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Citations sur Les dieux voyagent toujours incognito (424)

- Ma première tâche?
- Oui, ta première mission, si tu préfères. Ce que tu devras faire en atten dant d'autres instructions. Je ne suis pas sûr de comprendre... Tu as vécu des choses qui se sont, d'une certaine manière, gravées en toi, condition nantla façon dont tu vois le monde, dont tu te comportes, tes relations avec les autres, tes émotion s... Le résultat de tout cela est que ça ne marche pas, pour parler clairement. Ça te cause des problèmes et te rend malheureux. Ta vie sera médiocre tant que tu la vivras ainsi. I| faut donc opérer quelques changements..

J'eus l'impression qu'il allait brandir un bistouri pour m'opérer du cerveau sur-le-champ.

il reprit: On pourrait en parler pendant des heures mais ça ne servirait à. rien, si ce n'est à t'informer des raisons de ton malheur. Mais tu resterais malheureux... Vois-tu, quand un ordinateur marche mal, il faut installer de nouveaux programmes qui fonctionnent mieux.
-l'ennui, 'est que je ne suis pas un ordinateur.

-Tu saisis la philosophie, en tout cas : il faut que tu vives un certain nombre d'expérien ces qui fassent évoluer ton point de vue, qui t'amènent à dépasser tes craintes, tes doutes, tes angoisses, etc.
-Et qu'est-ce qui me prouve que voUs savez... programmer correctement ?
-Tu t'es engagé. Alors, inutile de poser la question. Cela ne servirait qu'à alimenter tes peurs, qui sont déjà nombreuses, si j'ai bien compris.

Je le regardai un certain temps, muet et songeur. Il soutint mon regard sans rien dire. De longues secondes s'écoulèrent, qui me semblèrent des heures. Je finis par rompre le silence. Qui êtes-vous, monsieur Dubreuil? Ah ça, c'est une question que je me pose parfois I dit-il en se levant, me précédant dans le couloir. Viens, je te raccompagne. Qui suis-je? Qui suis-je? déclama-t-il en marchant, et sa voix puissante résonna dans le vaste escalier.
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Il y a quelque chose d'impudique à raconter sa vie à un inconnu, quand on va au-delà des événements anodins de son existence tels que le travail, les relations de tous les jours et le train-train habituel. J'avais peur de me confier à lui, un peu comme si m'exposer revenait à lui donner un pouvoir sur ma personne. Au bout d'un moment, j'étais lancé et cessai de me poser des questions. J'acceptai de me dévoiler, peut- être parce que je ne me sentais pas jugé. Et puis je dois avouer que je me pris au jeu. C'est finalement assez agréable, une fois que l'on a passé la barrière de la pudeur, de dispo ser d'une oreille attentive. On n'a pas souvent l'occas ion dans la vie d'être vraiment écouté. Sentir que l'autre cherche à vous comprendre, à découvrir les méandres de votre pensée et le tréfonds de votre âme... La transparence de soi était libératrice et, même, d'une certaine façon, excitante.
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- Une sorte de marché entre nous, continua-til, laissant ses paroles flotter dans les airs. .
-Un marché? balbutiai je.
- Voilà : tu restes en vie, et moi je m'occupe de toi, de te remettre dans le droit chemin, de faire de toi un homme capable de mener sa vie, de résoudre ses problèmes, et même d'être heureux. En échange... ll tira une nouvelle bouffée de cigare avant de continuer: En échange, tu t'engages à faire tout ce que je te dirai. Tu t'engages... sur la vie.

Ses propos me perturbèrent au plus haut point, et cela s' ajouta à mon malaise. Il me fallut faire un effort considérable pour me concentrer, réunir mes esprits et parven ir à réfléchir.
-Qu'est-ce que vous entendez par « s'engager sur la vie » ?
Silence.
-Tu devras respecter ton engagement.
-Sinon?
-Sinon... tu ne resteras pas en Vie. -
-il faudrait être fou pour accepter un marché pareil!
-Qu'as-tu à perdre? -
-Pourquoi mettraisje ma vie entre les mains d'un inconnu enéchange d'un bonheur hypothétique? !

Son regard prit l'assurance d'un joueur d'échecs qui sait que son adversaire va se retrouver coincé.

- Et là, qu'obtiendras-tu en échange de ta mort certaine ? dit-il en désignant le vide de la pointe de son cigare.

