J’aime mes mains vieillies par le temps, mes ongles limés en amande et mon alliance un peu cabossée par tout ce qu’on a vécu, elle et moi. J’aime vernir mes orteils et porter des culottes bien confortables. J’aime mes cuisses musclées et mes grosses fesses. J’aime le fait d’être en jupe trois cent soixante-cinq jours par an. J’aime mettre un collier de perles et un peu de rose sur mes lèvres de temps en temps, même si ça souligne ce petit duvet que j’ai toujours refusé d’épiler. Parce que celui qui a dit qu’il fallait souffrir pour être belle est un connard et un menteur.
Il suffit de porter des vêtements propres et à la mode, et d'être accompagnés d'Italiens pour passer du statut de réfugiés sans papier que l'on regarde de travers à celui d'étrangers en vacances que l'on accueille avec le sourire. Ça ne tient pas à grand-chose, finalement. L'apparence, c'est tout ce qui compte, dans ce monde.
"Pendant le repas, je me suis rendu compte qu'il était plus facile d'avoir de la colère pour des inconnus derrière un écran de télévision qu'en face et en réalité. Lorsque "ces gens-là", comme je les ai souvent appelés, plongent leurs yeux dans les vôtres, lorsqu'on se retrouve devant une femme qui a préféré risquer mourir en pleine mer plutôt que de laisser ses enfants grandir dans un pays où ils ne seraient pas libres, on se sent tout petit.
Et très con, aussi."
Tandis qu'ils s'installent, je prépare un cappuccino pour mon petit-fils. Avec une part de torta Caprese. Et un ristretto à sa mère, avec un croissant à la crème.
Parce que je sais qu'elle préfère les Cornett fourrés à la confiture.
Alors je la regarderai se lever imperturbablement, comme elle le fait depuis des années, passer derrière le comptoir et procéder elle-même à l'échange.
J'admets que l'emmerder est mon passe-temps favori.
L'amour, c'est comme les roses : on les aime tant qu'elles sont fraîchement coupées, que leur couleur est vive et belle, leur odeur enivrante. On en prend soin, puis les sentiments finissent malgré tout par faner, comme elles.
"L'amour maternel est un médicament puissant."
"Lorsqu'on perd un être cher subitement, on ressasse sans arrêt les derniers instants, les dernières paroles que l'on a échangées avec lui. On espère qu'ils aient été dignes d'un au revoir. Qu'ils n'étaient pas trop insignifiants."
La vitesse m’a toujours fait peur et, ici, le code de la route est une option pour la plupart des conducteurs. On double à droite, à gauche ; s’ils le pouvaient, certains doubleraient même par-dessus. Quant aux ronds-points, c’est un vrai piège. Mettez un Français là-dedans, il deviendrait fou. C’est simple : si on y entre, on ne sait ni quand ni comment on finira par en ressortir. La priorité est à celui qui la prend. Dans ma région, les assurances pour les deux-roues sont trois fois plus chères que dans le nord de l’Italie. Ça résume bien la situation…
La vie et les mères sont bien plus douces avec les hommes qu'avec les femmes.
"Parfois, une seule lettre peut tout changer..."