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Les hommes et les femmes paraissent aoir des envies différentes. On dirait que les hommes cherchent toujours à obtenir quelque chose des femmes : leur. Corps, par exemple,. Comme. S'ils portaient en eux un dangereux instinct dont les femmes doivent se méfier.
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C'est une automobiliste qui t'a trouvée . Apparemment, tu étais accompagnée d'une jeune femme . Elle portait une robe à paillettes et un gilet. Ça te dit quelque chose?
J’ai beau éprouver de la mélancolie, je sais que c’est la bonne décision : je dois mettre les voiles – je l’ai toujours su, je crois. Non que mon enfance fût malheureuse – j’avais une foultitude d’amis et des parents qui n’étaient ni meilleurs ni moins bons que d’autres. Or, il y a quelque chose dans ce village que je ne supporte pas. Comme si l’air était poisseux, irrespirable ; comme si les forêts m’observaient ; comme si tous les misérables individus incapables de s’extirper d’ici s’évertuaient à me retenir.
Peut-être ai-je peur d’Omberg – ou plus exactement, de ce qu’Omberg ferait de moi si je restais. Je suis persuadée que je me transformerais, serais engloutie dans le désespoir qui plane sur ces contrées et deviendrais comme tous les autres.
Gris, étroits d’esprit, sans rêves.
On doit savoir, c’est comme ça que ça marche. Quand on a été dépossédé de tout le reste, la connaissance est la seule chose qui nous aide à aller de l’avant.
- Bonjour Hanne. C’est moi, Malin, ta collègue. Tu me reconnais ?
Je lui effleure le bras, effrayée qu’elle se délite à mon contact tant elle paraît chétive, aussi fragile qu’une poupée de papier.
Elle cligne plusieurs fois des paupières puis ses yeux embués et rougis rencontrent les miens.
- Oui bien sûr.
Je suis convaincue qu’elle ment. Le tourment et la concentration se lisent sur son visage, comme si elle tentait de résoudre une équation difficile.
Peu m’importe. J’ai l’habitude de me dénigrer, de devenir si petit, inintéressant et conciliant que ce n’est même plus amusant de me cracher dessus, me frapper ou me frotter de la neige sur le visage.
J’écris le journal de ma disparition. Pas physique, mais métaphorique - car chaque jour qui passe, je m’enfonce un peu plus dans le brouillard.
Finalement, ce qui semble impensable ne l'est que jusqu'à ce qu'on saute le pas. Puis, cela perd son caractère extraordinaire pour devenir une chose de la vie, entrant dans la composition de cette traîne que l'on promène derrière soi.
N'est-ce pas le propre des idées noires ? Elles ne se voient pas de l'extérieur, elles n'existent qu'en nous, dans ce cagibi obscur, fermé par une lourde porte, qui peut contenir à la fois des pulsions suicidaires et le mal qui me ronge.
La première fois que Max est venu à Ormberg, j'ai eu honte - et honte d'avoir honte. L'agacement que j'éprouve parfois vis-à-vis de ma mère ne m'empêche pas de l'aimer, et ni Ormberg ni mon enfance ne devraient susciter chez moi pareil embarras. Pourtant, mon village représente tout ce que je rejette