En direct avec Françoise Giroud (1972) - 1
« La femme serait vraiment l'égale de l'homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente. »
Extrait du journal Le Monde - 11 Mars 1983
Ainsi commence le fascisme. Il ne dit jamais son nom, il rampe, il flotte, quand il montre le bout de son nez, on dit : C'est lui ? Vous croyez ? Il ne faut rien exagérer ! Et puis un jour on le prend dans la gueule et il est trop tard pour l'expulser.
Se souvenir, c'est s'écorcher.
Je crois que le bonheur existe, la preuve en est que soudain il n'existe plus.
Pour un honnête homme, quand il entre au gouvernement, le temps de la critique et du pur idéalisme est révolu. Son premier devoir est de mettre des limites à ses objectifs. Cependant, il doit tenir compte des circonstances. Il ne doit pas cesser de marcher vers son idéal, mais dans le but de réaliser les parts de son programme qui sont immédiatement applicables, il doit établir un compromis avec les coutumes et les habitudes créées précisément par le système qu'il veut changer. Chacun peut toujours être considéré à la fois comme réactionnaire et révolutionnaire, cela dépend du point de vue. Quiconque n'accepte pas ce fait s'exclut du gouvernement. Il est bien connu que l'art de gouverner repose dans un mélange de réformes et de conservatisme, et qu'une prudence excessive est juste aussi mauvaise qu'un excès de témérité. (p.104)
Ainsi commence le fascisme. Il ne dit jamais son nom, il rampe, il flotte, quand il montre le bout de son nez, on dit : C'est lui ? Vous croyez ? Il ne faut rien exagérer ! Et puis un jour on le prend dans la gueule et il est trop tard pour l'expulser.
Les années défilent par dizaines sans qu'on les voie passer. Et un jour, on se découvre petite chose molle, fragile et fripée, l'oreille dure, le pas incertain, le souffle court, la mémoire à trous, dialoguant avec son chat un dimanche de solitude. Cela s'appelle vieillir et cela m'est pur scandale.
On ne possède pas un chat, c'est lui qui vous possède.
Le bonheur ne se cherche pas : on le rencontre. Il n'est que de savoir le reconnaître et de pouvoir l'accueillir.
Faut-il brûler Freud ? On peut toujours essayer. Avec Jésus, Marx et Einstein, il forme le quatuor juif qui a mis le plus sûrement « le bordel » dans le monde, armé seulement, comme les trois autres, de son esprit. Mais ce qu’ils ont injecté à eux quatre dans le cerveau et la conscience de tous, y compris de ceux qui s’en croient tout à fait indemnes, imprègne nos comportements et jusqu’à notre vocabulaire. Alors, puisqu’il faut vivre avec eux, mieux vaut essayer de les connaître pour, si possible, les dépasser et voir ce qui arrive après. « Nous avons tous les pieds dans la boue, mais certains regardent les étoiles », soulignait Oscar Wilde. Ce sont ceux qui regardent les étoiles qui mènent le bal.