Goron a été chef de la Sûreté parisienne de 1887 à 1894. A sa retraite, il, comme nombre de ses prédécesseurs (notamment Vidocq), raconté ses mémoires dans divers ouvrages.
S'il prétend ici faire de son ouvrage une étude de la passion comme moteur du crime (en proposant un éventail de faits divers relevant de crimes passionnels), "l'amour criminel" est surtout une plongée dans les bas-fonds de Paris, peuplés de pauvres pierreuses et de vils souteneurs. Cette peinture de la société de la Belle Epoque nous montre combien cette époque n'était pas si belle.
Si ces mémoires offrent un portrait saisissant des moeurs de la société de la fin du 19ème siècle, elles ne sont cependant pas à lire comme un essai. Loin d'être un exposé circonstancié d'éléments factuels, il est évident que Goron s'arrange avec la vérité, n'hésitant pas à recourir à l'exagération, à l'emphase pour ajouter du romanesque à son récit.
Et il faut bien avouer que ce Goron a une belle plume. Son écriture, élégante et fluide, permet à "l'amour criminel" de se lire comme un roman. Caractère romanesque amplifié par le choix de consacrer la plus grande part de son ouvrage à la retentissante affaire de la malle Gouffé. Tous les ingrédients d'un roman policier haut en couleurs sont réunis : une femme fatale, des magistrats bornés, un flic au nez creux, des faux témoignages, des fausses pistes, de la jalousie, une chasse à l'homme internationale... Si ce n'était pas une véritable affaire criminelle, on douterait de la crédibilité d'une telle histoire.
Cette plongée dans les faits divers du Paris de la Belle Epoque devrait ravir un large panel de lecteurs, qu'ils soient amateurs de polar, d'ambiance rétro ou simplement sensible à la belle langue.
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