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Citations sur L'Evangile selon Satan (63)

C𠆞st dans une clinique de Carmel que le verdict était tombé. De la bouche du docteur Hans Zimmer, un vieil Allemand siphonné qui avait étudié la psychiatrie pour se soigner lui-même. Ce spécialiste des régions inconnues du cerveau avait expliqué à Marie que les visions dont elle souffrait s𠆚pparentaient à un syndrome médiumnique réactionnel – un mal rare que l’on ne rencontrait que chez certains polytraumatisés crâniens, résultant des séquelles d’un choc suffisamment terrible pour bouleverser la structure mentale profonde. Comme si le choc en question activait une région du cerveau qui n𠆚urait jamais dû se mettre à fonctionner, une de ces aires enfouies que l’évolution humaine avait délaissée pour des raisons mystérieuses, ou plutôt une de ces zones mortes qu𠆞lle n𠆚vait pas prévu d’utiliser avant des milliers d𠆚nnées. Des aires cérébrales vierges. Des neurones non reliés, inactifs, comme des milliards de petites piles toutes neuves qui attendent qu’on les joigne à l𠆚ide d’un fil pour libérer le courant qu𠆞lles contiennent. Le syndrome médiumnique réactionnel.

Deuxième partie
Chapitre 27
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Plongée dans un coma profond, Marie avait lutté pendant deux mois dans le service de réanimation de l’hôpital Charity de Boston. Deux mois durant lesquels ses cellules cérébrales avaient livré une bataille sans merci pour ne pas sombrer en coma dépassé. Deux mois plongée dans les ténèbres de son propre cerveau. Car si le corps de Marie avait cessé de remplir ses fonctions et si son cerveau avait coupé toutes les connexions qui le reliaient à ce paquet de muscles morts, sa conscience était restée mystérieusement intacte, comme un fusible qui continue de fonctionner alors que tous les autres ont sauté. Ainsi Marie percevait-elle de très loin les bruits assourdis qui l𠆞ntouraient, les courants d𠆚ir qui effleuraient son visage, les rumeurs de la ville qui entraient par la fenêtre entrouverte et les mouvements des infirmières à son chevet.

Deuxième partie
Chapitre 19
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Marie se souvenait parfaitement des troncs d𠆚rbres dégringolant sur le bitume et de la fraction de seconde qui avait précédé le choc. Une éternité au ralenti dont elle ne conservait que des plans successifs, comme des flashes dans le noir.
Le choc avait été si violent que Marie avait eu l’impression d’être un miroir explosant sous la puissance de l’impact. L𠆚vant du camping-car s’était désintégré contre les troncs d𠆚rbres et la cabine avait éclaté en mille morceaux. Les souvenirs de Marie aussi. Des millions d’éclats de verre qui rebondissent sur l𠆚sphalte, des millions de particules de mémoire qui se dispersent, des odeurs de son enfance, des couleurs et des images. Toute sa vie qui s𠆞nfuit. Les battements de son cœur qui s𠆞spacent. Un froid immense.

Deuxième partie
Chapitre 18
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Comme le tueur en série, le spree-killer ou le massmurderer, le cross-killer est fou. Mais, à la différence des autres, lui sait qu’il est fou. Et c𠆞st cette conscience aiguë de ce qu’il est qui lui permet de compenser cette folie par un comportement remarquablement stable. L’équilibre dans le déséquilibre. Il peut être votre voisin, votre banquier ou cet homme d�ires toujours entre deux avions qui passe le dimanche à jouer au tennis avec ses enfants. Il est parfaitement intégré, n𠆚 pas de casier judiciaire. Il a un bon boulot, une jolie maison et une voiture de sport. Il voyage pour brouiller les pistes et frapper là où on ne l𠆚ttend pas.

Deuxième partie
Chapitre 15
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Le cross-killer, lui, est un migrateur, un dévoreur de cadavres, un grand requin blanc qui remonte le courant à la recherche de ses proies. Il est au sommet de la chaîne alimentaire. C𠆞st un être froid qui sélectionne ses cibles et contrôle ses pulsions. Il ne se laisse jamais déborder par elles, il n𠆞ntend pas de voix, il n’obéit pas à Dieu. Il n𠆚 pas de comptes à régler ni de revanche à prendre. Il était le fils unique ou l𠆚îné d’une famille heureuse. Son papa ne le violait pas, sa maman ne le soumettait pas à cet inceste affectueux qui vous tord le cerveau. Personne ne le battait. Il est né comme ça : avec des sorcières penchées au-dessus de son berceau.

Deuxième partie
Chapitre 15
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Voilà ce que renferme le musée des tueurs. Mais comme dans toutes les hiérarchies, il faut un souverain, un roi de la savane des banlieues et de la jungle des villes ; ce tueur parfait, prince des assassins devant lequel les autres tueurs n𠆚uraient qu’à s’incliner, c𠆞st le cross-killer.
Les cross-killers sont des assassins qui voyagent, des prédateurs qui changent de terrain de chasse. Un meurtre à Los Angeles, un autre à Bangkok, l’hiver au soleil des Caraïbes dans ces gigantesques hôtels où s𠆞ntassent les touristes. (...)

Deuxième partie
Chapitre 15
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Les spree-killers, eux, sont des psychotiques désorganisés qui tuent le plus de personnes possible, en des lieux différents, et dans un laps de temps très court. Une journée de folle randonnée et, au crépuscule, une balle dans la tempe.

Deuxième partie
Chapitre 15
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Les deuxièmes, les mass-murderers, commettent des massacres aussi monstrueux qu’imprévisibles. Une dizaine de morts d’un coup. Tel Herbert Stox qui s’était brusquement mis à éventrer des jeunes femmes brunes et enceintes : douze jeunes femmes, en une seule nuit, et dans le même quartier. Ils obéissent à une pulsion suprême et dévastatrice : les mass-murderers sont des exaltés qui entendent la voix de Dieu.

Deuxième partie
Chapitre 16
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Les premiers chassent dans leur groupe ethnique en assassinant leurs victimes selon le principe des séries. Comme Edward Sorrenson, ce père de famille sans histoire qui sculptait des adolescentes. Il les enlevait, les étranglait puis sculptait leurs chairs avec une masse. Ou comme Edmund Stern, ce déménageur qui collectionnait des bébés morts dans des cartons à chaussures. Avec les tueurs en série, c𠆞st toujours le même scénario : une mère abusive, un viol incestueux, des coups et des brimades, des flots de haine accumulés chaque jour. Et le monstre, devenu grand, se met à tuer les reflets de ses frustrations : des blondes, des prostituées, des institutrices à la retraite, des adolescentes, ou des bébés. Des tueurs qui tuent leur propre reflet : les serial-killers sont des briseurs de miroirs.

Deuxième partie
Chapitre 15
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ÉVANGILE SELON SATAN DE L�REUX MALHEUR, DES MORTES PLAIES ET DES GRANDS CATACLYSMES. ICI COMMENCE LA FIN, ICI S�HÈVE LE COMMENCEMENT. ICI SOMMEILLE LE SECRET DE LA PUISSANCE DE DIEU. MAUDITS PAR LE FEU SOIENT LES YEUX QUI S’Y POSENT.

Chapitre 9
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