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Citations sur Poésie des troubadours (13)

  
  
  
  
Le premier jour, Dame, que je vous vis
Quand il vous plut de vous montrer à moi,
Nulle autre image en mon cœur ne resta.
Tous mes désirs en vous s’enracinèrent
Votre regard, votre sourire tendre
Ont mis en moi, ô ma Dame, tel feu
Que j’oubliai ma personne et le monde

Votre beauté, votre présence aimable,
Vos mots courtois, le charme délicieux
De votre accueil m’ont ravi la raison.
Depuis ce jour tout bon sens m’a quitté.
À vous ma vie, à vous que mon cœur prie
Moi qui ne veux que grandir votre Prix
A vous me rends, point n’est meilleure Dame.

Si tendrement, ô Dame, je vous aime
Qu’aimer ailleurs n’est pas en mon pouvoir.
Amour pourtant accepterait que j’ose
Chercher plus loin remède à mon tourment,
Mais à quoi bon conter fleurette à d’autres ?
Je fuis, j’oublie la possible amourette
Et reste à vous que j’ai plus chère au cœur.

Souvenez-vous de la bonne promesse
Que vous me fîtes au jour de mon départ.
J’en eus alors l’âme en pure liesse.
De vous servir encore j’eus l’espoir.
J’en fus joyeux — hélas mon mal s’aggrave !
Mais ce bonheur je le retrouverai,
S’il plaît à vous, moi que l’espoir fait vivre.

Aucun tourment ne m’effraie, car je pense
Qu’il me vaudra à la fin récompense
De vous, ma Dame. Et j’aime mes douleurs,
Elles sont pour moi comme de fortes joies.
Je n’oublie pas ce qu’Amour sait et dis :
Un pur amant doit pardonner grands torts
Et souffrir dur pour gagner son amante.

Ah ! si venait un beau jour cet instant
Dame, où je voie que votre grâce daigne
Me faire don du simple nom d’ami !


// Guilhem De Cabestany

/ Traduction Texte français de René Nelli, René Lavaud et Henri Gougaud
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J’ai entendu s’éjouir
  
  
  
  
J’ai entendu s’éjouir
Par amour, dans son langage
Le rossignolet sauvage.
Il me fait mourir d’envie,
Car celle que j’aime
Ne veut aujourd’hui
Ni m’écouter ni me voir.
Le doux chant que font l’oiseau et sa mie
Conforte un peu mon courage.
Je console donc
Mon cœur en chantant.
Je n’aurais pas cru pouvoir !

Mais rien de ce que je vois
Ne saurait me réjouir.
Je reconnais ma folie,
Il est juste que je souffre,
Juste et mérité.
J’ai laissé mon cœur
S’enivrer de rêves fous.
Résultat : angoisse
Tristesse et dommage
Il faut que je me l’avoue,
J’ai perdu l’année,
Elle fut sans plaisir,
Rien n’y vint à mon désir.

Bien que j’aie fort à me plaindre
Je m’incline et je supplie
Celle qui a seigneurie
Sur mon âme et ma personne.
Elle ne put rien dire
Quand je dus partir.
Je l’entendis soupirer,
La main sur les yeux :
« Que Dieu vous protège ».
Et quand en moi je revois
Son air amoureux,
Je me dis, en larmes :
Sans elle plutôt mourir.

La dame qui tient mon cœur
Je la prie je la supplie
De ne point m’être cruelle
de ne point croire les fourbes,
De ne point penser
Que j’en aime une autre.
De bonne foi je soupire,
Sans mentir je l’aime,
Mon cœur est vrai cœur.
Je n’ai rien des faux amants
Dont les tromperies
Ont fait que l’Amour
Ne récolte que mépris.

