L'identité n'est pas proclamation, elle est, dans ce domaine de la littérature et des formes d'expression, opératoire. La proportion des moyens du dire et leur adéquation sont plus forts que la seule proclamation.
Nos actions dans le monde sont frappées de stérilité si nous ne changeons pas, autant que nous y pouvons, l’imaginaire des humanités que nous constituons.
Ne croyons pas qu’une langue pourrait être demain, et sans encombres, universelle : elle périrait bientôt, sous le code même auquel son usage généralisé aurait donné lieu. [...] La simplification, qui facilite les échanges, les dénature aussitôt.
La créolisation ne conclut pas à la perte d’identité, à la dilution de l’étant. Elle n'infère pas le renoncement à soi. Elle suggère la distance (l’en-aller) d’avec les figements bouleversants de l’Être.
J'appelle Chaos-monde le choc actuel de tant de cultures qui s'embrasent, se repoussent, disparaissent, subsistent pourtant, s'endorment ou se transforment, lentement ou à vitesse foudroyante : ces éclats, ces éclatements dont nous n'avons pas commencé de saisir le principe ni l'économie et dont nous ne pouvons pas prévoir l'emportement. Le Tout-Monde, qui est totalisant, n'est pas (pour nous) total.
À l'Être qui s'oppose, montrons l'Étant qui s'appose.
Sommes-nous réduits à ces impossibles ? N'avons-nous pas droit et moyen de vivre une autre dimension d'humanité ? Mais comment ?
Si nous renvoyons aux pensées de système, c'est parce que nous avons connu qu'elles ont imposé, ici et là, un absolu de l'Être, qui fut profondeur, magnificence, et limitation.
Voici ma deuxième proposition : que la penser de la trace s'oppose, par opposition à la pensée de système, comme une errance qui oriente. Nous connaissons que la trace est ce qui nous met, nous tous, d'où que nous venons, en Relation.
Voilà ma première proposition : là où les systèmes et les idéologies ont défailli, et sans aucunement renoncer au refus ou au combat que tu dois mener dans ton lieu particulier, prolongeons au loin l'imaginaire, par un infini éclatement et une répartition à l'infini des thèmes du métissage, du multilinguisme, de la créolisation.