- Et vous êtes qui, déjà ?
- Je m’appelle Catherine. La princesse Catherine, jadis du Brégant et désormais de Pitorie.
- Ah, oui. Faut que je vous fasse la révérence, c’est ça ?
- En théorie, oui. Mais je t’en dispense. Je ne suis moi-même pas vraiment friande de courbettes.
- Et votre père ? C’est le roi du Brégant, alors ?
- En effet.
- Celui qui est cruel, il paraît.
- C’est le surnom qu’on lui donne et la réputation qu’on lui prête.
- Bah. On ne choisit pas sa famille, comme on dit.
— Tu as l’air en meilleure forme, parvint-il à articuler.
— Merci. Cela dit, lors de notre dernière rencontre, j’étais couvert de bleus et de pisse, alors « meilleure forme » est un bel euphémisme pour décrire mon état actuel.
Il existe une sainte trinité qui attire inexorablement les masses. L'ennui, la curiosité et la soif de sang. Et cette dernière est la plus puissante des trois.
Les gens méprisent, rabaissent ou ignorent les femmes.
Mais lorsque je représente mon pays,
je ne suis plus une femme : je suis une nation,
un peuple et une reine.
Je le suis déjà. Je suis venue ici accompagnée de Boris, répliqua Catherine en contenant sa fureur. Je l’ai fait entrer dans le palais royal, lui et ses cinquante assassins. Si le roi meurt, on m’accusera. Les gens penseront que je faisais partie du complot. J’ai eu beau gagner les faveurs de la foule, je les perdrai encore plus vite si la Pitorie entre en guerre contre mon père. Nous devant rejoindre Tzsayn. Il n’y a qu’à ses côtés que nous seront en sécurité.
- Gras cils ? Qu’est-ce que ça veut dire ?
- Gracile. Petite, délicate, gracieuse.
- ah oui, une demi-portion quoi.
Mieux vaut sacrifier un jupon que ta réputation.
On ne peut pas se battre qu'à coups de mots, votre Altesse. Les paroles non suivies d'actions ont cela en commun avec la danse : elles sont belles mais inefficaces.
- C'est incroyable. Stupéfiant. J'ai l'impression que tu as bien perdu une main de haut.
- Ce n'est même pas drôle.
- Tiens, ton sens de l'humour rétrécit, lui aussi, répliqua Gravell [...].
- Va chier.
- Et une certaine régression au niveau du langage, également.
« – Il n’est personne d’autre que j’aime que vous, et jamais je n’en aimerai une autre. »