Citations sur Journal d'une parisienne, tome 2 : Chienne d'année (27)
Mardi 31 janvier 1995
Attentat à la voiture piégée particulièrement meurtrier à Alger : quarante-deux morts. La veille plusieurs milliers de personnes avaient manifesté contre le terrorisme dans les rue de la capitale. Un tract signé par les islamistes circule, annonçant qu'ils comptent faire cinq mille victimes pendant le Ramadan. Dans la population, on tremble. Assassiner au nom de Dieu, c'est le délire suprême.
Mardi 21mars 1995
Une journaliste de la télévision algérienne, Rachida Hammadi, a été grièvement blessée et sa soeur assassinée alors qu'elles circulaient en voiture sur les hauteurs d'Alger.
Les islamistes s'en prennent maintenant systématiquement aux femmes. Neuf d'entre-elles ont été tuées par balles ou égorgées depuis neuf jours. L'Algérie n'est plus une nation. C'est une boucherie.
Dimanche 5 novembre 1995
Hier, Itzhak Rabin, le Premier ministre israélien, a été assassiné. Par un Israélien d'extrême droite.
Choc, émotion, révolte. Geste symbolique abominable. C'est la paix que l'on a voulu tuer.
Mardi 14 février - Quel est le secret des Américains pour que leur cinéma soit toujours efficace ? C'est peut-être qu'ils s'adressent au public. Pour eux, il n'y a pas deux publics, l'un qui serait éduqué, et l'autre populaire. Il y en a qu'un, et il n'y a qu'une culture, celle de tous. La notion de public populaire n'existe pas aux Etats Unis comme elle existe en Europe, en France, en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Italie... Là-bas, on vise tout le monde; Et on atteint tout le monde. C'est une différence culturelle qui contribue à rendre l'industrie américaine irrésistible. Et menaçante pour peu qu'il reste de la production européenne.
427 - [Points P334, p. 53-54]
Lundi 23 janvier 1995
Encore une vilaine "affaire", cette affaire Colé, ancien conseiller pour la communication à l'Elysée pris la main dans je ne sais quel sac... Il trouvait qu'il n'était pas assez payé et se faisait rémunérer ailleurs par de drôles de moyens... Un fripon de plus.
Dimanche 1er janvier 1995
Une boîte de marrons glacés me nargue, narquoise. Rien de tel pour prendre deux kilos. En règle générale, les kilos ne me menacent guère, mais il ne faut pas trop les provoquer, les traîtres...
La journée est grise, ponctuée par quelques coups de téléphone affectueux, qui réchauffent mon coeur solitaire.
Mercredi 10 mai - Je l'ai (Chirac) vu travailler, s'énerver, s'horripiler de ce mot de "réforme" que Giscard avait sans cesse à la bouche, s'agiter en tout sens comme un ventilateur, obéïr à des conseillers dangereux, sortir d'un conseil en claquant la porte...
428 - [Points P334, p. 142]
Mercredi 1er novembre 1995
La police semble avoir mis la main sur un gros poisson. Un étudiant de vingt-huit ans, algérien, qui s'apprêtait à faire exploser par complices interposés une voiture piégée sur un marché de Lille.
Surveillance, filature, enquête minutieuse, collecte d'indices parfois minuscules. Boualem Bensaid a été débusqué par des écoutes téléphoniques branchées sur toutes les cabines de son quartier.
Il est apparemment l'une des têtes des réseaux terroristes en France. Combien sont-elles, ces têtes, c'est maintenant toute la question.
Dimanche 3 septembre 1995
De nouveau une bombe à Paris, sur le marché du boulevard Richard-Lenoir. Le détonateur n'a pas fonctionné, et il n'y a que quatre blessés légers.
Désagréable.
Jeudi 16 mars 1995
Pauvre Frédéric Mitterrand! Devenu sous les sarcasmes, un aficionado de Jacques Chirac - c'est son droit -, il déclare aujourd'hui pour sa défense : "J'ai toujours aimé Jacques, mais mon oncle m'a forcé à voter socialiste en 1981. Il m'a dit qu'il me battrait si je ne votais pas pour lui! J'ai souffert pendant quatorze ans..." Il s'était inscrit sous un faux nom au RPR, et s'il a rallié Bernard Tapie, il y a quelques mois, alors que celui-ci voguait sur les pleines eaux de la popularité, c'était "pour rendre Jacques jaloux"! Une grande coquette, en somme, ce petit Mitterrand.