Un essai, un livre qui donne à la mémoire un parfum de roman policier.
Flatte notre légère et sans gravité fascination pour le crime, avec un parfum fin de siècle (l'avant-dernier).
Plaisir vif du style sage et souple de l'auteur qui est, tout en relatant ses succès, évoquant ses responsabilités, assez humain pour voir dans la déchéance, le rôle de la société.
Et puis une histoire de traque qui va, contre l'avis des autorités, de Lyon au Canada, au Mexique, pour finir à Cuba, récit rapide, efficace... entrecoupé de considérations morales ou d'explications sur le fonctionnement de la justice et la police
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Il y en eut qui lui donnèrent des fleurs, tous furent fiers de serrer les mains qu’elle leur tendait ; et ces mains avaient cousu le linceul de Gouffé et aidé Eyraud à y mettre son cadavre !
Enfin quand le train s’ébranla, la gracieuse créature envoya des baisers à ses admirateurs qui poussèrent des hourras.
Dès le lendemain, il recevait un courrier invraisemblable. La promesse des dix mille francs avait mis en mouvement la foule des policiers amateurs qui, sans qu’on s’en doute, fourmillent dans les cafés de Paris et de la province… L’appât ne pouvait manquer également de tenter les maîtres-chanteurs, aussi nombreux et plus dangereux que les policiers fantaisistes.
Type classique du voyou parisien, blême et presque imberbe, il semblait ressusciter Pierrot lui-même, personnage immortel créé par Debureau, mais Pierrot devenu souteneur et rôdeur.
D’un geste instinctif, il ramenait ses rouflaquettes le long de ses joues blafardes. Il grelottait de froid ou de peur et enfonçait sur ses oreilles sa casquette de soie poisseuse.
La vérité, c’est que rien ne ressemble plus à un honnête homme qu’un assassin… Le lendemain seulement de l’arrestation d’un criminel, les physiologistes s’aperçoivent tout à coup qu’il suffit de regarder ce visage pour constater qu’il porte tous les signes auxquels on reconnaît ceux que la nature a voués au crime.
Ne sont-elles pas toujours les victimes ? Il faut qu’elles donnent à leur souteneur tout ce qu’elles ont, et quand elles reçoivent de lui un bijou ou une robe, elles s’en vont en prison comme receleuses !