L'idée de départ est sympa. Michel Vaillant est contacté par un ami cascadeur pour venir conduire des voitures sur un tournage de film, pour des scènes "à couper le souffle".
Jean Graton se rend sans doute compte que produire des tomes où il n'y a que de la course automobile, cela va faire long feu. Surtout que l'on est toujours dans un format de 62 planches par tome. Il faut meubler, si je puis dire.
Jean Graton agrémente le tournage de menaces à l'encontre de Michel Vaillant Pendant ce temps, la team Vaillant profite du tournage pour roder de nouveaux moteurs. C'est dingue, il y a toujours des trucs neufs chez Vaillant.
Jean Graton nous vend l'innovation à la française comme personne.
Ce qui est particulièrement savoureux, ce sont les scènes familiales chez les Vaillant.
Jean-Pierre et Agnès sont les heureux parents d'un charmant bambin qui monopolise l'attention. Et surtout celle du patriarche. On a aussi droit aux habituelles répliques de l'époque... avec un "occupe-toi plutôt des biberons du petit" lancé par
Jean-Pierre à Agnès... Bien sûr, signe des temps, mais toutes les BD des années 60 n'étaient pas à ce point caricaturales (quoi que...).
Le lecteur a droit à quelques explications techniques sur les trucs de cascadeurs, avec un Michel Vaillant très attentif et à l'écoute de son ami. L'ami en question est Gil Delamare, c'est-à-dire Gilbert-Yves de la Mare de la Villenaise de Chenevarin, cascadeur et acteur ayant réellement existé. Parmi les films où il est présent au générique en tant que responsable des effets spéciaux, on peut citer : L'Homme de Rio, le Corniaud, Coplan FX 18 casse tout, Fantômas se déchaîne et surtout La Grande Vadrouille. Il n'aura pas vraiment "profité" de la BD. Celle-ci sort en 1964 (après une parution en 1962 dans le Journal de Tintin. Gil Delamare meurt en 1966 lors d'une cascade. Il est triste de constater que les grands principes que Gil Delamare assène à Michel Vaillant semblent ne pas avoir été respectés lors de la cascade qui a provoqué la mort du cascadeur. le scandale à l'époque révéla que
Jean Marais ne réalisait pas toutes ses cascades (ce qui était le mythe entretenu), mais pour les cascades les plus techniques et donc dangereuses,
Jean Marais était doublé.
On se perd un peu dans les intrigues multiples. Et le fait que le grand méchant du tome soit un personnage déjà croisé dans un tome précédent n'est pas fait pour tonifier le récit, que du contraire. le hasard veut que je relise les Ric Hochet en même temps. Et je me suis fait la réflexion à plusieurs reprises que l'atmosphère était assez proche de certains Ric Hochet... Et pour cause, on découvre en dernière page qu'
André-Paul Duchâteau a collaboré au scénario. Tout cela provoque une sorte de méli-mélo pas spécialement digeste, malgré quelques bonnes planches. Les dernières planches sont particulièrement verbeuses, et indigestes, avec cette mauvaise habitude de
Jean Graton de tout expliquer en long et en large alors que le lecteur a tout compris depuis longtemps. Idem pour les encadrés qui expliquent ce que la case montre. Redondance très "années 60", certes, mais qui alourdit le récit.