Je commis l'erreur de regarder dans la direction indiquée et fus saisi d'un violent vertige. La vision me terrifia et, dans le même temps... le vide m'appelait, comme pour me libérer de l'affreuse angoisse qui s'emparait de moi. J'aurais voulu m'allonger tout du long sur la poutrelle, et rester immobile en attendant des secours. Des frissons nerveux incontrôlables parcouraient mes membres. C'était atroce, insupportable. La pluie... La pluie se mettait à tomber... La pluie. Mon Dieu... La poutrelle de métal allait devenir une patinoire. Cing mètres me séparaient de Il'homme, de la fenêtre, du salut. Cinq mètres d'une poutrelle étroite et... glissante. | fallait que je me concentre. Oui, c'est ça, me concentrer. Surtout rester bien droit. Prendre ma respiration. Il fallait que je me tourne doucement vers la droite, mais... mes jambes ne pouvaient plus bouger. Mes pieds étaient comme collés au métal. Etre resté trop longtem ps dans cette position avait figé mes muscles, qui maintenant ne répondaient plus. Le vertige était un sorcier maléfique qui avait envoûté sa victime. Mes jambes se mirent à trembler, dabord imperceptiblement, puis de plus en plus fort.
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- La vérité, reprit-il en prenant son temps, c'est qu'ils meurent tous pendant la chute d'une crise cardiaque provoquée par l'horreur, I'horreur abominable de la descente et de la vision insoutenable du sol qui se rapproche à deux cents kilomètres- heure. lls sont terrassés par une peur atroce qui leur fait vomir leurs tripes avant que leur ceur n'explose. lls ont les yeux exorbités au moment de la mort.
Mes jambes flageolèrent. Je faillis défaillir. La tête me tournait. J'avais un mal au coeur extrême. Ne pas regarder en bas. Surtout pas. Rester droit. Me concentrer sur lui. Ne plus le quitter des yeUx.
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Avec un aplomb incroyable, il me répondit tranquillement :
-Oui. Et ceux des autres aussi.
Je commençais à me sentir mal. J'avais maintenant pleinement conscience d'être entouré par le vide. Je crois que je commençais... à avoir peur. La peur avait fini par trouver son chemin ot s'insinuer en moi, Mes mains devenaient moites. Il ne fallait surtout pas que je regarde en bas.

Il reprit :
-C'est vrai qu'en sautant, tes problèmes disparaítront avec toi... Vous serez quittes. Mais la situation n'est pas aussi juste que ça.. Que voulez-vous dire ? C'est toi qui, une fois de plus, vas souffrir. Tes problèmes, eUx, ressentiront rien. Ce n'est pas très... équilibré, comme solution. On ne souffre pas en sautant d'une tour. Le choc est tellement violent qu'on s'arrête simplement de vivre sans avoir le temps de ressentir quoi que ce soit. Aucune douleur. Je me suis renseigné.

Il rit doucement.
-Qu'estce qui voUs fait rire ? Cela est vrai... si tu pars de l'hypothèse que tu es en core en vie au moment où tu t'écrases sur le sol... C'est là que tu te trompes... Personne n'arrive en bas vivant.

Une longue bouffée de cigare. Je me sentais de plus en plus mal. Une sorte de tournis. Il aurait fallu que je puisse m'asseoir quelque part.
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- Tu es en colère. Mais tu souffres beaucoup au fond de toi, dit il d'une voix tràs calme, avec un léger accent que je ne connaissais pas.
-C'est pas dur à deviner.
-Tu es atrocement malheureux et tu ne supportes plus de vivre.
Ses paroles me troublèrent et m'amenèrent à ressentir ma douleur. Je finis par acquiescer d'un mouve ment de tête. Le silence me parut pesant. -Disons, que... j'ai eu de gros problèmes toute ma vie.
Une lente, très lente bouffée de cigare.
-lln'y a pas de gros problèmes. Il n'y a que des petites person nes.
Une vague de colère monta en moi. Je sentis mon sang battre mes tempes qui devinrent brûlantes. J'avalai ma salive.
-C'est facile de profiter de ma situation pour m'humilier. Vous vous prenez pour qui? Et vous, bien sûr, vous savez résoudre tous vos problèmes ?
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J'avais découvert que la plupart de mes peurs n'étaient qu'une création de mon esprit. La réalité revêt parfois la forme d'un dragon effrayant qui s'évanouit dès qu'on ose le regarder en face. J'avais apprivoisé les dragons de mon existence, et celle-ci me semblait maintenant peuplée d'anges bienveillants.
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- Moi, j'ai besoin de croire en ce que je fais. Pour que je me lève le matin, il faut que j'aie le sentiment que mon travail sert à quelque chose. Au minimum, je veux pouvoir ressentir la satisfaction du travail bien fait. Mais s'il faut faire n'importe quoi, à toute allure, dans le seul but d'enrichir des actionnaires, alors ça ne rime plus à rien. Moi, j'ai besoin que mon travail ait un sens.
- Tu es un idéaliste, Alan.
- Sans doute, oui.
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Embrasse l'univers de ton prochain, et il s'ouvrira à toi.
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J'appris qu'après avoir accueilli un candidat, il fallait rester silencieux quelques instants. Si le postulant prenait de lui même la parole, on avait sans doute affaire à un leader. S'il attendait patiemment qu'on l'a lui donne, le profil du suiveur se dessinait déjà derrière son attitude réservée.
Nous devions l'inviter à se présenter de façon très ouverte: « Parlez-moi de vous », sans poser de questions trop précises d'entrée de jeu. Si le candidat embrayait tout seul, c'était quelqu'un d'autonome. Sil nous demandait au préalable nos préférences, par exemple, commencer par ses études ou plutôt remonter le temps depuis le dernier poste occupé, alors le manque d'initiative le caractérisait. Il y avait du mouton dans ce personnage !
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