Quand je pense à la série Michel Vaillant, je ferme les yeux et je vois des visages qui se ressemblent tous... C'était mon ressenti quand j'étais ado. Je n'accrochais pas. Steve Warson, c'est Michel Vaillant en blond. le père Vaillant, en gris. La mère Vaillant... non, j'exagère. Pourtant,
Jean Graton est un as de la caricature. Dans tous les albums, Vaillant ou Warson côtoient les plus grands de la discipline. Ici,
Peter Collins, par exemple, court aux côtés des héros fictifs, il aura une carrière courte, décédant en 1958. Comme
Jean Graton le montre, il courut sur Ferrari ou Vanwall.
La seconde pensée, ce sont les pavés à lire. C'est la façon de faire à l'époque. C'est le reproche que j'adresse également à Blake et Mortimer. Des cases où on voit une porte s'ouvrir, avec comme légende "Soudain, la porte s'ouvrit". Ou Michel Vaillant dépasse Steve Warson avec la légende "Michel passe en tête"... Bref, le triomphe de la légende inutile, ou du dessin qui ne se suffit pas à lui-même.
Puis il y a les bolides. Et on sent la passion de
Jean Graton qui emporte tout. Il aime les courbes et les formes des mécaniques. Mais, contrairement à beaucoup d'auteurs passionnés,
Jean Graton arrive à faire partager cette passion, plutôt que de faire peur aux lecteurs ou de le faire fuir sur l'air du "qui trop embrasse, mal étreint".
Jean Graton parle avec bienveillance de l'Argentine, d'Indinanapolis de la Belgique et de son Francorchamps, du Nurbürgring, et du Mans, bien sûr. C'est cela aussi la marque
Jean Graton. Une pensée positive, de belles valeurs, de l'amitié virile, etc.
C'est daté. Mais cela fonctionne. Et en plus, plonger dans un album de Michel Vaillant de 1959, c'est aussi faire de l'ethnologie, de la sociologie... la société, la place laissée aux femmes, le départ des 24 heures du Mans...
Mais le scénario, ce n'est pas le point fort des épisodes de Michel Vaillant. C'est honnête, sans excès. Ici, une revue automobile lance un défi aux pilotes. Cinq courses, et que le meilleur gagne. Je pense que si on dessinais cette histoire aujourd'hui, Michel Vaillant ne terminerait pas la 5è course qui lui donne la victoire, mais s'arrêterait pour porter secours à Steve Warson (comme dans Cars des Studios Pixar).
Enfin, je m'incline devant la longévité et le succès, même si je ne suis pas fan.