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Citations sur La Soif (26)

Je meurs de soif, disait-il, j’ai continuellement soif, Constantin. Mon organisme a besoin de liquide. Ou d’autre chose, je ne sais pas. Tu sais, j’ai grandi dans un endroit où il n’y avait pas d’eau du tout. Ni rivière, ni étang. Je ne me souviens pas de la moindre flaque d’eau. Et il n’y avait pratiquement jamais de pluie. C’est pour ça que, jusqu’à présent, j’ai soif. J’ai toujours une sensation de sécheresse. Donne-moi un verre, là.
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Je me souvenais comment nous allions l'été au soleil, papa, elle et moi ; il avait toujours des shorts blancs qui faisaient ressortir son beau bronzage-il bronzait facilement, uniformément. Il portait une casquette très chic et des lunettes à reflets changeants. Il n'était jamais avec nous sur la couverture. Il allait et venait, restait debout un peu plus loin, jouait au volley. Riait avec des filles bronzées. Tandis que, maman et moi, nous nous tenions à l'abri du soleil sous un parasol.
Elle me disait :"Kostia, tu as la même peau que moi. Avec une peau pareille, on ne peut pas bronzer. On n'a que des taches de rousseur. viens que je te mette de la crème. Sinon tu vas prendre un coup de soleil sur le visage."
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Ce qui me plaisait chez lui, c'est qu'il ne buvait pas sa vodka comme les autres. Mon père restait toujours un long moment debout, son verre de vodka dans une main, un verre d'eau dans l'autre. Il se préparait, se mettait en condition. Puis il avançait ses lèvres en cul-de-poule, fermait les yeux à demi, et ingurgitait lentement.
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Que reste-t-il de l'enfance ? Des rêves dans lesquels on s'approche de la première maison où l'on a vécu, et dont on essaye d'ouvrir la porte, alors qu'on sait qu'il n'y a plus personne ? Et comme on est encore tout petit, on n'arrive pas à atteindre la poignée. Des odeurs ?
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Les parents ont été autorisés à venir s’installer à la périphérie de Moscou. En échange d’un petit emploi à l’usine d’automobiles Lénine, ou dans un petit atelier de réparation de postes de radio. Il y a de ça vingt ans. Dans les lettres aux parents, on a écrit qu’on est maintenant moscovites ! On s’est fait plaisir rien que de l’écrire. C’est d’ailleurs par ça qu’on a commencé la lettre. Mais pas question de les inviter à venir voir le fiston. Parce qu’on vit dans un foyer d’ouvriers.
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Est-ce que tu as déjà vu comment tombe un rai de lumière dans une pièce sombre, par une porte entrouverte ? Au départ, il est tout étroit, et puis il s'élargit. C'est exactement la même chose pour l'être humain. D'abord il est seul, puis il se retrouve avec deux enfants, et ensuite avec quatre petits- enfants. Tu comprends ? L'homme s'élargit, comme un rayon de lumière. A l'infini. Tu as compris ?
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Quand j'étais petit maman disait : " Il a disparu corps et âme. " Lorsqu'elle attendait le soir le retour de mon père. L’œil rivé à la fenêtre. C'était avant qu'il nous quitte complètement. Et moi je disais : " Corps et larmes ", et elle riait. Puis se remettait à regarder par la fenêtre.
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Après j’ai commencé à rêver et j’ai eu peur de mes rêves. Parce que les souvenirs me revenaient. Je revoyais tout.

- Putain, il est vivant ! Il est vivant ! criait Guéna. Tire-le de là ! Il va cramer !
- Y a toute une grappe de ces putains de snipers autour ! C’était la voix de Sériola. Je vais plus pouvoir y aller !
- Rampe […]
- Kostia ! Kostia ! crie-t-il. Tu es vivant ? Tu m’entends ?

J’ouvre la bouche. Sur le visage de Pacha – une expression d’horreur. Il éteint le feu sur moi à mains nues. Je veux fermer les yeux, mais je n’ai plus de paupières. Elles ont brûlé.

- On va te sortir de là tout de suite !

Le capitaine court chercher les nôtres. L’adjudant Démidov a été tué. Nom de Dieu ! Tu es complètement brûlé ! Je croyais que tu étais mort ! Kostia, pardonne-moi ! Kostia ! Je croyais que tu étais mort !
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Nous roulions chaque jour. Nous sommes allés à Tver, à Kalouga. Nous sommes allés à Vladimir.
Nous avons fait cinq villes en une semaine. Je dormais à Friazino, tantôt chez Guena, tantôt chez Pacha, et le matin nous remontions en jeep et nous allions voir l'un ou l'autre des gars avec qui nous avions fait notre service militaire en Tchétchénie. On buvait de la vodka, on parlait, on se rappelait la guerre, on se racontait des histoires de famille. Je disais parfois que je sortais fumer, et je restais longtemps debout dans un coin de l'entrée, grelottant de froid et exhalant dans l'air sombre une vapeur transparente. Les cinq premières minutes pour me calmer, et ensuite pour dessiner dans ma tête ce que le destin leur avait enlevé ou ne leur avait pas accordé.
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Je disais parfois que je sortais fumer, et je restais longtemps debout dans un coin de l'entrée, grelottant de froid et exhalant dans l'air sombre une vapeur transparente. Les cinq premières minutes pour me calmer, et ensuite pour dessiner dans ma tête ce que le destin leur avait enlevé ou ne leur avait pas accordé .
Á l'un, je dessinais une jambe, á un autre - une femme. Á un troisième ses amis qui avaient été tués. Á un quatrième, je faisais un enfant en bonne santé. Á tous ces homes je donnais de la vigueur, á leurs femmes de la beauté, á leurs enfants de la drôlerie. Je dessinais ce qu'ils n'avaient pas. Je n'y serais pas arrivé aussi bien avec des crayons.
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