Chanson sois ma messagère,
Sans plus tarder cours et parle
À celle qui me plaît tant,
Hôtesse de toute joie.
D’un mot dis-lui comme
Je meurs de désir,
Et si elle veut m’accueillir
Rappelle à son cœur,
Sans perdre un instant,
Mon souci et mon désir,
Mon amour si grand
Que l’envie me tue
De la voir et l’embrasser.
Ma Dame Marie,
Tel est votre Prix
Que tous estiment plaisants
Mes dits et mes chants
Et l’éloge grand
Que je fais en vous chantant.


// Gaucelm Faidit

/ Traduction Texte français de René Nelli, René Lavaud et Henri Gougaud
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Guette bien...

Guette bien, guetteur du château,

Quand l'objet qui m'est le meilleur et le plus beau,

Est à moi jusqu'à l'aube,

Le jour qui vient sans défaillir.

Jeu nouveau

Ravit l'aube, l'aube, oui l'aube!



Guette, ami, veille, crie, hurle,

Je suis riche, j'ai ce que je désire le plus,

Mais je suis ennemi de l'aube.

La tristesse que nous cause le jour

M'abat

Plus que l'aube, l'aube, oui l'aube!



Gardez-vous, guetteur de la tour,

Du jaloux, votre mauvais seigneur,

Gêneur plus que l'aube;

Là-dessous parlent nos cœurs.

Mais peur

Nous fait l'aube, l'aube, oui l'aube!



Dame, adieu!
Je ne puis rester davantage:

Malgré moi je dois partir;

Combien m'attriste l'aube!

Avec quel chagrin je la vois se lever!

Nous berner

Veut l'aube, l'aube, oui l'aube!

Raimbaut de Vaqueiras
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Le larron pauvre, on le pend pour un ruban,
Et tel le pend qui a volé un cheval ;
Et c'est justice plus rapide qu'une flèche ;
Le riche voleur pend le voleur pauvre.
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Beau doux ami faisons un jeu nouveau,
Dans ce jardin où chantent les oiseaux,
Tant que le guet ne joue de son pipeau !
Mon Dieu mon Dieu comme l'aube vient tôt !
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Et quand vint un certain jour, Raimon du Château Roussillon trouva Guilhem prenant son repas sans grande compagnie et le tua ; et il lui ôta le coeur du corps, le fit porter par un écuyer à son hôtel, le fit rôtir et préparer en poivrade, et le fit donner à manger à sa femme. Et quand la dame eut mangé devant lui le coeur de Guilhem de Capestaing, sire Raimon lui dit à qui il était. Et elle, quand elle entendit cela, perdit la vue et l'ouïe. Et quand elle revint à elle, elle dit ainsi : "Seigneur, vraiment vous m'avez donné si bon manger que jamais je n'en mangerai d'autre." Et quand il entendit ce qu'elle disait, il courut à son épée et voulut la frapper à la tête ; et elle s'en alla au balcon et se laissa tomber en bas et elle mourut.


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Je suis Arnaut qui amasse le vent
Et je chasse le lièvre à l'aide du boeuf
Et je nage contre le flux. - Arnaut Daniel
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Posted by arbrealettres sur 18 septembre 2023
Ballade
  
  
  
  
À l’entrée du temps joli
Pour réveiller l’allégresse
Et assombrir le jaloux
La reine a voulu montrer
Comme elle est amoureuse.

Refrain :
Au large, jaloux, au large
Laissez-nous, laissez-nous
Danser entre nous, entre nous !

Partout elle a ordonné
Que d’ici la mer il n’y ait
Pucelle ni bachelier
Qui ne prenne son plaisir
A la danse joyeuse.

(Refrain)

Mais voilà le roi qui vient
Pour désaccorder la danse
Car il est en grand émoi.
Il craint fort qu’on lui enlève
Cette reine avrileuse !

(Refrain)

Il se démène pour rien,
D’un barbon elle n’a que faire.
Un fringant joueur de mots
Voilà plutôt ce que veut
La dame savoureuse.

(Refrain)

Qui donc la verrait danser
Voluptueuse, ondulante
Pourrait dire sans mentir
Qu’elle est sans rivale au monde
Cette reine joyeuse !

