Une fresque sombre sur la Chine maoïste du XXème où nous découvrons, à travers l'ascension d'un artiste peintre, la misère et l'asservissement du peuple chinois, au nom de la « Grande révolution culturelle prolétarienne ».
Kewei, un jeune paysan issu de la classe des « moyens-riches » de la province du Sichuan, a hérité de son père le don du dessin et parce que la Chine a besoin d'artistes pour diffuser sa propagande révolutionnaire, il est repéré par un garde rouge galeriste, qui le fait entrer à l'école des Beaux Arts de Pékin.
Inconditionnel soutien au régime communiste, l'artiste va devenir un des piliers de la propagande du régime totalitariste de Mao.
Tout m'a révoltée dans ce roman, les dénonciations, les séances collectives d'auto-critique, « l'injustice expéditive » et surtout, la bêtise des propos du manifeste fondateur, le petit livre rouge, dont
Dostoïevski disait qu'il était « la bêtise dans son essence la plus pure ».
Je n'ai pas éprouvé de compassion pour le personnage de Kewei qui, mu par « la rancoeur des déclassés » et se grisant à « l'opium des honneurs », reste prisonnier du carcan maoïste et qui, malgré la modernisation et l'ouverture de son pays, ne s'ouvrira jamais à l'Art, alors que les jeunes artistes, dont son propre fils, se battent pour que « la liberté de penser, soit aussi celle de créer ».
Heureusement il y a Liu le Pinceau, un artiste vagabond insoumis, qui fait de courtes apparitions dans l'histoire et nous laisse, comme un infime sursaut, un petit espoir quant à la grandeur créatrice de l'âme humaine.
C'est un livre sur les artistes sans l'art, sur la peinture sans la poésie, sur la création sans la liberté ; et bien que réaliste, hormis son intérêt historique, il lui manque la profondeur et l'émotion qui en aurait fait un grand roman.