Premier pavé intitulé « Liberté » d'une série qui comptera trois volumes atteignant les mille pages. Primé à Angoulême en plein mouvement des « gilets jaunes » : les auteurs ayant pourtant travaillé sur le long terme sollicitent cette proximité que pour ma part me semble parfois abusive, même si rumeurs et manipulations ont eu leur part dans ce basculement vers la démocratie.
Les personnages fictifs ont beau être plus présents que les célébrités qui furent effectivement influentes entre janvier et octobre 1789, ils sont éclairants dans un contexte bouillonnant bien rendu jusque dans ses noirceurs nocturnes, voire lors de séquences quelque peu confuses.
Barnave perd de son importance au moment où
Robespierre apparaît en fin de chapitre.
Ce sont les plus miséreux qui tiennent les premiers rôles et la foule anonyme dont les mouvements sont remarquablement saisis, même si l'ajout de duels à l'épée sacrifie à un genre cinématographique à mon avis désuet, alors que le découpage évoque bien la dynamique du septième art.
Quelques évènements notables se déroulent à l'arrière plan : réunion des Etats-Généraux, nuit du 4 août. Par contre la prise de la Bastille apparait décisive et dans la dynamique de l'insurrection sont réévalués les massacres chez Réveillon dans le faubourg Saint Antoine ou les attaques contre les barrières de l'octroi.
Le soin apporté au langage malgré quelques tournures au goût du jour, restitue les distances : « Bornons-nous à rendre au ministre congédié, dont la perte semble affliger la nation, le tribut d'estime qu'il a mérité » il s'agit de Necker, alors que « Répète un peu ça, four à merde ! Race de pendu ! » s'échange autour d'une charrette transportant de la farine.
Au-delà de la vitalité des mômes expressifs qui traversent l'histoire, la présence d'un journaliste réactionnaire ou le frère jumeau inventé d'un député breton apportent un recul que n'a pas forcément l'historien
Pierre Serna qui conclut en égratignant ceux qui se contentent de « ronronner la énième histoire de la révolution » ; ce n'est effectivement pas le cas avec ce bel ouvrage.
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