au préalable il demande à son fils Mercure de négocier auprès de la Nuit pour que cette dernière se prolonge au-delà du normal, afin de forniquer plus longtemps. le plan fonctionne à la perfection. Avant de s'en aller Jupiter déclare au mari, un peu déconfit, qu'il ne doit ni conspuer son épouse, ni se sentir bafouer, bien au contraire, car il a été honoré d'un cocuage divin. Et zioup lui et son fils repartent vers l'Olympe.

Chez Plaute et Molière, les dieux surplombent totalement les agissements des pauvres mortels. En outre il y a chez Molière au minimum de la complaisance, si ce n'est de la servilité envers Louis XIV. Car en faisant de Jupiter celui qui peut tout se permettre sans avoir à se repentir de rien , c'était comme faire le portrait galant de ce jeune roi de 30 ans. Sous Jupiter perçait le Roi Soleil.

Giraudoux, lui, fait de ce personnage omnipotent, omniscient avec tous les attributs de la divinité, une espèce de pauvre gars un peu borné incapable de se remettre en cause, presque un cas psychiatrique. Et c'est Alcmène (la fidèle épouse) qui apaise les souffrances narcissiques de Jupi. Pourtant le pauvre malgré tous ses efforts pour se rendre plus acceptable, c'est-à-dire plus humain en étant plastiquement moins parfait, il ne réussira pas à subvertir cette petite bonne femme de rien du tout. L'argument selon lequel une nuit passée avec un amant est plus intéressante que la même nuit avec un mari ne prend pas. S'il a l'apparence du mari il tient tout de même à s'en distinguer. Donc il invente la fable d'un jeu de rôle auquel se livrerait Amphitryon en pénétrant nuitamment et incognito au domicile conjugal ; par là, il deviendrait un amant illégitime, ce qui est tout de même plus excitant. Or Alcmène imperturbable ne comprend pas l'intérêt d'une telle complication, qui de plus, lui semble totalement ridicule. Ne pouvant parvenir à ses fins par le mensonge, il révèle sa véritable identité. Sous sa forme divine il lui propose en échange de son consentement, l'immortalité. Rien n'y fait, elle ne se laissera pas acheter. Certes parce qu'elle n'est pas une prostituée mais aussi parce que l'éternité ne lui semble pas enviable. N'y pouvant plus tenir, Jupiter met en branle toute sa puissance céleste et assouvit son désir sous les traits du mari. Or la petite Alcmène fait l'innocente, elle ne croit pas ou semble ne pas le croire en dépit de ce que tout le monde affirme. Mais bonne fille, pour que le pauvre ne se sente pas trop diminué, elle lui propose un marché : l'oubli. Eh oui, il suffit qu'une amnésie recouvre les événements qui viennent de se dérouler, lui ne perdra rien de sa superbe et elle pourra poursuivre sa vie de petite femme qui tracera sa destinée de simple mortelle.
Ce retournement est opéré par Giraudoux avec toute la délicatesse et l'élégance d'une écriture que nous ne retrouvons plus guère dans le théâtre contemporain.
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Je n'ai pas lu une comédie, mais une tragédie... A l'heure où la parole des femmes contre leurs agresseurs commence à se libérer, j'ai vu Alcmène comme une victime manipulée et vendue par tous, y compris ses proches, qui, par dévotion, cupidité, hypocrisie ou quête de l'honneur, prêtent la main à ce qui est un viol, qu'il soit commis par Jupiter, le roi des dieux, n'est pas une circonstance atténuante mais un abus de pouvoir. Alcmène n'est pas comme toutes ces mortelles abusées par la grandeur du dieu, elle n'aime que son mari et ne veut pas porter son fils, même demi-dieu. Dans son humanité, c'est un très beau personnage, un peu naïve mais fière, amoureuse et rusée. Mais son apparente victoire contre Jupiter est tragique, puisqu'on sait qu'il a déjà abusé d'elle, sous la pire apparence possible...
Par contrastes, de beaux moments de comédie aussi dans cette pièce, notamment lorsque Mercure apprend à Jupiter à déchoir de sa divinité pour découvrir la vieillesse et les rides des humains...
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J'ai adoré ! Quelle magnifique réécriture de ce mythe ancestral ! J'ai même préféré la version 38 que l'originale de Plaute. Une certaine poésie dans le texte apparait, ainsi que quelques éclats de rire. Une réécriture tout en finesse qui vaut vraiment la peine d'être lu !
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Jean Giraudoux, fidèle à son habitude, se pense sur la mythologie grecque et livre sa version d'Amphitryon, la trente-huitième. Un vrai plaisir !
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Rien de révolutionnaire dans cette pièce qui s'amuse de l'amour, des dieux qui agissent comme des hommes et des hommes qui se prennent pour des dieux. Pour autant Giraudoux sait nous transporter dans une Antiquité fantasmée, celle des rencontres aux flambeaux, des amours splendides et des jeux sensuels. Tout cela est charmant tout en étant parfois désopilant, un savant mélange.
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