Aux morts on offre des fleurs. Des fleurs qui se fanent dès que s'éloignent les sanglots.
Simon :
"Mon grand-père est mort mais c'est pas grave, il est rigolo quand même !"
De ton univers, tu es le seul mort. Moi j'aurais aimé être l'un de tes personnages : une enfance qui ne finit pas. Une bulle dans une case. C'est tout
Aujourd'hui seulement, et grâce à cette lettre dont je veux penser qu'elle te parviendra, je rassemble des fragments. Tu es un puzzle qui ne sera jamais complet. J'examine les pièces et j'attends qu'elles me parlent de toi.
p.86
"Quand je lis, je ris aux larmes. Qui vient d'abord des larmes ou du rire ?
Moi, je me trouvais forte et lucide. Progressivement j’ai compris. Compris que je n’avais rien compris. Aussitôt mort, aussitôt ressuscité. De transfert en transfert, j’avais commencé par nier ta mort, puis toi.
Je commence cette lettre en préparant déjà de quoi l'affranchir, car je veux croire que tu la recevras.
Le rire de Simon (qui lit une bd de son grand-père)
"Ce sont les dessins ou les textes qui te font rire ?"
Avisé il répond :
"Mais, Maman, c'est une bande dessinée ! Ce sont les deux !"
Maman est rentrée seule à la maison ce jour-là. Vous étiez partis tous les deux. Un seul trousseau de clefs jeté sur le meuble de l’entrée. Tu étais mort. Mort. Voilà.
Quand meurt un humoriste, de quoi sont faites les larmes de ceux qui restent ?