Citations sur Journal d'une parisienne, tome 2 : Chienne d'année (27)
La féminité n'est pas une incompétence. Elle n'est pas non plus une compétence.
Dimanche 5 novembre 1995
Hier, Itzhak Rabin, le Premier ministre israélien, a été assassiné. Par un Israélien d'extrême droite.
Choc, émotion, révolte. Geste symbolique abominable. C'est la paix que l'on a voulu tuer.
Samedi 4 novembre 1995
Le terroriste arrêté en France était en liaison avec un autre Algérien basé à Londres, son officier traitant en quelque chose, qui coordonnait les actions en France. Tout cela paraît, cette fois, très sérieux.
Mercredi 1er novembre 1995
La police semble avoir mis la main sur un gros poisson. Un étudiant de vingt-huit ans, algérien, qui s'apprêtait à faire exploser par complices interposés une voiture piégée sur un marché de Lille.
Surveillance, filature, enquête minutieuse, collecte d'indices parfois minuscules. Boualem Bensaid a été débusqué par des écoutes téléphoniques branchées sur toutes les cabines de son quartier.
Il est apparemment l'une des têtes des réseaux terroristes en France. Combien sont-elles, ces têtes, c'est maintenant toute la question.
Mardi 17 octobre 1995
Nouvel attentat dans le métro parisien. Pas de morts, mais des blessés grièvement atteints.
Il fallait s'y attendre. Il est clair qu'aucune mesure de prévention ne peut éliminer tous les risques, tant il paraît simple de déposer une bombe rudimentaire dans un lieu public. M'est revenue en mémoire la phrase de Chateaubriand : "Je ne connais rien de plus servile, de plus méprisable, de plus lâche, de plus borné qu'un terroriste."
On a peine à comprendre, dès lors que les assassins se sont clairement désignés que Jacques Chirac ait choisi de rencontrer, le 22 octobre, le président algérien Zeroual et qu'il mette ainsi de l'huile sur le feu. Est-ce bien opportun?
Reste qu'il nous faut désormais vivre avec le terrorisme et vivre calmement.
Lundi 9 octobre 1995
Les attentats ont été revendiqués par un document signé du GIA dans un texte qui fait allusion à une missive secrète adressée à Jacques Chirac et le sommant de se convertir à l'islam. Si tout cela n'était tragique, ce détail serait comique.
Mais le document, signé Djamel Zitouni, est lourd de menaces.
Dimanche 10 septembre 1995
Vu un film dont on m'avait dit merveille, Sur la route de Madison. Déception. Histoire d'amour entre Clint Eastwood et Meryl Streep en forme de leçon de morale qui m'a laissée froide comme un poisson, malgré la qualité des interprètes.
Vendredi 8 septembre 1995
Entre la bombe du Pacifique et les bombes terroristes, le climat n'est pas précisément joyeux.
Hier, à Lyon, c'est une voiture piégée qui a explosé devant une école hébraïque, quelques minutes avant la sortie des enfants. Par miracle, la pendule de l'école retardait. Sinon, c'eût été un massacre. Un massacre d'enfants.
Toutes les hypothèses circulent sur l'origine et les motifs des terroristes. La plus courante : il s'agit pour le GIA de punir la France pour ses fournitures d'armes au gouvernement algérien et de l'obliger à suspendre ses livraisons. C'est vraissemblable.
Lundi 4 septembre 1995
De nouveau une bombe désamorcée à proximité du marché de la Convention.
Très désagréable.
Que veulent les meurtriers? Qui sont-ils? "Qu'est-ce qu'on leur a fait?" comme dit Guy Bedos. Et comment trouver des aiguilles dans une meule de foin?
Heureusement, la population garde son sang froid. Pas de panique. Seulement une petite angoisse diffuse.
Dimanche 3 septembre 1995
De nouveau une bombe à Paris, sur le marché du boulevard Richard-Lenoir. Le détonateur n'a pas fonctionné, et il n'y a que quatre blessés légers.
Désagréable.