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Citations sur Adrienne Mesurat (23)

Le coeur humain est ainsi fait. Il laisse s'écouler de longues années et ne songe pas un instant à se mutiner contre son sort, puis il vient un moment où il sent tout d'un coup qu'il n'en peut plus et qu'il faut tout changer dans l'heure même et il craint de tout perdre s'il diffère d'un seul jour cette entreprise dont la veille encore il n'avait pas l'idée.
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Certaines heures semblent impossibles à vivre. Il faudrait pouvoir les sauter, les omettre et rejoindre la vie un peu plus loin. Pourquoi souffrir toutes ces angoisses ? Elles ne rendent pas meilleur, n'apportent pas de solution aux difficultés présentes, elles sont stériles et ne font que durcir le coeur.
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Il fallait qu'elle vît partir Mme Legras pour se rendre compte à quel point la compagnie de cette femme odieuse lui était nécessaire. Elle n'essayait même pas de s'expliquer une contradiction monstrueuse, elle la subissait comme on subit quelque chose que l'on ne se sent pas la force de combattre. En quoi cela pouvait-il l'aide de connaître l’origine et la nature de sa servitude, de savoir ce qui l'obligeait à rendre visite à Mme Legras tous les jours? Elle préférait ne pas s'interroger.
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Des années s’écoulèrent ainsi dans une monotonie profonde. (…) Une distraction était impossible, et, comme si elle obéissait à un ordre tacite, Adrienne en vint peu à peu à disposer de son temps suivant un mode précis et d’une façon aussi rigoureuse que dans un couvent. Elle aussi connut le besoin d’accomplir sa tâche à un instant donné, mais, par une contradiction singulière, cela lui déplaisait, et elle ressemblait à une religieuse qui n’a plus la foi, mais qui conserve pour la règle une espèce d’attachement irrité, parce que c’est la règle qu’elle s’est choisie.
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C'est peut-être la plus grand consolation des opprimés que de se croire supérieurs à leurs tyrans.
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Elle marchait avec lenteur, peu soucieuse de retourner à sa chambre, et, comme elle passait devant un café, un ouvrier en sortit. C’était un jeune homme. Elle eut le temps de voir son visage violemment éclairé par la lumière blafarde, ses yeux dont le blanc brillait, ses joues imberbes, un peu maigres. Il s’arrêta en la voyant et la regarda, les mains aux poches. Elle traversa aussitôt et se mit à marcher un peu plus vite, lorsqu’elle l’entendit venir derrière elle. (…) Un instant, elle eut l’idée d’appeler au secours, mais la crainte du ridicule l’en empêcha. De même, elle n’osait courir ; cela donnerait plus d’audace, peut-être, à cet homme. Elle pressa le pas, fit de grandes enjambées et, au lieu de continuer tout droit jusque sur la place, prit une ruelle, la première qu’elle rencontra à sa droite.
Ce fut là qu’il la rejoignit. Elle se retourna brusquement, le dos au mur et souffla : « Allez-vous- en ! » Mais il se tenait immobile devant elle. Sa casquette posée de côté sur sa tête laissait échapper des cheveux noirs qui luisaient comme du métal. Ses traits étaient fortement marqués, ses yeux noirs autant qu’on pût en juger. Une cravate rouge flottait lâchement autour de son cou dont elle accentuait la blancheur. Il rit à voix basse.
« De quoi avez-vous peur ? » demanda-t-il.
La main d’Adrienne se crispa sur son parapluie. Elle reprit :
« Laissez-moi tranquille, ou j’appelle. »
Le jeune homme la regarda une seconde, puis haussa les épaules.
« Je ne voulais pas vous faire de mal », dit-il.
Et il s’en alla. Elle l’entendit qui s’éloignait en sifflant une valse à la mode. Tout d’abord, elle se félicita de s’être si bien tirée d’affaire, puis brusquement un regret immense l’envahit. Dans sa solitude quelqu’un était venu à elle et elle l’avait repoussé. Etait-ce parce qu’il portait une cotte et qu’il l’avait abordée sans la connaître ? Ah ! qu’est- ce que cela pouvait faire? Elle se souvint de sa voix un peu grave, presque tendre, comme de quelque chose de déjà si loin que jamais elle ne pourrait le retrouver. Si cet homme revenait, elle lui parlerait sûrement, mais reviendrait-il ? Ne l’avait-elle pas découragé ?
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Vous pouvez être heureuse , très heureuse. Ne le voulez-vous pas? Mais, pour cela , il faut que vous compreniez d'abord que la raison est au moins de moitié à tout bonheur vraiment profond et durable.
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Quelle joie trouvait-elle à contempler cette maison banale ? Si encore la personne qui l’habitait avait pu lui venir en aide, mais cette personne ne la connaissait pas. Et puis qu’est-ce que cela voulait dire : venir en aide ? Venir en aide contre qui ? (…) Pourquoi n’était-elle pas heureuse ? Qu’avait-elle donc ? Des larmes montaient à ses yeux. Tout à coup elle se sentit dominée, appelée par quelque chose qu’elle ne connaissait pas. Elle traversa la rue en courant et vint coller ses lèvres au mur du pavillon.
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C'était une femme d'un âge incertain, parce que la maladie semblait l'avoir prématurément vieillie, et l'on eût hésité à lui donner trente-cinq ans. Son grand corps voûté comme celui d'un vieillard ne paraissait pas en état de se soutenir et elle marchait en étendant vers elle sa main droite d'une manière qui faisait songer à une aveugle. La crainte de tomber accusait l'expression naturellement timide du visage, et ses sourcils, sans cesse rapprochés par l'inquiétude et la souffrance, avaient fini par creuser des rides parallèles dans le front.
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Ces meubles qui ne lui étaient pas familiers lui paraissaient étranges dans la lumière indécise de la lampe à l'huile. Il y en avait trop et, par ce qu'ils étaient loués à trop de monde, ils n'avaient l'air d'appartenir à personne.
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