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Critique de Fleitour


Le livre de Xavier Grall est le manifeste, d'un poète passionné et rageur en faveur d'une Bretagne fière de ses valeurs et de sa singularité, ce coup de coeur sonne aussi comme une critique du live de Pierre-Jakez Héliasle cheval d'orgueil.

Le ressenti du natif de la Bretagne que je suis, pour avoir entendu de nombreuses allusions à la nature têtue donc plouc des bretons, de ses paysans courageux mais septiques, catholiques fervents mais traditionnels, je perçois la nostalgie chronique, l'ambiance momifiante du livre d'Hélias,

Un touriste fera de ces anecdotes du passé un livre de contes, plein de tendresse, pour ces pauvres hères qui demandent l'aumône. Un écrivain à la mode puisera dans le culte des morts et dans le personnage de l'ankou, une intrigue inquiétante, illustrant le symbole d'une Bretagne sombre, très ancrée dans ses légendes magiques intemporelles.

Les druides ne sont-ils pas encore présents dans ces landes sableuses ou au sommet de tertres qui cachent des tombeaux oubliés. de magnifiques tumulus ne sont-ils pas des témoins de cette âme celte, qui réfléchit les ombres du passé!

Les deux prestations de notre agrégé de lettres françaises, chez Bernard Pivot puis chez Jacques Cancel, ont été trop ternes ou trop studieuses pour que le téléspectateur puisse apercevoir à travers la fougue de ce bon breton , le hennissement d'un cheval et encore moins son orgueil. Xavier Grall a posé un mot douloureux en parlant d'un cheval couché.

Reprenant ce mauvais présage, le texte de Xavier Grall, plaide pour une Bretagne conquérante à la pointe du développement de notre musique celte, et de notre littérature, en musique, si le biniou, n'est pas abandonné, la Harpe doit redevenir l'un des symboles de la Bretagne, comme elle est déjà celle de l'Irlande libre.
L'auteur retrace l'histoire de la harpe et rappelle qu'elle fut une des emblèmes de la Bretagne au moyen age.

Xavier Grall se fait paradoxalement l'avocat des plus faibles, lui qui ne parle pas breton et dont la famille était assez argentée, Pierre-Jakez Hélias qui parle le breton et dont la famille est des plus modestes se fait le chantre de la bonne éducation, et l'agrégé se montre fier de sa promotion. Cette dualité est passionnante et Xavier Grall en bon journaliste restitue bien les parcours.

Si aucune allusion est faite à l'exode des bretons, surtout ceux des Monts d'Arrée, de Huelgoat à Guiscriff, de Chateaulin à Carhaix, ont devine que cette terre, pour nourrir ses hommes devraient aller vers plus de créativité et d'imagination.

Après le chapitre « gémissant et pleurant » , Xavier Grall parle des Illuminés, ceux qui construisent la nouvelle Bretagne culturelle, ces personnalités singulières souvent isolées mais passionnées par ce territoire. Il convoque Méavenn, Morvan Lebesque, Michel le Bris, Le Dantec, Paol Keineg, disant de lui, "c'est un silex, un illuminé froid et pur".


J'ai un peu de regret pour Charles le Quintrec, René Guy Cadou, ou Guillevic trop botrellisés ou trop proches de Jakez le vieux, qui ne sont pas évoqués comme Max Jacob , la culture est toujours le fruit de plusieurs générations.

La dernière partie est toute plongée dans le mysticisme dont Xavier Grall a fait son pain. Croisant Glenmoor et les tempêtes , le chant du poète murmure la mémoire, l'âpreté du labeur, les rencontres perdues, les pluies de mots d'un Jack Kerrouac, qui n'a pas eu le temps de pleurer sa terre natale, Xavier Grall récite une prière lancée à d'autres générations pour faire vivre l'orgueil de ses bardes.

Ce fut décembre qui ramena l'oiseau
aux granges du passé
l'hiver il n'est qu'un nid
un visage sans appel
cette odeur de fumée
piquée de gel.
"Le Retour de Glenmoor"
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