Citations sur Louisa et Clem (14)
Je n'ai pas peur du noir, de l'altitude, des orages ou de la solitude. Ce qui m'effraie est une forme particulière de vanité. La peur de la futilité.
Je me trouvais donc là, avec tout le confort, tandis que Clem, exploratrice dans l'âme, s'accommodait d'une baraque de chantier sur la côte du Labrador, un endroit tellement désolé qu'il ne méritait pas plus qu'un point sur mon énorme atlas.
Ma mère est déjà dans la voiture, au volant. Elle prendra un martini dès que nous arriverons au restaurant. Quoi de plus naturel ? Mon père monte la garde près de la portière ouverte, attendant que Ray et moi arrivions. En m'approchant, je vois qu'elle lui tient la main.
Ils forment l'image de vies qui s'écoulent ensemble et séparément, ensemble et séparément.
J'imagine leur mariage comme une double spirale, deux âmes qui s'enroulent autour d'un axe commun, jointes sans jamais se toucher. Nos vies, celles de Clem et la mienne, ont eu cette forme, elles aussi, pendant un temps. p.383
Plus ça change, comme on dit : je veux quand même rester le tyran bienveillant. Je veux briller davantage qu'elle, je veux être la plus sage, la plus intelligente, la plus aimée, mais je veux pouvoir garder un oeil sur elle. Elle est, après tout, irremplaçable. p.113
Etranges, ces choses dont notre esprit ne peut se détacher, des choses qui prennent une dimension invraisemblable et nous font trembler de peur. Je n'ai pas peur du noir, de l'altitude, des orages ou de la solitude. Ce qui m'effraie est une forme particulière de vanité. La peur de la futilité. La futiliphobie.
- Mon médecin dit que je guérirai.
- Comment penser que vous pourriez avoir peur de la vie! Il me serre contre lui.
Pour lui le silence n'est jamais une menace. Je ne suis pas pareille ; je veux qu'on me pose des questions et qu'on me raconte, qu'on me félicité, me cajole, ou qu'on crie après moi. Là où il y a des mots, il y a des définitions. Les définitions aident à contenir le chaos.
Pourquoi n'écrit-on plus de lettres, des lettres manuscrites qui courent sur des pages et des pages, rédigées avec un torrent de points d'exclamation (le sommet de chacun : une larme soigneusement inversée) ? Ce sont des émotions que vous pouvez tenir entre vos mains.
Les toits compriment l'esprit. Tout comme les matelas. Et le mariage, selon lui, est semblable à un vieux tapis. Quelle qu'en soit la beauté ou la valeur, qu'on y soit habitué ou non, il a besoin d'être aéré, il a besoin de repos après avoir été piétiné.
J'ai eu alors une vision de toutes les cuisines de garçons dans lesquelles je me suis trouvée durant les dix dernières années écoulées, à émincer l'ail et les oignons, boire du vin ou de la bière, échanger des baisers prometteurs, prélude à un repas qui est un prélude à l'amour. Des wagons de cuisines, des wagons de baisers. Pendant une minute, je m'imaginai devant un passage à niveau, les wagons défilant l'un après l'autre, un brouillard gris sans fin.