(Refrain)


// Anonyme


/ Traduction Texte français de René Nelli, René Lavaud et Henri Gougaud
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Aube
  
  
  
  
En un verger sous la fleur d’aubépine
La Dame tient près d’elle son ami.
Le guetteur crie que le soleil se lève.
Mon Dieu, mon Dieu comme l’aube vient tôt !

Qu’il plaise à Dieu que la nuit s’éternise,
Que mon ami ne s’éloigne de moi
Que le guetteur ne voie poindre le jour.
Mon Dieu, mon Dieu comme l’aube vient tôt !

Beau doux ami embrassons-nous encore
Au fond du pré où chante la feuillée
Fais-moi du bien, au diable le jaloux !
Mon Dieu, mon Dieu comme l’aube vient tôt !

Beau doux ami faisons un jeu nouveau,
Dans ce jardin où chantent les oiseaux,
Tant que le guet ne joue de son pipeau !
Mon Dieu mon Dieu comme l’aube vient tôt !

Dans l’air léger qui me vient du lointain
De mon amant fringant et tendre et gai
J’ai bu d’un trait le souffle délicieux.
Mon Dieu mon Dieu comme l’aube vient tôt !

Gracieuse elle est cette dame, et plaisante.
Pour sa beauté l’admirent maintes gens,
Et son cœur sait ce qu’est amour loyal.
Mon Dieu mon Dieu comme l’aube vient tôt !


// Anonyme

/ Traduction Texte français de René Nelli, René Lavaud et Henri Gougaud
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Chanson
  
  
  
  
Quand la douce brise s’aigrit,
Que les feuilles tombent des branches,
Que le babil de l’oiseau change,
Je soupire et chante l’amour,
Car il m’a pris dans ses filets,
Moi qui n’ai jamais su le prendre.

Hélas ! d’amour je n’ai gagné
Que des tortures et des angoisses.
Mon désir s’élance vers vous
Mais il ne peut pas vous atteindre
Et rien ne me fait plus envie
Que ce qui s’éloigne de moi.

Tant m’enchante la pure perle
Que je n’aime rien autant qu’elle,
Mais je ne peux, tant elle m’émeut,
Devant elle dire ma peine
Car si je le fais, je crois bien
Que je n’aurai plus cœur ni tête.

La plus belle femme auprès d’elle
Que vaudrait-elle ? Un doigt de gant !
Que l’univers tombe dans l’ombre,
Autour d’elle tout resplendit.
Dieu m’accorde de l’approcher
Et de la voir à son coucher !

Que je dorme ou veille je tremble,
Je tressaille et frémis d’amour.
Si grande est ma peur d’en périr
Que je n’ose pas la prier.
Deux, trois ans je la servirai
Puis lui dirai le vrai, peut-être.

Je ne peux vivre ni mourir,
Ni guérir du mal qui m’accable.
Comment puis-je d’elle jouir ?
Je ne suis pas devin. Mystère !
Elle est celle qui peut m’abattre
Ou m’élever quand elle le veut.

J’aime fort qu’elle me rende fou,
Qu’elle me laisse là, nez levé,
Qu’elle rie de moi, qu’elle me bafoue
Autant en public qu’en privé.
Après le mal viendra le bien,
Je n’attends que son bon plaisir.

S’il tarde, que ne suis-je mort
À l’instant même où je la vis !
Hélas ! avec quelle douceur
M’ont tué ses beaux airs d’amour !
Elle me tient en telle prison
Que je ne veux en voir nulle autre.

Dans ma peine, seul réconfort :
Que je me taise ou la courtise
Par elle seule je serai
Fidèle ou faux, loyal ou fourbe,
Détestable ou vrai gentilhomme,
Impavide ou tremblant d’émoi.

Mais que cela déplaise ou non
Elle peut à son gré me garder.

Cercamon dit: n’est pas courtois
Celui qui d’amour désespère.


// Cercamon


/ Traduction Texte français de René Nelli, René Lavaud et Henri Gougaud
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