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Citations sur Carnets du grand chemin (52)

Rarement je pense au Cézallier, à l’Aubrac, sans que s’ébauche en moi un mouvement très singulier qui donne corps à mon souvenir : sur ces hauts plateaux déployés où la pesanteur semble se réduire comme sur une mer de la lune, un vertige horizontal se déclenche en moi qui, comme l’autre à tomber, m’incite à y courir, à perte de vue, à perdre haleine.
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Presque aucune des routes où j'ai aimé m'engager, et qu'aujourd'hui encore j'aime reprendre, qui ne m'ait été, qui ne me demeure, comme une ouverture musicale, qui n'ait remué devant moi au bout de sa perspective, les plis et les lumières d'un rideau tout prêt à se lever. Pour quelques-unes, leur coloration à jamais joyeuse ou sombre est liée à l'attente, à l'anticipation de tristesse ou de bonheur sur laquelle elles s'ouvraient la première fois que je les ai prises -...-
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Littérature : quelle folie d'investir le meilleur de soi-même dans un art dont le médium, la langue, en continuelle évolution, reste à la merci de l'usage qu'en feront, année après année, quelques dizaines de millions d'analphabètes.
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Littérature : quelle folie d'investir le meilleur de soi-même dans un art dont le médium, la langue, en continuelle évolution, reste à la merci de l'usage qu'en feront, année après année, quelques dizaines de millions d'analphabètes.
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Jardins potagers : accumulation de sève et de succulence qui se tient à mi-chemin entre la végétation sauvage à dominante ligneuse, et la quintessence, explosant et fondant sur la langue, du fruit mûr. Avec - comme on voit dans un marais salant la concentration de la saumure marine passer peu à peu sans solution de continuité au bord de l'œillet vers le sel pur - toute la gamme des nuances et des états intermédiaires qui les séparent : voisines encore des sucs bruts de la prairie dans la laitue et dans l'oseille, tout proches de la baie déjà dans la gousse sucrée du petit pois.
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Le beige très clair, décoloré, des brisées de fougères sèches, quand elles s'exposent à la cuisson du soleil sur les brandes nues, fait penser à une jonchée de très fins squelettes végétaux. Ce qui craque ici sous le pied, comme un bris de verre filé, ce n'est plus la "dépouille de l'hiver" des allées spongieuses de novembre, mais une sorte d'ossuaire végétal, friable et délicat, blanchi de soleil, et dont la siccité cassante semble démentir nos hivers pluvieux.
Il y a là comme un refus qui surprend, tant il nous paraît isolé, de l'humidité de la mort végétale, si docile d'habitude à se laisser résorber dans l'humus. Ainsi font, paraît-il, les chardons des steppes du Baragan, dont la sécheresse de l'été brise la tige au ras du sol, et dont le vent chasse longuement sur le sol le troupeau flou des boules épineuses, comme des Lémures végétaux en peine de sépulture et de repos.
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C'est comme un morceau de continent chauve et brusquement exondé qui ferait surface au-dessus des sempiternelles campagnes bocagères qui sont la banalité de notre terroir. Tonsures sacramentelles, austères, dans notre chevelu arborescent si continu, images d'un dépouillement presque spiritualisé du paysage, qui mêlent indissolublement, à l'usage du promeneur, sentiment d'altitude et sentiment d'élévation.
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Rattachée seulement à la terre vers l'amont par l'étroite tranchée charbonneuse du chemin de fer, la ville semblait couler au fil de sa rivière et s'ouvrir avec elle vers les horizons plats de son estuaire, mangé de roseaux, tout distendu par les anévrismes de plans d'eau secrets, bordés de pelouses désertes au fond desquelles sommeillaient, les yeux clos sous le couvert des arbres, des châteaux perdus.
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Parmi les prérogatives du génie, il y a le droit d'ennuyer, droit exercé à l'occasion souverainement, et en toute sérénité.
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L'envie m'est venue, dans cette région favorisée, d'explorer un département, le Gers, comme on va voir le Luxembourg ou le Lichtenstein, le traversant et retraversant en long et en large, faisant visite protocolaire à son chef-lieu, à ses quatre ex-sous-préfectures, à ses anciens évêchés, attentif au bord des routes à ses modestes bornes-frontières mi-parties, essayant de me laisser imprégner sans préjugés de ses paysages et de son climat, de me faire pour une fois de l'extérieur l'idée de ce que peut être un patriotisme de département, de ce que ressent globalement, confusément, un conscrit arrivant à la caserne lorsqu'il prononce la phrase: "Je suis du Gers" (Gerce).
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