Citations sur Le jour des cendres (57)
En définitive, c'était le métier de flicard qui lui avait offert cadre et stabilité - un chemin. Certains ,pour tenir debout , étaient accros à l'alcool , à la drogue, aux anxiolytiques .Lui , il était accro au crime .
Maigre à compter les os , gris comme une serpillère qui n'aurait pas vu l'eau depuis des lustres ,ongles noirs ,mains noueuses ,barbe raidie de crasse … Il avait tout du clodo ,sauf que la noblesse de ses traits le plaçait au premier coup d'œil dans le camp des ermites , des ascètes , des mystiques éthérés.
L'équilibre des sourcils , l'harmonie des yeux , l'élégance du nez et de la bouche ,tout était là ,mais fracassé par la drogue , les sevrages , les jeûnes , les macérations ,les extases …On appréciait sa beauté comme on admire un site antique en ruine.
La première taffe lui brûla la gorge.
La deuxième lui fit tourner la tête.
La troisième, enfin, lui redonna sa lucidité.
Il arrive un moment où croire, c'est simplement obéir aux ordres.
La brume, qui n'avait rien lâché durant toutes ces heures, s'élevait plus encore, couleur de limaille. La route et les champs alentour donnaient l'impression qu'on ponçait quelque part une terre d'acier, produisant des copeaux bleuâtres et magnétiques.
- Dans l'Evangile de Jean, Jésus-Christ dit: "Si quelqu'un ne demeure point en moi, il est jeté dehors comme le sarment, il se sèche,; puis on l'amasse et on le met au feu, et il brûle." Le Christ, c'est notre récolte, tu comprends? Tout ce qui n'est plus utile est brûlé. Le lendemain, les vignobles sont couverts de cendres. Alors seulement nous pouvons remercier Dieu pour ces vendanges et prier pour celles de l'année prochaine. C'est ce qu'on appelle "le Jour des Cendres."
L'oblat attendait, tranquille, assis sur sa chaise. Pas de café ni de verre d'eau. Il n'avait même pas retiré son manteau - enfin, sa pelure. Fidèle à lui-même, il ressemblait à un anachorète de l'Antiquité planqué au sommet d'une montagne, aussi dur au mal que les serpents et les scorpions qui l'entourent.
Il n'avait pas changé. Maigre à compter les os, gris comme une serpillière qui n'aurait pas vu l'eau depuis des lustres, ongles noirs, mains noueuses, barbe raidie de crasse... Il avait tout du clodo, sauf que la noblesse de ses traits le plaçait au premier coup d'œil dans le camp des ermites, des ascètes, des mystiques éthérés.
L'équilibre des sourcils, l'harmonie des yeux, l’élégance du nez et de la bouche, tout était là, mais fracassé par la drogue, les sevrages, les jeûnes, les macérations, les extases... On appréciait sa beauté comme on admire un site antique en ruine.
En revanche, une règle était immuable : il évitait de travailler avec la gent féminine. Ce genre de présence le dérangeait, parce que, justement, il y était trop sensible. Dans une enquête, il faut avoir l'esprit libre, et froid. Un cerveau de flic, c'est comme une bibliothèque. Il faut toujours surveiller sa température et son taux d'hygrométrie.
On pense que les années vous enrichissent, vous rendent plus fort. C’est tout le contraire. L’âge vous dessèche, vous ratatine. L’expérience gangrène votre volonté et pourrit vos rêves. La jeunesse ne sait rien, croit à tout, méprise les vieux – et c’est pour ça qu’elle est géniale.
En définitive, c’était le métier de flicard qui lui avait offert cadre et stabilité – un chemin. Certains, pour tenir debout, étaient accros à l’alcool, à la drogue, aux anxiolytiques. Lui, il était accro au crime.