Le premier jour du reste de ma vie

Sachez, mademoiselle, que l'amour n'a pas d'âge. Si j'avais pensé comme vous, j'aurais le cœur bien sec aujourd'hui. Les rides ne sont pas des barrières aux sentiments. J'ai quatre-vingts ans et je me sens comme une midinette dans les bras de Georges.
Le corps change, pas les sentiments.

Son cœur, Marie compte bien le garder pour elle.
La dernière fois qu'elle l'a confié à quelqu'un, il le lui a rendu en mauvais état. Elle en a déduit que les gens ne faisaient pas attention à ce qui ne leur appartenait pas et l'a mis à l'abri dans du papier bulle. On n'a pas besoin d'être deux pour être heureux. Comme si la vie se résumait à ça, comme si le bonheur n'était accessible qu'aux paires. Il y a bien d'autres choses à faire qu'aimer quelqu'un..

Parce que la vie, c'est comme un tour de magie. Quand on est enfant, on ne voit que le devant de la scène. C'est fabuleux, on s'émerveille, on se pose des questions, on a envie d'en savoir plus. Et puis, on grandit. Peu à peu, les coulisses se dévoilent, on réalise que c'est compliqué. C'est moins joli, c'est même parfois moche, on est déçu. Mais on continue quand même à s'émerveiller.

On n'a pas besoin d'être deux pour être heureux. Comme si la vie se résumait à ça, comme si le bonheur n'était accessible qu'aux paires.

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Ensemble, elles ne seront pas plus lucides, sans doute pas plus fortes. Mais, au moins, elles ne seront pas seules.

Quand elle était enfant, elle se demandait pourquoi les adultes disaient "les pauvres" chaque fois qu'ils entendaient les klaxons d'un convoi de mariage. Elle, elle trouvait ça plutôt chouette, tout ce bruyant bonheur. Aujourd'hui, elle réalise avec tristesse que la première pensée qui lui vient à la vue des jeunes mariées, c'est "les pauvres".

Et puis ... et sa fossette ont débarqué. Et le papier bulle dans lequel elle avait enroulé son cœur commence à éclater. p263

- Tu me fais chier. La famille modèle, c'est toi qui l'a bousillée en allant tremper ta queue dans tout ce qui bougeait. Ne cherche pas à me faire culpabiliser, tu n'y arriveras pas. p236

À la deuxième lecture, elle sent la culpabilité l'envahir. Il a l'air terriblement malheureux ; elle ne pensait pas lui faire tant de peine. Ce n'était pas de son but, elle n'a jamais souhaité ça. Elle voulait se sauver, elle, pas le couler lui. Elle aurait peut-être dû être plus patiente, essayer de discuter davantage. p182